On se disait alors que les violons avaient été accordés, puisque, par la suite, il y a eu un tête-à-tête entre les deux prétendants qui, avec des trémolos dans la voix, ont promis chacun de jouer le jeu, entre autres, d’un gouvernement d’union nationale quel que soit le vainqueur, d’appeler leurs troupes respectives à une campagne pacifique, et surtout d’appeler à accepter avec fair-play le verdict des urnes.
Mais, comme d’habitude, il fallait être prudent, sinon sceptique avec ces hommes politiques guinéens, qui nous ont habitués à déchirer les textes de leur accord sitôt signés. Et on n’avait pas tort d’être dubitatifs, car les vielles rengaines ont ressurgi, notamment avec les récriminations du candidat de l’UFDG contre le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) de son pays.
Un pas en avant, deux pas en arrière, et on ne recule même pas pour mieux sauter ; à ce rythme, il faut craindre que le syndrome ivoirien contamine la Guinée vu que c’est ce pas de danse « avancer-reculer », qui a cartonné aussi bien que le « coupé-décalé » sur les bords de la lagune Ebrié, qui a valu au Président Laurent Gbagbo deux mandats pour le prix d’un et qui a fait que, de reports en report, on en vienne à espérer une date fétiche, celle du 31 octobre prochain.
Si à 10 jours du scrutin, on en est encore à se tirailler sur le président de la CENI, on peut légitimement se demander quand est-ce qu’on va s’asseoir pour organiser, alors que, justement, on ne cesse de dire qu’il y a eu tellement d’irrégularités et tellement de désordre qu’il faut s’atteler à les corriger. Depuis pratiquement un mois, les membres de la CENI ne travaillent pas.
Entre les jugements de ses deux premiers responsables, le décès de son ancien président, Sékou Ben Sylla, et la nomination, sujette à caution, de son actuel président, Louncény Camara, ils ne font que patauger dans la boue.
Que Cellou Dalein Diallo ait des réserves, on peut aisément le comprendre parce que les enjeux du second tour sont tels que personne ne veut prendre le moindre risque. En attendant, le défunt président de la CENI était suspecté de rouler pour la même UFDG, mais cela n’a pas empêché le premier tour de se tenir. Maintenant que ce sont eux qui suspectent le nouveau d’être du côté du RPG, on se braque. Non, un peu de sérieux, à un moment donné, il faut arrêter.
Lui-même Cellou, dans sa position de superfavori avec ses 44% au 1er tour, devait être quand même bon prince. Dans tous les cas, si la Commission électorale est très bien représentée, comment le président, à lui seul, peut faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre ? Il ne travaille tout de même pas seul, à moins de vouloir nous faire croire que tous les membres roulent pour un seul camp.
« Guinée : le président de la CENI devant la justice : Les deux challengeurs face à leurs responsabilités », titrions-nous justement notre Grille de lecture du vendredi 08 au dimanche 10 octobre 2010, où nous rappelions aux deux prétendants à la magistrature suprême dans le pays de Sékou Touré que c’est à eux de faire la preuve qu’ils ont l’envergure d’homme d’Etat, car « un présidentiable, ça avale aussi des couleuvres pour le bien de la Nation ». Après 50 ans dans le noir, les Guinéens sont proches du bout du tunnel. Alors, messieurs, ne retardez pas leur marche avec vos ergotages.
L’Observateur Paalga
Hyacinthe Sanou