Le chef de la junte guinéenne Moussa Dadis Camara appelle au calme, en demandant à ses partisans de soutenir les actions du général Sékouba Konaté

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Le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara a pris la parole dimanche 17 janvier 2010 depuis le Burkina Faso, où il est en convalescence. C'est la première fois qu'il s'exprime en public depuis la tentative d'assassinat dont il a été victime. Une déclaration qui vise à calmer le jeu notamment dans les rangs de ses partisans.

Dans sa première déclaration depuis la tentative d’assassinat le 3 décembre 2009, le chef de la junte guinéenne Moussa Dadis Camara a apporté dimanche 17 janvier 2010, depuis Ouagadougou, son soutien au futur gouvernement de transition. Il a appelé les Guinéens à « apporter le soutien nécessaire » au président de transition, le général Sékouba Konaté et lancé un appel au calme.

S’exprimant avec quelques difficultés, Dadis Camara a visiblement ému son entourage, notamment le colonel Moussa Keïta, secrétaire général du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement.

« J’ai accepté de signer en toute conscience et en toute connaissance de cause la déclaration d’Ouagadougou le 15 janvier 2010. Elle ne m’a pas été imposée.
 
Je vous déclare par ma voix que ma santé s’est grandement améliorée et que ma vie est hors de danger. Mais pour consolider cet état, j’ai besoin de repos, donc d’une convalescence suivie, que je suis libre de passer où je voudrais.
 
Depuis que je suis arrivé ici à Ouagadougou, je sais que beaucoup de gens ont pris d’assaut l’aéroport de Conakry et certains les rues de la capitale, réclamant ainsi mon retour au pays. Je vous comprends, je vous demande de regagner vos domiciles dans le calme. Que Dieu bénisse notre pays. Je vous remercie », a déclaré dimanche à Ougadougou Moussa Dadis Camara.
 
Les deux candidats au poste de Premier ministre de transition en Guinée, invités par le président de la transition, le général Sékouba Konaté, à Ouagadougou samedi, ont refusé de s'y rendre. Rabiatou Sérah Diallo avait déclaré : « On ne peut pas transporter tous les petits problèmes à Ouagadougou. Que le général Konaté revienne [à Conakry] et qu'on mette en œuvre les accords ».

Texte intégral de la déclaration de Moussa Dadis Camara aux Guinéens

ADRESSE DU

CAPITAINE MOUSSA DADIS CAMARA,

PRESIDENT DU CNDD,

PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DE GUINEE,

A

LA NATION

Ouagadougou, le 17 janvier 2010

 

Guinéennes et Guinéens,

Mes chers compatriotes,

Le 03 décembre 2009, il y a exactement quarante et quatre jours, je fus victime d’une tentative d’agression par un de ceux en qui j’avais placé ma confiance. Grâce à la prompte réaction de Chefs d’Etat amis, je fus évacué au Royaume du Maroc où j’ai bénéficié de soins médicaux appropriés, ce qui me permet, aujourd’hui, de m’adresser à vous, bien que convalescent.

C’est l’occasion d’exprimer, par ma voix, mes vifs remerciements au Président Abdoulaye WADE du Sénégal, au Président Blaise COMPAORE du Burkina Faso d’où je vous parle en ces instants, au Guide de la Grande Révolution Libyenne, le Colonel Mouammar El KADHAFI, et à Sa Majesté le Roi Mohamed VI du Maroc.

J’associe à ces remerciements tout le collectif des médecins de l’Hôpital Militaire de Rabat, dont le professionnalisme et l’humanisme, inspirés de la vraie tradition africaine, m’ont redonné la vie et ont fortifié ma foi en l’avenir.

Je ne Vous oublierai pas, Vous, mes Frères et Sœurs de Guinée, d’Afrique et d’ailleurs, qui m’avez constamment porté dans vos prières à l’occasion de cette pénible épreuve. Les échos de ces prières me sont parvenus, m’ont réconforté et m’ont permis de supporter ma convalescence.

Je réalise que je vous ai manqué et que vous me manquez aussi, parce que vous et moi vivons dans une communion d’esprit pour la reconstruction de notre Chère Guinée.

Guinéennes et Guinéens,

Mes Frères et Sœurs bien-aimés,

Mes compagnons d’armes et moi, en prenant en main la direction du pays, le 23 décembre 2008, étions animés de la volonté de démocratiser le pays et de réconcilier tous ses enfants, de lutter contre les maux qui gangrenaient le pays, de rétablir les services sociaux de base, de faire profiter aux Guinéens le bénéfice des ressources naturelles du pays, de sécuriser le pays, de créer de la richesse, de rétablir les grands équilibres économiques du pays, de soigner l’image extérieure du pays, en résumé, de moraliser la vie politique du pays.

