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Halte à la surenchère politique

Sans titre 105

La victoire du Prof-Prési dès le premier tour de l’élection présidentielle se dessine très nettement au regard des résultats partiels proclamés par la CENI. De guerre lasse, les deux ténors de l’opposition guinéenne Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré, respectivement pressentis 2ème et 3ème selon ces mêmes résultats, ont décidé de se retirer du processus au motif que l’élection est entachée d’irrégularités et de fraudes massives qui entament sa crédibilité et exigent de ce fait, son annulation pure et simple, tout en menaçant de faire recours à la rue pour trouver réponse à leurs désidératas.

 A quoi pourrait-on s’attendre encore de leur part ? Boycott de l’Assemblée nationale, appels à la désobéissance civile ou à l’insurrection populaire …. ? Il est à parier que pour nombre de guinéens, cette logique de la confrontation n’est ni souhaitable, ni soutenable, quand on en connait les précédentes conséquences fâcheuses.

La mouvance présidentielle elle, se satisfait tout naturellement du déroulement régulier de la bataille, qui confirme le succès de son champion dans la logique du fameux slogan de campagne "un coup chaos".

Les observateurs de la communauté internationale (CEDEAO, Union Africaine, l’Union Européenne, la Francophonie et les Nations Unies), se félicitent quant à eux, du climat apaisé et serein qui a marqué le scrutin et estiment que les irrégularités constatées lors de son déroulement, à cause notamment des dysfonctionnements liés à l’organisation matérielle, ne sont pas de nature à mettre en cause la crédibilité du processus dans son ensemble. Soucieux surtout de la préservation de la stabilité politique et sociale dans le pays, ils en appellent à juste titre d’ailleurs, à la responsabilité des différents acteurs politiques, pour privilégier le règlement du contentieux électoral au niveau des juridictions compétentes, en l’occurrence la cour constitutionnelle.

Dans cette situation politique et sociale pour le moins ambiguë, l’enthousiasme et les espoirs de la population guinéenne, qui a accordé un intérêt certain à ce scrutin, en témoigne le taux de participation estimé à environ 75%, laissent place à l’angoisse et à la peur du lendemain, face aux risques de violences post-électorales.

Il parait néanmoins évident que la cour constitutionnelle sensée apprécier les résultats de cette élection, finisse par les valider sans coup férir, quoi qu’elle puisse éventuellement tenir compte des recours des candidats par rapport au contentieux électoral.

Aujourd’hui, si on peut bien comprendre le combat des opposants, dont les revendications légitimes visent idéalement à assoir les bases d’un Etat de droit respectueux des libertés individuelles et collectives, il est aussi à admettre, que le pouvoir en place a des raisons valables de se maintenir, pour consolider les acquis démocratiques aussi maigres soient-ils et donner par la même occasion, l’opportunité au Prof-Prési, de parachever son œuvre de construction, dans la limite temporelle définit par la constitution guinéenne.

Il y’a lieu de reconnaître que l’opposition guinéenne qui voulait incarner l’alternative, en allant à cette élection en rangs dispersés, ne s’est en toute vraisemblance pas donner les moyens de ses ambitions, car elle a laissé des brèches ouvertes à l’adversaire, victime de la guerre des égos de ses principaux leaders et les déchirures internes qui en ont découlées, ont fini par l’empêcher de mutualiser ses forces, face à un pouvoir parti très tôt en campagne avant l’heure et surtout fort du soutien des organes étatiques (moyens humains, matériels et financiers). A propos, il ne faut d’ailleurs pas se leurrer, car même s’il avait été question d’une hypothétique candidature unique au sein de l’opposition, l’issue de cette élection, tel qu’a été piloté le processus de bout en bout, ne pouvait être autre que la victoire du Prof-Prési, qui en fin politicien, a su en être à la fois partie et maître des règles d’un jeu de dupes, où les dés sont pipés.

En définitive chers politiques, quoi qui advienne, ayez simplement à l’idée qu’entre revendications, manifestations, répression, dialogue politique, pseudo consensus au détriment de l’application stricte des textes réglementaires et dont le non-respect des termes de l’entente crée de nouveaux désaccords, nous condamnant ainsi à un perpétuel recommencement, les guinéens sont fatigués de vivre en permanence dans ce climat de tension, de haine et de division que vous entretenez à dessein, pour la conquête et/ou l’exercice du pouvoir.

Il est grand temps d’en finir avec ce cercle vicieux de défiance et de violence, afin que notre beau pays puisse enfin se mettre sur les rails du progrès économique et social, par le renforcement des capacités institutionnelles et le perfectionnement de l’administration publique, pour garantir à tous la sécurité et la justice, synonyme de paix durable et de cohésion sociale.

La Guinée Conakry, n’est pas la Guinée Equatoriale, pays qui peut se donner le luxe de se passer de l’aide des institutions financières internationales, à cause notamment de la manne financière qu’elle tire de l’exploitation du pétrole.

Le moins qu’on puisse dire est que notre cher pays dont est si fier, malgré ses potentialités diverses et variées, est malheureusement englué et empêtré, dans un état de pauvreté spirituelle et matérielle extrême, à la limite du scandale et l’Etat-Providence, manque cruellement de ressources financières. Il suffit de voir en détails, la quote part du budget national de développement dans le financement des projets de construction d’infrastructures et la faiblesse du taux de croissance économique réalisé ces dernières années (l’un des plus faibles de la sous-région) pour s’en convaincre. Si l’épidémie d’Ebola peut en être une des causes principales, il faut aussi reconnaître que les troubles sociaux et les violences, n’ont pas permis de créer un environnement attractif favorable aux investissements étrangers. En tous les cas, la forte dépendance de notre pays des subsides de la communauté internationale (aides publiques au développement) nous contraint à nous conformer aux exigences de paix et de stabilité politique, principal gage du progrès économique.

Chers politiques, entendez-vous donc au nom de l’intérêt national, en admettant que la démocratie est en construction dans notre pays, avec les insuffisances inhérentes à tout processus en gestation. Il faut donc être réalistes et ne pas s’attendre à des miracles.

Dans l’éventualité de la normalisation de la situation socio-politique, pour la majorité des guinéens, il ne pourrait y en être autrement, espérons que le Prof-Prési mette à profit son prochain quinquennat qui se profile à l’horizon, pour calmer au mieux les esprits pour le moins surchauffés, en opérant ne serait-ce que de façon symbolique, une ouverture politique à l’endroit de l’opposition qui au-delà de ses leaders, regorge sans nul doute, de cadres valeureux, capables d’apporter leurs pierres à la construction de l’édifice national et favoriser ainsi, l’adhésion populaire la plus large possible, à son projet de société. Révision de la constitution et son adoption par voie référendaire et finalisation du processus de Vérité-Justice-Réconciliation, demeurent à mes yeux, des projets prioritaires allant dans ce sens, pour préparer sereinement la guerre de succession en perspective, si bien évidemment, notre " Mansaké " ne tombe pas à son tour, dans les travers de la vision despotique du pouvoir, en tentant de modifier la limitation du nombre de mandats présidentiels, tel qu’il en est de coutume sous nos tropiques.

BAYO Abidine

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