LA GUINEE EST UN SINGULIER PAYS DE REMUE-MENINGES

 La principale menace de stabilité politico- sociale en Guinée, peut s’apparenter à ce qu’il convient de qualifier, de corrosion des fondations de notre bâti social, phénomène qui se caractérise par des tensions ethniques, dont la flamme incandescente, est ravivée par des prises de positions idéologiques partisanes, reflétant et conditionnant davantage, l’exaspération des clivages et les risques inhérents d’affrontement. Dés lors, on se retrouve face à un cas de conscience, qui mérite de constituer un exaltant sujet de préoccupation et de cogitation sur notre identité culturelle, qui souffre d’une sorte de déperdition patibulaire, due à l’incompréhensible et inadmissible incapacité, ou plutôt entêtement à comprendre, la nécessité d’une acceptation de la différence, dans une logique d’échange et de complémentarité, entre les composantes qui forment notre nation. Un diaporama des différentes étapes de notre évolution sociologique, montre que l’une des causes si peu lointaines de ce phénomène, se situent dans la structuration territoriale du pays en régions naturelles, avec chacune d’elles, des spécificités sur le plan climatique, végétation, relief et même linguistique, prédisposition naturelle, qui a servi de prétexte aux dirigeants de l’ancien régime, d’initier des politiques disparates, dont entre autres, la configuration hétéroclite du système éducatif, par une subdivision de la carte scolaire, en fonction de la prédominance linguistique, favorisant du coup, le repli identitaire et hypothéquant l’éclosion de visions harmonieuses, susceptibles d’améliorer notre existence et notre devenir en tant que nation. Dans pareil cas de figure, comment imaginer la consolidation des rapports sociaux, si l’enseignement et la formation de la principale frange de la population que constitue la jeunesse, sont basés sur des critères subjectifs, qui ne favorisent en rien le rapprochement entre les cultures, par le manque de politique adéquate d’intégration et d’épanouissement. La diversité culturelle se devait pourtant, d’être un atout majeur, source de richesses aussi matérielles que spirituelles, mais hélas qu’elle s’est trouvée instrumentalisée, dans un but de confrontation et division, environnement propice à l’assise d’une domination au profit d’intérêts particuliers. L’existence d’une langue dominante, dans laquelle tout le monde se reconnaît plus ou moins, est de nature à casser les barrières, en facilitant la communication et le dialogue intercommunautaire, comme c’est le cas dans des pays limitrophes : la Côte d’Ivoire (Djoula ou Français), le Sénégal (Wolof), le Mali (Bambara), contrairement à ce qui se passe dans notre pays, où les principales ethnies, par leur importance numérique, cherchent toutes, à légitimer leur suprématie, en incarnant le pouvoir qu’elles s’estiment dignes de pratiquer mieux que quiconque, par le fait de s’adjuger de façon prétentieuse, le monopole de la noblesse, en souvenir des périodes de règne de l’Afrique précoloniale. L’assise de cette obsession, se manifeste à travers une plus grande représentativité de l’ethnie de l’homme aux commandes des affaires, dans la sphère politique, leur assurant ainsi une certaine hégémonie, dans la direction et la gestion de la chose publique. Cette prépondérance, s’exerce par l’usage malsain de l’exclusion discriminatoire pour les uns (la majorité pataugeant dans la misère) et le favoritisme probatoire pour les autres (la minorité vivant dans l’opulence), causant par ce biais, de sempiternels problèmes sociaux, qui gangrènent notre vie en commun. Rien de surprenant de voir ainsi des oppositions stériles de personnes qui se sentent en déphasage total, par rapport à l’idéal commun de paix et de justice sociale, situation née la divergence de leurs intérêts et de l’hétérogénéité de leurs aspirations. Dés lors, toutes les actions menées au nom de la nation s’en trouvent affectées, car elles ne reflètent point, la volonté d’entreprise commune, synonyme de conjugaison des efforts de tous et pour le bénéfice de tous. L’embellie dans ce ténébreux paysage, ne saurait être réalité, tant que l’on continuera de se juger, à travers l’étiquette ethnique et tant que la promotion sociale dans notre pays, continuera à faire abstraction du mérite et du talent, car le favoritisme et le clientélisme, qui ont actuellement cours, ont depuis belle lurette montré leurs limites, en témoignent les retournements de vestes, de personnes connues et réputées être de fervents défenseurs de l’intérêt supérieur du peuple, par leurs critiques acerbes à l’égard de nos dirigeants et qui une fois les pieds mis à l’étrier, se laissent facilement aller à la dérive, en épousant les méthodes et pratiques perverses du système, dont ils deviennent parfois les chantres. Honte à tous ces surpris de la vie, qui se voient parachutés à des postes de responsabilité, sans conviction et par conséquent sans ambition pour le pays, qui a pourtant plus que jamais, besoin d’hommes et de femmes capables de se transcender et de se saigner pour l’amélioration quantitatif et qualitatif de nos conditions de vie, seule digne voie de salut, pour toute personne se disant noble et agissant pour ainsi dire, en totale adéquation entre le dire et le faire. A ce sujet, il est de notre intérêt à tous, de mettre fin à la diabolisation de personnes issues de la diaspora, que l’on a trop souvent tendance à taxer d’opportunistes, qui se prennent pour des donneurs de leçon et qui font étalage de leurs connaissances, alors que leur seul tort est de vouloir participer au débat politique qui les concerne au même titre que tous les guinéens, en apportant leurs idées et en proposant leurs compétences et leurs expériences.Ces diaspos se doivent quant à eux, de se débarrasser de leur complexe de supériorité et comprendre que les guinéens restés par la force des choses au bled, pour être en contact direct avec les dures réalités du pays, qu’ils vivent au quotidien, sont à considérer et à respecter dans leur dignité d’homme, malgré les difficultés d’ordre matériel qui sont les leurs, indépendamment de leur volonté, qui est de connaître le bonheur. Par ailleurs, nos aînés doivent comprendre la nécessité impérieuse de donner opportunément, la chance à la jeunesse de s’affirmer pleinement et sereinement, par sa responsabilisation et sa promotion culturelle et sociale, car s’il se dit en Afrique qu’un jeune debout ne peut voir, ce qu’un vieux assis aperçoit, parallèlement, l’on dit aussi que si jeunesse savait et si vieillesse pouvait. Une façon éloquente d’affirmer l’interdépendance entre les générations et la solidarité qui s’impose entre elles. La Guinée est un tout dont il faut prendre compte dans toute sa globalité et dans ces différents aspects, pour se sortir de cette léthargie et cette décadence. Nul de décide de son appartenance sociale ou territoriale. Nous sommes nés guinéens et guinéens nous resterons embarqués sur le même navire, qui pour avancer sur les eaux tumultueuses du monde contemporain, a besoins des efforts de tous et de chacun.

BAYO Abidine

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