L’œil de Caïn ou lettre aux jeunes Turcs

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On fit donc une fosse, et Caïn dit « C'est bien ! »
Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
Quand il se fut assis sur sa chaise dans l'ombre
Et qu'on eut sur son front fermé le souterrain,
L'œil était dans la tombe et regardait Caïn (La conscience, Victor Hugo)

Je ne m’adresse pas  seulement à Tibou Kamara, dont la dernière sortie est le parangon des frasques de ces sauvageons, (gentil euphémisme de J-P Chevènement parlant des jeunes des « quartiers difficiles »), herbes folles, euphorbe qui prospèrent dans le terreau de l’amnésie, du divertissement (au sens pascalien) qui ont fait le lit de la fragmentation nationale. A ne pas confondre avec la jeune chair à canon et gilet pare-balles des Partis qui s’aventurent sur « l’Axe de la liberté ».

« La guerre des chefs » (Tibou Kamara), le bras de fer entre Bah Oury et Cellou Dalein Diallo est l’occasion pour de jeunes et vieux Turcs d’étaler les symptômes, les métastases de ce cancer généralisé qui ronge la Guinée depuis un demi-siècle et dont le foyer primitif a pour nom Ecole guinéenne (1).

On me dira, c’est l’antienne de cet ancêtre qui se les ronge, éjecté qu’il est, dans les accotements de l’Histoire qui se fait sans lui.

La belle écriture, les ruades et les foucades n’ont jamais fait l’Histoire. Même si elles ont fait grimper un Tibou Kamara au sommet d’un Pouvoir qui a traîné la Guinée dans un tunnel qui n’a pas fini de transir la nation et l’Etat. Que peut une plume contre l’ivresse qui pue la poudre d’une armée d’abrutis, d’alcolos, de junkies titubant sous des Kalaches ? S’être fait volé, cocu par ses bonnes intentions n’est pas la moindre frustration d’un briscard précoce monté dans les vaps d’un pouvoir grisant. Cette transition par Sodome et Gomorrhe, ainsi avait-on dit du Camp Alpha Yaya du temps de la Babylone de la perle nauséeuse des Rivières du Sud, qui aurait englouti 11 à 14 mille milliards de fg qui n’ont pas fini de dégouliner du sommet de la Tour de Babel, aux bas-fonds trifouillés de « l’Axe du Bien et du Mal ».

Que peut la plus belle plume du monde contre une horde sauvage, sinon se laisser plumer et être rendu aux piailleries, aux voltiges qui ont pu, jadis, se faire la tête de tel directeur national jusqu’à trouver les limites de son vol d’oisillon. On n’oubliera pas le bras de fer entre Tibou Kamara et Sultan, tous les deux protégées par Lansana Conté. Mais de cette filiation, l’une était plus égale que l’autre. Résultat, Tibou qui défendait Cellou bec et oncles, y a « perdu » son ami, un premier ministre puni et débarqué « pour faute lourde » par un de « ses » ministres, en l’occurrence Fodé Bangoura.

Je ne puis faire l’impasse d’un échange privé avec Tibou :

Tibou, arrête, on t’a compris, tu as raison, Cellou a raison, mais puisqu’en face, manifestement, ton auguste ami semble sourd à tes arguments, « famou ton », comprends et arrête, le combat est inégal, cependant continue à témoigner ton amitié à Cellou.

Aujourd’hui voici un autre combat de coquelet, une guerre à la Pyrrhus, Tibou pris entre Bah Oury et Cellou.

De quoi je me mêle ?

Tu prends parti. Où est le mal ?

Je passe sur les incongruités politiques hélas grimaçantes du genre Oury « dissident » qui mérite « sanction pour indiscipline ».

« Mon » Tibou mérite plus que le lancer de ces fatwas politiquement puériles.

Comment le fondateur d’un Parti peut être traité de dissident ! Comment légitimer des sanctions pour indiscipline prêtée au fondateur toujours légitime d’un Parti ?

