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GUINÉE-ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE 2010 : ENTRE RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR ET SOCIAL-DÉMOCRATIE LIBÉRALE

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On s’est beaucoup ému des péripéties des élections présidentielles en Guinée. Malheureusement, les passions ont empêché les uns et les autres d’en apprécier les acquis. Peut-être, parce qu’on ne veut plus apprendre ou que l’on croit que l’apprentissage se limite à l’acquisition de diplômes, la gestion d’une compagnie ou d’un département ministériel ou d’une primature …

La pire des attitudes actuelles est l’attitude belliqueuse des uns et des autres en prévision des résultats du second tour des élections présidentielles guinéennes. Pourtant, dans la sphère politique, l’une des premières choses à apprendre et à accepter c’est le changement permanent. En l’occurrence, les revirements de dernières heures, voire de dernières minutes. De peur du lendemain des élections, on reporte, on reporte, on reporte la date. Pourtant, ce ne serait l’hallali pour personne. La Démocratie exige l’alternance. Il suffit de respecter la volonté populaire, d’où et de quelques manières elle s’exprime.

C’est pourquoi, le verset numéro un du bréviaire de la Démocratie dit : « Tais-toi quand le peuple s’exprime et respecte ses choix. Malgré toi, « tu es la partie et le contenu du peuple ». Alors respecte-le. »

Nonobstant la « guerre » des tranchées, il y a lieu de se réjouir si on occulte les positions partisanes pour lire entre les lignes. Sur les dernières marches conduisant à la direction de l’Exécutif, qu’avons-nous sur le terrain ?

Des alliances ! Et voilà le travail. Il se fait.

Nous n’avons plus vraiment sur la feuille de route deux noms que sont Alpha Condé du Rpg et Cellou Dalein Diallo de l’Ufdg. Ils se diluent, désormais, dans des alliances à composantes diversifiées. Respectivement, l’Alliance « arc-en-ciel » et l’alliance ou «Alliance Cellou Dalein président. »

Au sein de ces alliances, à égal et légitime objectifs, des dizaines de formations politiques, hier individualisées. Elles regroupent des leadeurs politiques, hier candidats à la présidence de la République et des personnalités guinéennes controversées ou non de la vie nationale guinéenne. Ainsi, se côtoient et travaillent, ensemble, des hommes qui, dans un passé très récents, étaient considérés être aux antipodes des uns et des autres.

Le verset numéro 2 du bréviaire de la Démocratie dit : « Tu ne diviseras point ton peuple. La majorité doit être une majorité à plusieurs variables. C’est sa richesse et sa force. La variable unique est une constante qui s’annule à la longue. Croyant démocrate le zéro unique et isolé ne te profitera jamais. »

La théorie d’exclusion du Guinéen de l’extérieur par rapport au Guinéen de l’intérieur autant que la dénonciation du fonctionnaire guinéen corrompu, sont relégués au dernier plan. Une avancée, à la fois, rassurante et inquiétante.

L’inquiétude : N’y aurait-il aucune idéologie qui sert d’orientation aux agissements partisans qui, un moment, ont mis en facteur exponentielle élevé l’ethnie et la région ? Les discours politiques qui s’adressent aux populations expriment, en résumé, le désir des leadeurs politiques de sortir la Guinée de ses cinquante années de récession économique et de l’exacerbation des crises sociales engendrées au cours des dernières décennies.

Mais comment vont-ils faire pour réussir ? Il va falloir les aider à se définir des labels qui orientent en souhaitant que les idéologies qui en découlent remplacent les tendances d’exclusion sociale à travers les ethnies.

La Guinée est à un point de non retour. Elle doit conclure sa transition démocratique. Les populations devront faire le choix entre deux tendances. Aucune d’elles n’a germé ex nihilo. Chacune est formée suivant une idéologie et des principes dirigeants qui la distinguent de l’autre. Une lecture entre les lignes des discours et surtout l’analyse des hommes, de leurs compétences socioprofessionnelles, de leurs déclarations éparses, au cours des interviews, ainsi que de leurs partenariats occultes ou non, permettent de faire des nominations distinctives de principe.

Alliance républicaine conservatrice : Le changement républicain dans la continuité

Ici, on ne s’oppose pas à la continuité de la République malgré ses bilans désastreux. C’est la tendance formée autour de Cellou Dalein Diallo. Visiblement une tendance corrective si l’on considère que le candidat a servi plus de dix ans dans une administration responsable de la situation déplorable de l’économie guinéenne. Et lui-même, et son principal partenaire, Sidya Touré, ont été successivement Premiers ministres sous le Général Lansana Conté. Que pourront-ils apporter de nouveau à la Guinée ?

