L'opposition guinéenne rejette formellement l'idée de participation à un gouvernement d'union nationale suive de la déclaration du forum des forces v

Mercredi soir, le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), dirigé par le capitaine Moussa Dadis Camara, avait proposé la création d'un gouvernement d'union "intégrant des membres des différents partis politiques et chargé de la transition" et la mise sur pied d'une commission d'enquête internationale.

Mais l'opposition y voit une tentative de diversion.

"Cela ne m'intéresse pas le moins du monde", a déclaré Sidya Touré, ancien Premier ministre qui dirige l'Union des forces républicaines (UFR). "Pour le moment, ce qui nous intéresse, c'est d'enterrer nos morts", a-t-il ajouté.

Dès mercredi soir, un autre dirigeant de l'opposition guinéenne, avait qualifié de "diversion" l'annonce de la junte. "Moussa Dadis Camara n'est plus crédible pour mener à bien la transition", a dit Mouctar Diallo, des Forces nouvelles de la démocratie. "Il a massacré son propre peuple, et a perdu toute crédibilité. Ce type de proposition ne nous intéresse pas."

La junte, qui a pris le pouvoir en décembre dernier à la suite d'un coup d'Etat sans effusion de sang, a également demandé qu'un dirigeant africain soit désigné médiateur et proposé une "commission internationale et nationale d'enquête avec les Nations unies pour faire la lumière sur les événements de janvier et février 2007 et du 28 septembre 2009".

Avec cette radicalisation des positions, la sortie de crise s'avère délicate, car l'opposion et les instances internationales ne trouvent plus en Dadis et ses compagnons d'infortune, des interlocteurs crédibles auxquels on pourrait se fier et souhaitent par conséquent, sa renonciation pure et simple à ses ambitions de maintien au pouvoir, qui est la cause princilae de discorde ayant conduit le pays vers la tragédie humaine du 28 septembre 2009.

Dans la même foulée, les forces vives de la nation font une déclaration dont voici le contenu:

Le 28 Septembre 2009 à Conakry, des centaines de milliers de nos compatriotes de toutes les communautés, de tous les âges et de toutes les conditions, manifestant pacifiquement dans un stade de foot ball clos contre la dictature militaire et pour le retour à une vie constitutionnelle normale, ont été piégés, brutalisés, humiliés, violentés, violés, poignardés et tués par des escadrons drogués de l'armée.

Lors de ces manifestations historiques, nous avons assisté à des scènes d'une barbarie inouïe que rien, sinon la volonté du CNDD de terroriser et soumettre le peuple de Guinée ne justifiait. Des centaines de femmes et de jeunes filles ont été déshabillées, violées, les canons des fusils introduits dans leurs parties intimes, tout ceci publiquement et sous les yeux de la hiérarchie militaire.

Depuis le 23 Décembre 2008, le Forum des Forces Vives de Guinée a engagé toutes les démarches pacifiques possibles pour arriver à un consensus pour la conduite d'une transition apaisée. En face, nous n'avons rencontré que mépris, diktat, humiliations, insultes et dérision de la part de la junte du CNDD et de son chef. Les libertés fondamentales ont été graduellement confisquées, les médias mis aux ordres. Dans le même temps, contrairement à leurs premiers engagements publics nous avons assisté à une opération de légalisation du pouvoir militaire. Ceci avec une dilapidation sans précédent des fonds publics. Le Forum des Forces Vives a alors entrepris d'organiser un meeting d'information et de sensibilisation, montrant que le peuple n'acceptait pas l'usurpation du pouvoir par les militaires.

Ce meeting citoyen pouvait simplement éclairer l'opinion publique Guinéenne sur les enjeux des prochains scrutins. Malgré l'appel aux autorités pour sécuriser cette manifestation pacifique, le Forum des Forces Vives de Guinée n'a rencontré que dissuasion ou manœuvres diverses pour l'annuler. Au lieu de protéger les lieux sensibles le CNDD a infiltré des casseurs qui ont été responsables de tous les dégâts constatés, notamment ceux concernant les commissariats saccagés. Ceci dans l'objectif de discréditer l'ensemble des leaders politiques du Forum, dont les différents domiciles ont été mis à sac et pillés par les militaires.

Capitaine Moussa Dadis Camara chef de la junte, Général Sékouba Konaté Ministre de la défense, Commandant Moussa Keita Secrétaire permanent de la junte, sont les responsables du massacre de nos compatriotes, au stade du 28 Septembre. Leurs hordes avides de sang, sous la conduite du Capitaine Diakité dit Toumba aide de camp de Moussa Dadis Camara, son adjoint Théodore Kourouma, neveu de Moussa Dadis Camara et bien d'autres, cagoulés ou non ont exécuté les basses œuvres en tuant et violant froidement. Ces viols collectifs et les humiliations insupportables perpétrées contre de centaines d'innocentes constituent des atteintes graves à la dignité humaine. Les auteurs et commanditaires de ces actes ignobles doivent tous répondre de leurs barbaries. Désormais les choses sont claires. Ils massacreront tout citoyen qui voudra exercer son droit d'avoir une opinion. Ils installeront et entretiendront sans état d'âme la guerre civile. Ils ont déjà mis en place une milice à caractère ethnique. Il faut donc arrêter leurs mains criminelles, avant qu'ils ne mettent le feu à notre cher pays.

Le dialogue interne est devenu impossible.

Devant la gravité exceptionnelle de la situation, le Forum des forces vives de Guinée:

1 – S'incline avec une infinie tristesse devant ces morts et exprime sa profonde douleur face à cette tragédie délibérée. Il exprime sa solidarité aux familles de toutes les victimes.

2 – Exige de la junte et de son gouvernement:

la restitution immédiate des corps des victimes de leurs massacres, afin que les familles puissent enterrer dignement les leurs;

le recensement exhaustif des disparus;

la prise en charge médicale complète de tous les blessés;

la libération immédiate et inconditionnelle des détenus; la libération et prise en charge immédiate des femmes violées et encore séquestrées.

la réparation immédiate des domiciles saccagés, la restitution des biens dérobés.

3 – Lance un appel pressant à la CEDEAO, à l'Union Africaine et au Groupe International de Contact, pour organiser en urgence l'envoi en Guinée d'une force de paix chargée de protéger les populations guinéennes contre ses forces armées déchainées, que le chef de la junte lui même dit ne pas pouvoir contrôler;

4 – Lance un appel aux citoyens et organisations spécialisés pour la préparation immédiate d'un dossier d'accusation afin de traduire les responsables et commanditaires identifiés des massacres de nos populations devant le Tribunal Pénal International, pour crimes contre l'humanité.

5 – Décide de réunir rapidement une concertation nationale pour installer un organe consensuel et efficace devant mener la transition vers des élections libres et transparentes, en raison de la désormais disqualification du CNDD et de son gouvernement en tant que force dirigeante responsable d'un état unitaire respectant les droits humains les plus élémentaires.

6 – Lance un appel à tous les Guinéens et Guinéennes, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, à rester mobilisés, à s'opposer à la dictature militaire.

Cinquante années de dictatures civile et militaire, ça suffit. Le peuple de Guinée ne l'acceptera plus.

Conakry le 30 Septembre 2009

Le Forum des Forces Vives de Guinée

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