Guinée: Malado Kaba reconduit à la tête du Conseil d’administration d’Orabank Guinée

Maladho kabaA l’issue de l’Assemblée annuelle de ses actionnaires, tenue en mars 2021, Orabank Guinée, filiale du Groupe Orabank, a reconduit Malado Kaba à la tête de son Conseil d’administration. Cette confiance renouvelée trouve un écho particulier alors qu’ONU Femmes a cette année choisi pour thème de la Journée internationale des droits des femmes, celui du «leadership féminin pour un futur égalitaire dans un monde de covid».

 

Pour la première femme à occuper le poste de Ministre de l’économie et des finances de Guinée entre 2016 et 2018, cela tombe à point nommé. Car, même s’il y a des avancées en termes de participation accrue des femmes dans de nombreux secteurs, les postes de décision leur sont encore peu ouverts. Les femmes restent encore cantonnées dans des tâches d’exécution et dans des secteurs bien spécifiques tels que l’éducation ou la santé. Or, selon Malado : « il est important que nos sœurs sachent que tous les champs leur sont ouverts. Les conseils d’administration, comme tant d’autres domaines, restent un milieu feutré où le boy’s club s’y trouve calfeutré. En effet, en Afrique, seulement 14% des membres de Conseils d’administration (CA) de groupes africains étaient des femmes, contre 18% en Europe, et 10% en Asie.

En Afrique de l’Ouest, 11% des membres de CA d’entreprises privées sont des femmes, comparé à 20% en Afrique australe. Pourtant, les avantages à promouvoir une plus grande diversité en genre sont connus. Mais il faut faire un lobbying pour sensibiliser et rappeler très souvent ce que sont ces avantages, car la répétition est pédagogique. Les conseils d’administration sont l’un des centres névralgiques d’organisations tant privées que publiques. Leurs administrateurs doivent donc refléter nos populations et y inclure des femmes, des jeunes et des hommes. La diversité en genre (et en âge) permet de prendre en compte les besoins de toutes les couches de la société et donc de trouver de meilleures solutions, plus inclusives et surtout d’obtenir un meilleur impact. En considérant les perspectives féminines aux problèmes, on améliore les solutions qu’on peut y apporter en ayant un plus large éventail d’options. Par ailleurs, promouvoir l’égalité en genre est une nécessité impérieuse pour les entreprises et les pays qui veulent être compétitifs et performants. Ils se doivent donc d’attirer et retenir un pool de talent large et diversifié composé de femmes et d’hommes. Se priver de cette diversité s’avère tout aussi inefficace que dangereux. Malado Kaba se remémore son parcours pour décrocher son premier poste en tant qu’administrateur indépendant il y a 3 ans. « L’idée m’avait été soufflée par un ami. J’avoue que ne j’y avais pas songé, même s’il est vrai que j’en entendais parler dans mon milieu professionnel». Lorsque je m’y suis intéressée, je me suis d’abord demandé le type de compétence que cela requérait. Et de fil en aiguille, j’ai monté ma stratégie ».

Pour y arriver elle s’est abondamment documentée et est rapidement passée à l’action. En huit mois seulement, elle a réussi à décrocher son premier poste au sein d’une organisation non gouvernementale basée aux Etats-Unis. Puis ce fut le poste d’administrateur indépendant au sein d’Orabank Guinée. Elle tient à préciser qu’il faut être accompagné. Cet accompagnement, elle l’a trouvé avec un réseau qui promeut la diversité en genre dans les CA en Afrique où elle y a suivi une formation intensive qui lui a permis d’obtenir son certificat en administration des sociétés et continue de bénéficier de soutien (mentorat et échanges avec d’autres membres du réseau). Cependant il faut plus de transparence sur les postes vacants, car leur publication reste encore trop limitée, et le réseau joue un rôle très important dans l’identification d’administrateurs pour les CA. D’après Malado : « « c’est sans doute cela qu’il faut changer. Comme dans beaucoup d’autres secteurs, il nous faut également avoir plus d’audace, de volonté et de persévérance pour bousculer le statut quo, changer les mentalités et parvenir à la parité en genre ».

Tout en insistant sur le fait que les hommes font partie de la solution. Dans sa démarche de promotion de diversité en genre, l’ancienne Ministre cherche également à identifier d’autres femmes intéressées par ces postes en Guinée. A travers une base de données, elle recueille les profils de femmes qui aimeraient ajouter une corde à leur arc professionnel. Car ce sont des opportunités d’enrichissement professionnel et personnel unique qui façonnent aussi le leadership et prépare pour d’autres rôles. Aujourd’hui, elle promeut à son tour les femmes à travers les annonces qu’elle reçoit. Une belle façon de tirer ses sœurs vers d’autres sommets, car la place des femmes est aussi bel et bien dans les conseils d’administration !

Par Albert Savana

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