L'actuel problème de la Guinée reste encore Sékouba et « son problème » !

 

Les Guinéens vont peut-être encore voter 4 mois après le premier tour de la présidentielle (record mondial en période de paix). Un temps mis à réparer la machine à frauder pour « l’arc-en-ciel » ? La date décidée est le 24 octobre 2010 pour départager Cellou et Konaté (je dis bien Konaté car on ne voit plus Condé qui fait campagne par procuration !). Connaissant bien les Guinéens, rien ne garantit que cette nouvelle promesse sera tenue. Fixer une date c’est bien mais ce n’est pas suffisant. Encore faut-il garantir la transparence ! C’est pourquoi je félicite et encourage la grande « Alliance des Bâtisseurs » pour sa récente fermeté, pourtant inhabituelle : Pas question de garder un militant du RPG à la tête de la CENI….

En effet, Lounceny Camara n’a pas les mains propres pour diriger cette institution ; il les dissimule mal en portant les gants grossiers du manipulateur RPG. Ce n’est pas l’appartenance de ce monsieur au RPG qui est en cause mais les conditions de son ascension à la CENI. Le vaste complot électoral est maintenant porté à la connaissance de tous ! Cellou avait gagné dès le premier tour ! Sékouba le sait, Alpha Condé le sait et des « sages » le savent aussi.

Mais attention ! L’Alliance des Bâtisseurs est tellement naïve qu’elle risque de « bâtir » par laxisme sa propre défaite. C’est inacceptable de se faire renverser par celui qu’on vient de terrasser ! Le prochain vote ne se passe pas dans un Etat démocratique comme la Norvège mais dans un pays de cow-boys où tous les coups, même interdits par la loi, sont tolérés en pratique. Que Cellou ne perde jamais de vue qu’on ne se comporte pas en agneau chez des loups. Quand on veut le pouvoir, il faut se lever pour aller le chercher en s’en donnant les moyens. Pourquoi reculer en face d’un adversaire qui ne connaît que le langage de la force ? Quand on veut gagner dans un combat politique, il faut donner plus de coups qu’on en reçoit, occuper le terrain et les medias, convaincre pour finalement vaincre !

Il faut donc refuser catégoriquement les magouilles du RPG qui aurait acheté (grâce aux recettes de l’Etat mises gracieusement et illégalement à sa disposition) plusieurs responsables stratégiquement bien placés pour truquer le vote. Il faut surtout passer d’une certaine mollasserie à une ténacité certaine. C’est maintenant qu’il faut mener l’offensive au lieu d’attendre les attaques des perdants qui ne s’avouent pas perdus. En réalité, l’« arc-en-ciel » n’est pas fort, c’est l’« Alliance des Bâtisseurs » qui s’est souvent montrée tendre à l’égard de la bande de « Condé, Fall et Kiridi… ». La mollesse est mortelle. La Guinée doit être reprise là où Sékouba va bientôt l’abandonner et non là où Sékou l’a laissée !

Nous sommes dans une confusion savamment entretenue par le clan Sékouba Konaté, l’actuel patron de l’armée guinéenne. Cette situation est illégale, inacceptable et honteuse. L’unique responsable, c’est Sékouba, le chef du clan ! Un de ses admirateurs affirme qu’il n’est pas médiocre. C’est vrai ; il n’est même pas nul. Il est négatif. Sékouba cherche à se blanchir (tâche difficile quand on a autant de taches !) en rejetant tout sur un Dadis qu’il a trahi et rendu incapable de se défendre. Il avait commencé à diviser la Guinée avant d’accéder au grade de Général de « division ». Maintenant il s’est autoproclamé Général d’armée. En réalité, il n’est plus ni moins qu’un général armé qu’il faut désarmer au plus vite !

Il faut dire clairement les choses en n’appelant pas un chat, un tigre : à chaque période de l’histoire guinéenne nous avons un problème. Aujourd’hui le problème du pays reste Sékouba qui lui-même a un problème. En effet, ce tirailleur qui n’est jamais monté en première ligne même quand il était chef du BATA est tiraillé de deux côtés par des forces contradictoires : un serment à l’armée « nationale » et l’allégeance à de « sages » régionalistes.

On attendait de Sékouba qu’il soit au-dessus de la mêlée pour engager la Guinée dans la voie de la démocratie en veillant au bon déroulement d’une élection présidentielle porteuse d’espoir. Malheureusement, il a promis à des «sages» de donner le pouvoir à leur « fils », ce qui se révèle moins facile que prévu. Je n’en veux pas à ces « sages » de préférer un des leurs. En revanche, ce qui est intolérable c’est leur vigoureuse volonté de rejet d’un autre fils du pays, au simple motif ethnique et régionaliste.

«Son Excellence le Ministre d’Etat !» Tibou Kamara, qui a effacé Jean-Marie Doré, vient de s’exprimer « parouskylement » pour bétonner la confiance de son chef Sékouba. Il parle d’arbitre impartial, ce qui laisse apparaître un mot de trop car tout arbitre est censé être impartial même s’il peut s’avérer partial ! Par ailleurs, ce n’est pas aux Guinéens de respecter la neutralité du « Président » mais c’est à celui-ci de respecter ceux-là en faisant preuve de neutralité, c’est-à-dire d’impartialité. Je ne peux pas me prononcer sur la sérénité de Sékouba mais je suis sûr qu’il ne fait pas preuve de sincérité. Peut-on parler de la solitude du pouvoir et de l’ingratitude de la fonction de chef d’Etat quand on s’entoure volontairement de vautours et qu’on se gratifie d’honneurs ? Et l’honneur dans tout ça ? C’est difficile d’être serein quand on n’arrive pas à jouir pleinement de ce qu’on a volé.

