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La nomination d'un P.M issu de l'opposition: une patate chaude dans les mains des forces vives

En dépit des multiples entraves connues ces derniers temps, la dynamique révolutionnaire de changement du mode de gestion politico-économique, voulue par le peuple de Guinée, dans le cadre de la transition en cours, est en passe on l’espère vivement, de connaître un revirement favorable à la décrispation de la situation de blocage du processus.

Un signe d’apaisement salutaire, de par la volonté d’ouverture, exprimée dans le discours de bonne intention du général Konaté, même si par expérience, la prudence et la vigilance restent de mise, en ce sens qu’on est malheureusement coutumier en guinée, de désillusions nées de promesses non tenues.

Néanmoins, à l’analyse de sa fameuse rhétorique, on est forcément tenté de considérer avec bonne foi, que la décision unilatérale de la junte, de permettre la nomination d’un P.M issu des rangs de l’opposition, avec en prime, la latitude donnée à ses leaders, de désigner eux-mêmes, le futur homme de consensus, sera de nature à atténuer les malentendus et créer ainsi, un climat de compréhension et de respect mutuel, à même de rassembler les guinéens autour de ce qui paraît essentiel et vital au-delà des divergences, à savoir : l’émergence d’une guinée nouvelle, débarrassée de tous les pesanteurs du passé, qui constituent un frein au développement harmonieux du pays.

L’objectif visé semble être la désignation unanime d’une personnalité, permettant la constitution d’un gouvernement d’union nationale, dont la neutralité et l’impartialité, seront favorables à une mission de réconciliation, afin d’aboutir à court terme, dans la paix et la concorde, à l’organisation d’élections libres et transparentes, qui donneront enfin, la possibilité au peuple souverain, de choisir librement, de façon légitime et légale, les responsables en charge de la direction du destin commun.

Faut-il voir dans cette décision de la junte, une intimation ou une recommandation de la communauté internationale, à l’endroit du général Konaté, à assumer ses responsabilités en prenant de façon effective, les rênes du pouvoir, avec le constat objectif, de l’improbabilité d’un prompt rétablissement du Capitaine Dadis et son retour immédiat aux commandes des affaires, ou c’est simplement un retour à de meilleurs sentiments de la part des tenants du pouvoir, tentative visant à redorer le blason de l’armée qui cherche autant que faire se peut, à se trouver une porte de sortie honorable de cette crise, qui lui ferait bénéficier de quelques circonstances atténuantes, par rapport au dossier ô combien accablant des massacres du 28 septembre 2009, dont les rapports d’enquête respectifs de HRW et de l’ONU, indexent certains de ses membres, à commencer par le désormais Ex-Capi-Prési, comme responsables à part entière de la forfaiture. Toujours est-il qu’il serait difficile, voir impossible de stopper la machine judiciaire, qui s’est mise en branle à ce sujet, surtout avec la qualification sans ambigüité des massacres, comme crimes contre l’humanité, passibles de comparution devant la CPI.

En tous les cas, la balle se trouve désormais dans le camp des forces vives, fortes du soutient de la majorité des guinéens et de la communauté internationale, dans le combat pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel, raison suffisante pour qu’ils acceptent de taire leurs contradictions et éviter ainsi la confusion qui biaiserait le débat et donnerait matière à polémiquer aux extrémistes du CNND, qui il faut s’en douter, ont tout intérêt à ce que capote le processus de normalisation de la situation, synonyme pour eux, d’empêtrement dans les démêlées judiciaires et de fin de privilèges indûment acquis.

Parlant de divergences au sein de la classe politique, même si aujourd’hui, certains leaders s’en défendent publiquement, en affichant un semblant d’entente cordiale, il n’est un secret pour personne, que l’alliance au sein du forum des forces vives, n’est en réalité qu’une association circonstancielle de tendances hétéroclites, qui met heureusement en avant, ce qui demeure le substrat de la plate-forme revendicative, à savoir: le retrait des militaires de la sphère politique.

Dans le contexte actuel, les leaders des partis, ont donc beaucoup à perdre, à vouloir se confondre dans les tripatouillages de la gestion d’un gouvernement de transition, en acceptant un quelconque poste de responsabilité directe, car l’objectif qui est le leur, est de pouvoir briguer la magistrature suprême, dans la perspective de l’organisation d’élections libres et transparentes. C’est pourquoi, il parait indubitable, qu’ils fassent preuve de discernement, avec la proposition d’une alternative crédible, qui aille dans le sens de l’apaisement et de la réconciliation, par la désignation d’une personnalité au poste de P.M, qu’elle soit un religieux, de la société civile ou un militant de parti politique, peut importe. L’essentiel est que les prérogatives de sa mission soit clairement définies, en précisant les contours et les étapes de la transition, qui seront dans le cadre de la mission de supervision et d’accompagnement du groupe de contact international, soumis à une évaluation et une appréciation constantes, afin d’en garantir l’exécution dans les normes prédéfinies. Mais aussi et surtout, le principe de neutralité et d’impartialité dans les arbitrages à venir, ne sera assuré que par le renoncement de ce P.M de consensus, à se porter candidat aux élections à venir.

En définitive, l’issue de la crise dépendra en premier ressort, de notre capacité à tous, à nous surpasser en nous donnant de façon objective, les moyens de nos ambitions, par la réalisation de préalables qui définiront la nature de la transition, dont entre autres, ces quelques questions, qui méritent réflexion :

- la libération de tous les prisonniers politiques (civils et militaires)

- la suspension des audits (crimes économiques) et des poursuites judiciaires (crimes de sang), en attendant la dotation du pays d’organes crédibles dans un régime de séparation effective des pouvoirs, pour éviter les tentatives de disqualification des uns par les autres, à travers l’orientation et la récupération politiques de ces enquêtes, ce qui ne dispenserait en rien les auteurs de forfaitures, car ce ne serait que partie remise.

- La création d’un CNT ou tout simplement une CTRC (commission technique de révision de la constitution), dont les membres seront représentatifs des différentes composantes socio-professionnelles et des quatre régions naturelles et qui déterminera les critères d’éligibilité aux postes électifs et d’organisation des élections.

- La reconstitution du CENI avec un quota représentatif des partis au prorata de leur poids politique, qui aura principalement à charge, l’organisation du processus électoral

- La responsabilisation de l’armée par son engagement formel dans le maintien de la paix et de la sécurité de tous les citoyens, ainsi que sa restructuration avec l’appui de la communauté internationale, dans le cadre de la coopération militaire avec les différentes puissances occidentales.

- Le recensement exhaustif de toutes les victimes des massacres de 2007-2009, pour une indemnisation de leurs parents à la hauteur du préjudice subi.

- La gestion courante des affaires publiques par un gouvernement restreint, qui ne devrait en aucun cas engager l’Etat dans des projets de développement à long terme, dont la signature des contrats risquerait de se faire dans la précipitation au détriment de l’intérêt du pays, puisque par définition la période transitoire doit être relativement courte.

La Guinée est notre patrie commune et comme le disait Houphouët Boigny, la paix ce n’est pas un mot, mais c’est un comportement, alors vivons ensemble et vivons en paix, car c’est la seule voie de salut pour nous.

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