Guinée : La malédiction ne lâche pas prise

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Ben Sékou Sylla, le président de la commission électorale nationale indépendante (Ceni) guinéenne est mort ce mardi 14 septembre 2010 à l’hôpital Saint-Louis de Paris, des suites d’une longue maladie. C’est son épouse, Mme Siré Keïta Sylla qui a annoncé la triste nouvelle. Est-ce une malédiction qui poursuit la Guinée ? C’est difficile de répondre par la négative à cette interrogation, tant les mauvais signaux se bousculent, dans un ciel sociopolitique guinéen chargé de nuages annonciateurs d’une tempête, qui, si l’on n’y prend garde, pourrait être pire que le mort et la trentaine de blessés enregistrés le week end dernier, suite à des échauffourées de militants.

Visiblement, Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo ne sont pas près de mener une véritable campagne apaisée pour déboucher sur le second tour de cette présidentielle déclarée trop tôt comme historique. Ou alors, elle pourrait bien rentrer dans l’histoire, mais de façon catastrophique. Et comme si l’entêtement de ces deux adversaires, pour ne pas dire ennemis politiques ne suffisait pas, c’est la nature qui y va de ses caprices, par le biais de ce décès de Ben Sékou Sylla qui tombe, on ne peut plus mal. Certes, l’homme était malade et se faisait soigner depuis de longs mois. Mais sa condamnation pour fraude électorale par le tribunal de Dixinn, dans la banlieue de Conakry n’a-t-elle pas été le coup de grâce qui a précipité dans l’au-delà le désormais ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) ? Mystère.

Une chose est certaine, cette disparition et la suspension de la campagne électorale, ajoutées à l’esprit vindicatif affiché par les deux candidats au second tour n’augurent pas de lendemains paisibles pour la Guinée, qu’on croyait sortir cette fois-ci de l’auberge. Quid de la facilitation burkinabè dans cette crise guinéenne aux soubresauts incontrôlables ?

Quoiqu’adulé pour son implication dans la résolution des conflits politico-militaires qui plombent certains Etats du continent, le président burkinabè, Blaise Compaoré, n’a pas moins de souci à se faire quant à l’aboutissement effectif de ses médiations et facilitations. Les dérives de la campagne pour le deuxième tour de la présidentielle guinéenne doivent l’attrister. Lui qui, voyant venir les choses, avait reçu les deux candidats à Ouagadougou, où ils ont signé un protocole d’accord en vue d’éviter tout dérapage.

Mais, la prévoyance du président Compaoré n’a réussi à éviter les violences intervenues le week-end dernier à Conakry. Et surtout la condamnation, à une peine d’emprisonnement ferme, du président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

Comme on peut le voir, le chemin qui mène à la sortie de crise en Guinée est encore semé d’embuches. L’ambiance délétère qui prévaut en ce moment, à la veille du scrutin du 19 septembre 2010-cette date tiendra-t-elle encore ?- achève de convaincre qu’il suffit d’une étincelle pour que le pays bascule. Tout porte à croire qu’il ne suffit pas d’amener les protagonistes de la crise à signer des accords, aussi solennels soient-ils. Il faut d’abord arriver à désarmer les esprits des leaders et de leurs partisans.

La disponibilité du président Compaoré est incontestable. Mais la solution aux problèmes togolais, ivoirien et guinéen va bien au-delà de simples dialogues (directs ou indirects) ou d’accords. Il faut démystifier (ou démythifier, c’est selon) le pouvoir dans chacun de ces pays africains, où les populations ont visiblement marre de payer le plus lourd tribut aux conflits inutiles et interminables.

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