Naïvetés. Passons.

Cellou est toujours ton ami. Et c’est bien, la fidélité de l’ami, même en politique. Tu cites Montesquieu, moi plus « modestement » je rappelle, en substance :

J’ai fait le bilan de mes amitiés, aucune n’a résisté à un examen approfondi, (Charles De Gaulle).

Il y a des exceptions en tout. Soyez-en, Cellou et toi.

Mais ne marche pas de ce pas sur ce que tu as déjà réduit en cimetière. On ne profane pas les tombes. Surtout pas celles qui sont peuplées de martyrs et de héros. Comme Ba Mamadou et tous ceux qui sont morts avec lui.

Passe l’ingratitude, l’amnésie généralisée qui hante sa mémoire, excepté Dadis et le CNDD qui l’ont décoré sur son lit de mort.

L’UFDG « coquille vide »,

Alors que Ba était vivant ?!

Attention quand le Peul dit mi wakkily ! (Lansana Conté)

Ko hombo soussini Foulbhès ?

Coquille vide ?

On l’aurait remplie de sable !

En effet à quoi aurait servi ce Parti devenu escargot ou cette tortue lestée de je ne sais quelle puissance qui s’est, à 44%, ensablée en décembre 2010 ?

L’UNR et L’UFDG version Ba et Oury, ce n’était pas du pognon, mais un idéal, un Parti riche de sa pauvreté (Houphouët Boigny parlant de Ouezzin Coulibaly ?). C’est cette pauvreté qui soulevait des centaines de milliers de Guinéens, dont certains ont pris des balles pour une Idée.

Ce sont des martyrs.

Quand Ba a cherché de l’argent il l’a trouvé (« un petit trois milliard » !).

C’est alors qu’il a perdu l’UNR-UFDG.

Voilà, c’est « en même temps » pour cela qu’il est vivant avec tous les jeunes martyrs couchés sur ce cimetière illuminé que les lucioles et les chauves-souris ne sauraient enténébrer en y jetant vainement le voile de l’amnésie.

Attendons de voir la geste, la ballade et le destin de ce crustacé qui vient de plonger dans la tourbe de ce Palais des spectacles.

Ululements, coassements..

« ..Un spectacle plein de bruit et de fureur » (Shakespeare), comme la mal-vie qui nous gouverne.

Chantez, battez-vous, tuez-vous !

Je ne laisserai pas dire,

Al yé kèlè kè niè tamani fo, guerroyez, je joue le tamtam pour vous !

Jamais.

Dansez tel l’ours de Césaire comme il vous chante.

Membre fondateur de l’UNR-UFDG, je ne laisserai personne profaner notre cimetière, serait-ce mon fiston. Ou un tonton, il s’en trouve de vieux tontons macoutes, (ils m’entendent !), parmi les jeunes Turcs..

Nous sommes un certain nombre de vieux caïmans antédiluviens, nous ne dormons que d’un œil, celui qui hantait Caïn qui se croyait sauf à l’intérieur de sa muraille de fer, après avoir inscrit au fronton de son abri d’araignée (Saint Coran, sourate X verset Y ..) :

Interdit à Dieu d’entrer

Nous n’attendons point de sanction.

Elle est déjà tombée du Ciel ; il en pleut de toutes parts, tous les jours, pour ceux qui voient. 

A suivre, Comme il vous plaira (Shakespeare, encore lui).

Avec une estime intacte,

Wa Salam,

Saïdou Nour Bokoum

www.nrgui.com Nouvelle République de Guinée

Note 1) : je me suis largement expliqué sur ce « concept » qui ne se réduit pas en son sens scolaire. « Le PDG plus le libéralisme » (Somparé Aboubacar) à mon sens, est au large de la malformation de nos jeunes scolaires ; certes qui aggrave le malheur bouchant leur horizon, plombant ainsi le changement social.

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