La Plateforme nationale des Citoyens Unis pour le Développement (PCUD), interpelle les acteurs politiques

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A travers un communiqué rendu public le mardi 28 avril 2015, la Plateforme nationale des Citoyens Unis pour le Développement (PCUD), une organisation de la société civile guinéenne, a exprimé sa préoccupation  par rapport à la crise politique que traverse le pays, en pointant un doigt accusateur sur les acteurs politiques et la Commission Electorale Nationale Indépendante, responsables selon elle, de la souffrance, que leur mésentente impose depuis quelques temps, aux guinéennes et guinéens.

Communiqué: Depuis la publication le 10 mars dernier du chronogramme des élections présidentielles et locales, la polémique a repris de plus belle entre les acteurs politiques de la mouvance présidentielle et ceux de l’opposition.
 

Il s’en est suivi une grosse confusion et une surenchère politique empêchant toute analyse sereine  de la situation. Et l’on baigne dans un amalgame total pendant que les positions se radicalisent. Des groupes d’intérêt aux élans mafieux et autres opportunistes politiques, en quête de position sociale ou soucieux du maintien de leurs  privilèges indus , tapis dans l’ombre  du pouvoir, des États-majors des partis politiques ou d’autres organisations dites de soutien, rivalisent en invectives contre le camp adverse.

Comme toujours, cela finit par des troubles et des violences avec des pertes en vies humaines, des blessés graves, des destructions de biens. Les activités économiques sont au ralenti entraînant une aggravation de la pauvreté source de frustration qui amplifie davantage la tension et s’installe de nouveau un cercle vicieux dont on ne parvient pas à sortir.

La part de la communauté internationale

La communauté internationale peine à combler les espoirs que suscite son implication dans nos crises par un règlement durable et un suivi rigoureux des engagements pris par les parties.
Le peuple est l’éternelle victime. Celui-là  que nos leaders gouvernent ou aspirent à gouverner.  Et comme toujours, après quelques mois d’une apparente accalmie, telle une maladie mal soignée, le cycle infernal reprend sous le diktat des mêmes hommes qui nous éloigne chaque jour un peu plus, du bonheur de vivre ensemble dans la paix et dans la dignité.

L’illégitimité des élus municipaux et la complicité du pouvoir

Comment ne pas reconnaître l’illégitimité des élus municipaux et l’illégalité de leurs fonctions depuis des années ? Il n’y a point  besoin de créer de l’amalgame entre cette indiscutable anomalie avec une autre échéance électorale. La résolution de cette anomalie est une exigence et nécessite une discussion franche entre le Gouvernement et les partis politiques en vue d’un calendrier consensuel. Nous n’avons pas besoin de querelles voire de violences encore plus de morts d’hommes pour s’acquitter de ce devoir en conformité avec nos lois.

La responsabilité de l’opposition

Comment comprendre que l’opposition qui exige depuis quelques années la tenue des élections locales, n’ait pas soulevé la moindre protestation lors de la dernière session budgétaire au sujet de l’inscription dans la Loi des Finances d’une allocation relative à la tenue des municipales ? Il est incompréhensible qu’elle ait laissé passer le vote du Budget 2015 et attendu l’annonce le 10 mars du calendrier électoral par la CENI pour soulever avec véhémence des revendications.

Dans le premier cas, nous perdurons dans la violation de nos propres lois et dans le second nous exigeons qu’on la viole ! Et chaque camp trouve ainsi de bonnes raisons de se prévaloir de la faute commise par l’autre pour entretenir et amplifier la confusion, au lieu de se retrouver sereinement pour s’accorder sur la solution politique à envisager.
Le contentieux est celui de la programmation des élections municipales. L’on doit se limiter à cela et il doit être discuté et réglé dès maintenant dans le cadre d’un dialogue politique franc entre le Gouvernement, l’opposition et la mouvance présidentielle car, les populations sont fatiguées de ces querelles politiques qui les prennent en otage et les enfoncent davantage dans la misère!