Ils peuvent faire des corrections salvatrices sur les gestions antérieures à travers un nouveau projet de société axé sur la bonne gouvernance. Ainsi, l’alliance autour de l’Ufdg lui confère, désormais, la tendance du changement dans la continuité. Examen. Deux anciens Premiers ministres du régime précédent qui gèrent ensemble augurent d’une recherche de rédemption. Elle vise des exercices non accomplis, quand, aux affaires publiques, ils avaient les mains liées. Attitude louable tant qu’elle reste foncièrement nationaliste et axée sur l’intérêt des populations.

Les changements porteront notablement sur une économie apurée, au sens technique du terme, qui serait capable de soutenir la comparaison. Un tel choix s’impose aux hommes en question en fonction de leur domaine de compétences. Les lettres de mission par lesquelles ils ont exercé leurs fonctions respectives et acquis leurs expériences de gestion, les y cantonnent. Ils sont politiciens et hommes d’affaires. Leurs formations académiques respectives sont reliées à l’économie, aux finances et au commerce. Tandis que leurs vies politiques dépendent fortement des milieux d’affaires en Guinée et ailleurs.

Enfin, ils doivent montrer que sans entrave, ils peuvent mieux faire pour l’économie nationale du pays. Avec Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré ainsi que la plupart de leurs alliés, se dessine une Alliance républicaine conservatrice qui ne peut renier le passé. Leurs acquis comme leadeurs et gestionnaires, en dépendent fortement. Au pouvoir ou dans l’opposition ils prôneraient, malgré tout, des principes républicains du « moindre État » qui impliquent et privilégient le développement de l’investissement et du secteur privé, la recherche de la maitrise des équilibres budgétaires et macroéconomiques. De facto et de jure un libéralisme qui, au social, promeut l’individu par rapport à la collectivité … La gestion économétrique adjacente serait très souvent en butte avec les considérations sociales et socioprofessionnelles. L’ouverture aux crises sociales ? Pourtant, cette gestion déboucherait sur un abondant marché de travail mais fondé, uniquement, sur la compétence technique…

L’Alliance social–démocrate libérale : Le changement radical

Le leadeur du Rpg, représente en soi la tendance du changement radical qui vise à balayer sur son passage tout ce qui a nuit au pays. C’est une nouveauté qui suscite l’angoisse de l’inconnu mais aussi le rejet d’une éventuelle nouvelle Révolution populaire. Un sentiment, aujourd’hui, grandement ramolli par la composition de l’alliance formée autour de lui. En effet, l’on reproche à Alpha Condé de n’avoir jamais géré une parcelle de responsabilité en Guinée.

Outre qu’il a su gérer pendant près de 20 ans un parti politique, une pléiade d’anciens hauts fonctionnaires des gouvernements successifs et de l’État guinéens se sont associés à sa course pour la présidence de la République. Avec ces anciens ministres et anciens Premiers ministres du Général Lansana Conté, la crainte du nubile des dossiers administratifs guinéens s’efface. Mais à cause d’eux, également, on s’interroge sur l’intégrité des capacités du Pr. Alpha Condé à imposer, après les élections, un véritable changement radical.

L’Alliance Arc-en-ciel porte en elle les idéaux et principes de la social-démocratie libérale. Cela serait dû au parcours du leadeur, le professeur Alpha Condé, dans un militantisme socialiste en son temps. Il n’y a, cependant, pas lieu de s’en effrayer. Les facteurs de l’avancée communiste du socialisme sont, économiquement, détruites. Il reste la social-démocratie libérale qui adopte et intègre les lois et règles du libéralisme économique. En somme son mode de production.

Formé en Droits, le professeur Alpha Condé peut subir l’emprise d’une social-démocratie libérale reposant au prime abord sur la justice sociale, et la promotion des droits de l’homme intégré aux droits de la société. L’objectif est de consolider une économie de type libéral et capitaliste qui soutiendrait le social. Il va sans dire que les hommes politiques qui l’entourent dans cette alliance ont fait le choix de suivre cette voie pour diverses raisons. L’une d’elles est qu’ils ont tous connu la pratique d’un régime collectiviste. Bien que cette dernière ait pris tour à tour des accents socialistes unitariste et paradoxalement capitalistiques, dans une perspective de mobilisation populaire autour d’idéaux communautariste aux intonations culturelles traditionnelles. Complexe. Là aussi, on peut corriger.

