Guinée : de nouveaux billets pour atténuer la pénurie de cash

La Banque centrale de la République de Guinée (BCRG) a annoncé, le dimanche 31 août 2025, la livraison d’un lot de nouveaux billets de banque, afin d’atténuer la tension actuelle en liquidité qui touche les ménages et les opérateurs économiques.

La décision fait suite à une commande urgente initiée par l’institution monétaire, afin de répondre à la demande immédiate en numéraire. Toutefois, elle précise que cette mesure, bien qu’utile, ne constitue pas une solution définitive. Selon ses responsables, la difficulté ne provient pas d’un manque de production de billets mais d’un problème de circulation monétaire. Autrement dit, même si davantage de billets sont mis en circulation, leur disponibilité restera limitée tant que les espèces ne retournent pas dans le système bancaire.

Une stratégie plus large pour résoudre la crise

Parallèlement à l’émission de nouveaux billets, la BCRG dit travailler à une stratégie globale. Cette démarche repose sur plusieurs axes : renforcer la bancarisation pour inciter les citoyens à déposer leur argent dans les banques, encourager les paiements électroniques afin de réduire la dépendance au cash et améliorer la confiance des usagers dans le système bancaire grâce à des réformes réglementaires. La BCRG souligne aussi la nécessité de coopérer avec l’ensemble des acteurs financiers pour accélérer la digitalisation des paiements. L’objectif est de rendre les transactions électroniques plus accessibles et moins coûteuses, notamment pour les particuliers et les petites entreprises qui continuent de privilégier l’usage des espèces.

Le poids de l’économie informelle

Les statistiques de la Banque centrale révèlent qu’environ 94 % des billets émis en Guinée ne retournent pas dans les banques. Ils sont conservés par des particuliers ou circulent dans l’économie informelle. Cette situation réduit la disponibilité de cash dans les guichets, même lorsque des volumes importants de billets sont injectés. Ce phénomène accroît la pression sur la liquidité et limite la capacité des banques à financer l’économie.

En 2024, par exemple, les crédits accordés au secteur privé représentaient moins de 12 % du produit intérieur brut (PIB) guinéen, un niveau inférieur à la moyenne régionale d’Afrique de l’Ouest, estimée autour de 25 %. La Banque centrale insiste donc sur la responsabilité collective dans la résolution durable de la crise de cash. Elle appelle les citoyens à déposer davantage de liquidité dans le circuit bancaire, les opérateurs économiques à adopter progressivement les solutions digitales et les banques à renforcer la confiance des clients.

Chamberline Moko

Edité par M.F. Vahid Codjia

Source: Agence Ecofin