Le cauchemar de Sékouba est comment combler techniquement (car, électoralement, c’est impossible !) le retard historique d’Old Condé sur Big Dalein. Tout a été essayé : tentative infructueuse de substituer le MATAP à la CENI, volonté de noyautage de cette institution en l’épurant politiquement à défaut de pouvoir le faire ethniquement, falsification des listes électorales (cas scandaleux relevés récemment à Maferinya, une des sous-préfectures de Forécariah), incendies criminels pour détruire des matériels et documents électoraux, etc.

Tout le monde sait que Sékouba veut coûte que coûte voir Condé à la Présidence. Mais comment tenir une promesse impossible à tenir légalement. Voilà pourquoi il ne trouve plus le sommeil et se sent agacé! Comment comprendre que quelqu’un à qui on a octroyé frauduleusement 18% des voix du premier tour (au détriment de Monsieur Sydia Touré) soit celui qui dicte toujours et insidieusement ses conditions?

Si Alpha Condé était électoralement le mieux placé, on lui aurait déjà refilé la Présidence au soir du 27 juin 2010. Il s’était noyé et il a fallu le repêcher ! C’est une des raisons pour lesquelles il refuse tout débat public avec Cellou Dalein. Il n’a rien à proposer mais veut disposer de tout et dès qu’il ouvre la bouche, c’est la catastrophe chez ses partisans (dans nos langues nationales, on dit qu’ils ont en permanence « le ventre coupé » !). Alpha Condé n’ayant rien de crédible, il se tait et se terre, laissant à Fall, écrasé au premier tour, le soin de parler à sa place. On lui a demandé de rester tranquille en attendant que le nécessaire soit fait. Son seul objectif c’est d’être, élu ou imposé, Président de la République. Son « programme », c’est l’affaire des autres, c’est-à-dire de ses amis. Ces derniers ont commencé à se méfier des dérives ethno dictatoriales de leur irascible allié et, parmi eux, certains ont probablement regretté leur choix. Mais ils ont peur du ridicule en changeant maintenant d’avis. Je leur dis que ce n’est pas encore tard.

A l’impossible nul n’étant tenu, pourquoi Sékouba « qui n’aime pas le pouvoir auquel il s’accroche pourtant de toutes ses griffes» ne ferait-il pas la tournée des casernes pour expliquer à ses militants en uniforme que, malgré ses efforts, il ne peut imposer Alpha Condé à la Présidence ? Quoi qu’il en soit, il faut absolument qu’il quitte au plus vite la Présidence, occupée sans support légal depuis le 14 juillet 2010 (les accords de Ouagadougou ne lui donnaient qu’un mandat semestriel), pour regagner une caserne dans l’attente de la justice.

Si la date du 24 octobre 2010 pour le second tour n’est pas respectée, il faut alors considérer le candidat arrivé en tête au premier tour, à savoir Monsieur Cellou Dalein Diallo, comme élu. Il appartiendra ainsi à Monsieur Sydia Touré de former le nouveau gouvernement, conformément aux accords signés, eux, en toute transparence. Je souhaite que ce gouvernement soit de large ouverture (pas d’union nationale qui revêt un autre sens) et très représentatif de la Guinée afin de travailler maintenant pour ce pays.

Pour terminer, deux infos du Net.

1°) J’ai appris le décès (normalement ce mot ne concerne que les personnes) du cheval blanc de notre «Très Bien-aimé Président ». Cette nouvelle ne me donne aucun cheveu blanc et je n’ai pas de condoléances équestres à adresser à qui que ce soit. J’imagine cependant le sort de cette bête intriguée par le comportement de son maître, décédée sans connaître la date du second tour de la présidentielle.

2°) A la fin de mon article intitulé : Le bluff de Konaté… », j’ai posé des questions simples pour éclairer l’opinion guinéenne. Un internaute, qui veut remonter plus loin dans l’histoire, m’a interpellé (sur mon mail personnel devenu le réceptacle d’injures racistes venant des mêmes personnes, ce qui est un signe de leur désarroi qui me donne encore plus de tonus) en affirmant que le référendum du 28 septembre 1958 a montré que les membres de la communauté à laquelle il me rattache avaient voté majoritairement contre l’indépendance de la Guinée !

L’ignorance teintée d’ethnocentrisme est pire que la maladie et la misère. L’immense majorité des populations avaient voté « non » dans chacune des régions de la Guinée. Parmi ceux qui avaient voté « oui », minoritaires dans l’ensemble, il est vrai que la plupart étaient originaires d’une région de laquelle on ne veut pas me détacher, ce qui a indirectement crédibilisé le vote en le rendant moins « soviétique » ! On connaît la suite avec les élections « massifiantes » du PDG qui ont amené certains Guinéens à s’interroger sur « la fin de l’indépendance ».

Par ailleurs, le référendum portait sur une nouvelle constitution française de 15 titres et 92 articles devant régir, entre autres (titre XII), les relations futures de la France avec ses colonies qui jouissaient déjà d’une large autonomie interne. Voter « oui » pour les électeurs de ces colonies c’était accepter la Communauté avec la France ; voter « non » c’était tout simplement ne pas y adhérer, avec pour conséquence l’indépendance immédiate.

Essayerait-on de nous faire croire qu’en dehors des Guinéens, tous les autres Africains voulaient le maintien d’un système colonial ? En quoi étaient-ils plus épris de justice et de dignité que les Sénégalais, Soudanais (actuels Maliens), Dahoméens, Voltaïques, etc. ? Nous avons du travail pédagogique en perspective.

 

Je vous salue !

 

Ibrahima Kylé Diallo

Responsable du site www.kylediallo.info

Mon contact ne change pas : kylediallo@gmail.com

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