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Labé : une justice plus adaptée pour chaque enfant

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L’UNICEF et le HCDH soutiennent la tenue régulière d’audiences criminelles impliquant des enfants à Labé

Dans la région de Labé, au nord de la Guinée, les enfants représentent plus de la moitié de la population. Pourtant, lorsqu’un enfant entre en conflit avec la loi ou devient victime d’un crime, la justice peine encore à répondre à ses besoins spécifiques. Jusque maintenant, les quatre préfectures de Tougué, Koubia, Mali et Lélouma ne disposent que de justices de paix, laissant le Tribunal de Première Instance de Labé seul compétent pour les affaires criminelles de toute la région, une zone de plus de 1,3 million d’habitants, dont 55 % sont des enfants et des adolescents.

Face à ces défis, l’UNICEF et le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH) soutiennent la tenue régulière d’audiences criminelles impliquant des enfants. Ces initiatives contribuent à promouvoir une justice adaptée, tout en favorisant la réinsertion socio-éducative des jeunes concernés et la prévention des violences faites aux enfants.

Malgré un cadre légal favorable, la mise en œuvre de la justice pour mineurs reste fragile dans la région.
Les enfants en conflit avec la loi sont parfois détenus aux côtés des adultes, dans des cellules exiguës. Les procédures judiciaires sont longues, les services sociaux manquent de ressources pour assurer un suivi régulier, et les familles ignorent souvent les mécanismes de recours existants. Un goulot d’étranglement majeur est le manque d’assistance juridique pour les mineurs, et notamment d’avocats spécialisées pouvant les accompagner dans leur parcours judiciaire. 
Ces faiblesses entraînent stigmatisation, récidive chez les jeunes auteurs, traumatismes durables chez les victimes et une perte   de confiance envers la justice.

« Aujourd’hui, nous savons qu’un enfant en conflit avec la loi n’est pas forcément un criminel, mais un enfant à accompagner. Grâce à la formation reçue, nous privilégions la médiation et la réinsertion » confie un Magistrat du Tribunal de Première Instance de Labé

Une mobilisation collective pour changer les pratiques

Depuis plusieurs années, UNICEF appuie les acteurs judiciaires, sociaux et sécuritaires de la région de Labé pour construire un système plus protecteur pour les enfants.

La formation des magistrats, policiers, gendarmes et travailleurs sociaux permet de renforcer leurs connaissances sur les procédures pénales applicables aux mineurs et de promouvoir le recours aux alternatives à la détention, mieux adaptées à l’intérêt supérieur de l’enfant.

La création d’un répertoire des acteurs de la justice pour enfants a pour objectif de faciliter la coordination entre les différents services impliqués et améliorer le partage d’informations pour un suivi plus cohérent et efficace des cas.

Le renforcement des capacités des travailleurs sociaux permet d’assurer un accompagnement global des enfants concernés, intégrant un soutien psychosocial, juridique, éducatif et parfois économique pour favoriser leur réinsertion et leur bien-être.

Le soutien à un centre d’accueil temporaire pour enfants vulnérables, qu’ils soient auteurs ou victimes, offre un espace sûr où ils peuvent être hébergés, écoutés et accompagnés sur décision de justice ou à la demande de leurs parents ou tuteurs.

Enfin, la promotion des alternatives à la détention, telles que la médiation, les travaux d’intérêt communautaire ou l’accompagnement éducatif, contribue à limiter les effets néfastes de l’incarcération sur les enfants et à encourager leur réintégration positive dans la société.

Un travailleur social de l’Inspection régionale de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables de Labé reconnaît que « l’appui de l’UNICEF a changé la manière dont nous travaillons : les enfants victimes de violences ne sont plus seuls. Nous avons des outils, des partenaires et une voie claire pour agir »

Des résultats probants

En deux ans, 51 enfants, dont 4 filles, ont été assistés par des avocats mis à disposition par l’UNICEF dans le cadre de procédures criminelles, majoritairement liées à des cas de violences sexuelles et de viols sur mineures. 23 autres dossiers sont en cours grâce à un appui conjoint UNICEF – HCDH, ce qui fait 74 affaires traitées en deux ans.
Parallèlement, plus de 150 enfants ont bénéficié d’un accompagnement complet, psychosocial, juridique et éducatif, sur la même période.

Ces résultats témoignent d’un changement durable : les enfants autrefois invisibles trouvent aujourd’hui écoute, protection et justice.

Fassou Isidore Lama, Chef de bureau par intérim de l’UNICEF à Labé témoigne : « Ce que nous voyons à Labé prouve que la justice pour enfants n’est pas une utopie, mais une réalité possible lorsque tous les acteurs se mobilisent. »

Vers une justice pour chaque enfant

À Labé, l’engagement des magistrats, travailleurs sociaux, forces de sécurité et partenaires techniques montre qu’une justice centrée sur l’enfant est non seulement possible, mais essentielle.
En accompagnant les enfants en conflit avec la loi et en soutenant les victimes, la région trace la voie d’un système judiciaire plus humain, plus inclusif et plus protecteur, à la hauteur des droits de chaque enfant.

Source: UNICEF

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