Ainsi donc, La social-démocratie libérale en gestation mettrait l’accent sur la réorganisation du système de l’éducation, de la santé pour une santé pour tous, de la promotion des femmes et des jeunes pour le développement de la masse critique des travailleurs dans l’égalité sociale, de la culture, de l’habitat, comme priorités d’une rectification économique. La mise en avant du développement agricole visant l’autosuffisance alimentaire dans ce processus contient en soi-même une stratégie de développement économique social dans un pays où 90% de la population vivent du secteur agricole.

En résumé, il en découle une volonté de défendre les droits individuels autant que sont respectés ceux des communautés, ceux des populations, ceux des corpus socioprofessionnels agricoles autant que des syndicats de ville, de la société civile, globalement prises en compte.

Pourtant dans la gestion de l’économie nationale cette social-démocratie libérale est obligée de faire avec les principes du développement du secteur privé alors que les Conservateurs républicains devront tenir compte de l’économie du social. À ces niveaux, qu’elles le veuillent ou pas, les visions et pratiques des deux alliances se rejoindront.

Les scénarios de la praxis politicienne guinéenne

Ces thèses et antithèses idéologiques sont celles souhaitées dans le débat démocratique de la transition guinéenne. Elles seraient reliées à l’un ou l’autre des gouvernements issus des élections présidentielles. Dans ce contexte il y a tout de même, sous couvert et en présence, l’exécution des fameux scénarios-modules ethno-régionalistes. Il est difficile de les ignorer. On y revient, sachant que les électeurs n’ont, en réalité, consommé aucun programme politique. Ici, ce n’est qu’un rappel pour cerner le processus dans sa totalité.

Le module d’une victoire à partir des 43% de Cellou Dalein Diallo, issus majoritairement d’une région géopolitique du pays, donnerait une grande leçon à apprendre. La leçon qui enseigne la manière de faire respecter une consigne de vote avec une rigoureuse discipline communautaire. Si, et seulement si, les menaces et intimidations sont exclues. Une telle approche politique est axée sur l’information ou la désinformation pertinente qui a le pouvoir de rallier au soutien d’une cause réelle ou non. Cette dernière, en définitive, devient « la cause » qui absorbe les autres causes mal définies et en mal d’organisation.

Le module qui peut annihiler les 43 % de Cellou Dalein Diallo au second tour, c’est théoriquement la réunion de trois des quatre régions géopolitiques à travers l’alliance des partis politiques. En vérité ce serait, politiquement salvateur pour le pays dans la mesure où il est certain qu’il va réduire l’ethnostratégie politique à sa plus petite expression.

Le dernier module du « on reste, faute de mieux » est la sensation diffuse ressentie chaque fois que le Général Sékouba Konaté démet ou nomme au sein de l’administration nationale. On a l’impression qu’il croit en une transition illimitée au cours de laquelle il récompense et punit au gré de sa volonté ou place des pions sur le futur échiquier politico-administratif.

Pour être le héro prétendu, le président de la transition ne doit pas oublier qu’il exécute une lettre de mission, peut-être non écrite et officiellement publiée dans le journal officiel de la République, mais suivie et évaluée. L’éviction de Dadis est un hadith, un mode d’emploi, qui sanctionne les velléités de confiscation du pouvoir dans ce monde de plus en plus global.

Il provient du verset numéro trois du bréviaire de la Démocratie qui impose : « Tu ne t’imposeras point à ton peuple par des voies malséantes et ténébreuses. Ta force ne se consolidera que par la légalité partagée et acceptée par tous. Tu n’usurperas point la position du Messager. Assures-toi d’être le choix du peuple.»

Le troisième président élu de la République de Guinée doit accepter l’impérialisme de la bonne gouvernance que le bréviaire de la Démocratie enseigne en tout temps et en tout lieu.

Pour la sauvegarde de l’histoire, paraphrasons sans crainte le premier président élu de la république de Guinée, le tyran ou le responsable suprême de la Révolution (l’épithète importe peu. Il fut.), pour dire que «chacun peut faire un peu pour son peuple qui est la chaine dont l’homme n’est qu’un maillon. » Que cela soit écrit et accompli.

O. Tity Faye

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