La responsabilité des leaders du Rpg, de l’Ufdg et de l’Ufr

C’est le lieu de rappeler la responsabilité partagée des leaders du RPG, de l’UFDG et de l’UFR, qui ont imposé en 2010 la tenue des élections présidentielles avant les législatives dont les conséquences  endurées par les populations nous coûtent encore  très cher.

La part de la CENI

Il faut également se rappeler que la CENI, dont les actes posés ont provoqué la crise actuelle, est la résultante du diktat que nous imposent les partis politiques en conflit. De fait, leurs leaders partagent la responsabilité de ces actes et leurs conséquences.

Les coûts de la violence et les conséquences d’Ebola

On ne saurait oublier le coût exorbitant et inopportun des manifestations et violences politiques de 2013,  en terme d’impact sur notre économie avec pour corollaire la chute de nos prévisions de croissance (4,5% à 2,5%), des pertes de recettes fiscales, le départ des investisseurs et l’aggravation du chômage et notamment des jeunes. Cette année 2013 péniblement vécue par les populations, a été malheureusement suivie en 2014 par l’épidémie de la fièvre hémorragique à virus Ebola aux conséquences humaines et socioéconomiques sans-précédent qui ont ramené le taux de croissance prévisionnelle de 4,5% à 1,3%. Pendant ce temps, les pays voisins s’acheminent vers l’émergence.
Au moment où pointe à l’horizon, l’espoir de vaincre l’épidémie Ebola et, que se met en place la Stratégie de relance et de résilience socioéconomique post-Ebola, il apparaît évident qu’il n’est pas de l’intérêt du gouvernement et de nos populations  de voir revenir et s’aggraver les sombres réalités de 2013 et de 2014.

La responsabilité des acteurs politiques actuels dans la crise

Face à ce cycle de violences tragiques, nous signifions au Président Alpha Condé et aux anciens Premiers Ministres Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, Lansana Kouyaté et Jean Marie Doré leur entière responsabilité dans la souffrance que leur mésentente impose depuis quelques temps, aux guinéennes et guinéens.

La position de la société civile

A cet égard la société civile guinéenne affirme:

1-     Ils n’ont pas le droit de se prendre pour des ennemis, entrainant ainsi notre nation dans leurs divisions

2-    Ils doivent savoir que leurs  ennemis sont les extrémistes et opportunistes politiques de leurs entourages respectifs.

3-    Nos anciens Premiers Ministres dont on ne doute nullement du patriotisme, doivent se rendre compte que tout acte visant à faire échec au mandat présidentiel en cours est d’abord contre les intérêts des populations.

Les solutions à la crise

Au Président de la République, la société civile guinéenne demande avec insistance d’évaluer avec forte attention l’urgence de l’instauration d’un dialogue franc avec ses frères de l’opposition sur l’organisation des élections municipales pour que la paix règne dans le Pays. Aucun prix n’est assez élevé pour la Paix et la cohésion nationale !

Au gouvernement de la République, la société civile demande qu’il maintienne en toute sincérité une véritable dynamique de recherche d’un dialogue franc afin d’aboutir à la conclusion d’un accord politique,

La société civile exprime sa très vive préoccupation à la CENI, quant à sa façon  d’exercer ses fonctions hypothéquant  ainsi la stabilité, la cohésion et la  paix dans le pays.

Par ailleurs, la société civile guinéenne propose à nos autorités morales, sages et religieux, la fusion de leurs organisations respectives notamment les coordinations régionales au sein d’une entité unique, plus grande et plus adaptée à nos défis actuels et futurs, qu’on pourrait dénommer le ‘’Conseil National des Sages’’ (CNS). Une telle institution disposant d’une couverture nationale, pourrait mieux peser dans la prévention des conflits socio-politiques et contribuer à la promotion de la cohésion sociale.

La société civile lance un appel à l’élite guinéenne pour qu’elle sorte de sa réserve et s’engage dans un débat citoyen, constructif pour la sauvegarde de la République car elle n’est pas à l’abri des menaces et difficultés qui pèsent sur notre société. L’élite guinéenne doit éviter d’avoir sur sa conscience les conséquences d’une instabilité du pays.

Conakry, le 28 Avril 2015

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