Tout ceci était inscrit dans un programme réaliste et réalisable, dont l’une des étapes fondamentales était le retour du pays à une vie constitutionnelle normale, autrement dit, la gestion d’une transition politique que nous avions voulu consensuelle.

Cette transition, qui se poursuit encore, n’a pas enregistré que de douloureux événements, elle a connu des actions positives de développement et de changement de mentalité et a également permis l’éclosion de beaucoup d’initiatives créatrices, malgré un environnement économique et financier international impitoyable.

De mon lit d’hôpital et de mon état de convalescent, je n’ai cessé de penser à ce bilan de nos actions et à la perspective de la correction des erreurs pour une gestion améliorée des affaires de l’Etat.

Guinéennes et Guinéens,

A Rabat, nombreuses sont les personnalités étrangères, mais aussi guinéennes, qui m’ont rendu visite, autant que des amis, pour m’apporter, en vos noms à tous, des messages de sympathie et de compassion. Tous ces gestes me sont allés droit au cœur et m’ont conforté dans ma conviction que la Guinée est une famille et que l’ethnisation des relations humaines et du jeu politique est préjudiciable à la construction d’une démocratie.

L’une des dernières personnalités à me rendre visite fut mon Frère et Compagnon d’arme, le Général de Brigade Sékouba KONATE, Ministre de la Défense Nationale et Président par intérim.

Avec lui, nous avons réfléchi sur les voies d’une sortie de crise politique et avons décidé ensemble les mesures qu’il avait annoncées dans son adresse à la Nation le 06 janvier dernier. J’assume et j’appuie ces mesures que moi-même avais initiées, mais qui ne furent pas suivies d’effet.

C’est dans la même volonté politique de sortie de crise que j’ai accepté de signer, en toute conscience et en toute connaissance de cause, la Déclaration de Ouagadougou du 15 janvier 2010 qui pose des jalons solides pour une sortie rapide de crise.

Cette Déclaration est notre déclaration. Elle ne m’a pas été imposée, elle ne nous a pas été imposée. La question de ma non candidature et celle des autres membres du CNDD aux futures élections présidentielles est définitivement réglée et le Ministre de la Défense Nationale a eu de moi la charge d’assumer l’intérim de la Présidence de la République.

Je vous demande, à Vous, Filles et Fils de Guinée, de lui apporter le soutien nécessaire pour la cause de la démocratie que nous appelons de tous nos vœux dans notre pays.

Sur mon état de santé et sur ma présence ici à Ouagadougou, beaucoup de salive et d’encre a coulé, chacun y allant de son commentaire.

Je vous déclare, par ma voix, que ma santé s’est grandement améliorée et que ma vie est hors de danger. Mais, pour consolider cet état, j’ai besoin de repos, donc d’une convalescence suivie que je suis libre de passer où je voudrais.

Dans la Déclaration de Ouagadougou du 15 janvier dernier, j’ai décidé de prendre et de jouir librement d’un temps de convalescence, tout en restant disponible pour contribuer au processus de transition.

Le Président intérimaire et moi-même continuerons la concertation dans l’intérêt d’une transition réussie qui aboutira à l’élection d’un Président démocratiquement choisi par les Guinéens.

Guinéennes, Guinéens,

Chers Filles et Fils de Guinée,

Compagnons d’armes,

Braves Soldats de Guinée,

L’avenir de notre pays nous appartient à tous et nous sommes tous responsables, à des degrés divers, de tout ce qui pourrait arriver à ce pays. Je vous invite, comme toujours, à dépasser les considérations personnelles et ethniques pour regarder ensemble dans la bonne direction qui est celle de la réalisation de l’intérêt général. Je suis conscient que vous avez consenti des sacrifices pour ma modeste personne et que vous continuez à me porter dans votre cœur. Faites en de même pour le Général Sékouba KONATE, Président par intérim, pour le même intérêt national. Nous ne gagnerons rien dans l’adversité, encore moins dans l’affrontement. Notre pays n’a pas besoin de tout cela, notre salut réside dans l’acceptation de la différence, dans la tolérance et dans la réconciliation.

Nous sommes tous des Guinéens à part égale et interpellés par le gigantesque travail de construction du pays. C’est pourquoi, nous avons fait appel à tous les enfants du pays, où qu’ils soient et quelles que furent les raisons de leur départ du pays pour participer à cette œuvre de refondation de notre société.

Depuis que je suis arrivé ici à Ouagadougou, je sais que beaucoup de gens ont pris d’assaut l’aéroport de Conakry et certaines rues de la capitale, réclamant ainsi mon retour au pays. Je vous comprends. Je vous demande de regagner vos domiciles et de vaquer à vos occupations quotidiennes dans le calme, car, des personnes mal intentionnées pourraient profiter de ces regroupements pour commettre des forfaitures et nous en faire ainsi porter la responsabilité.

Mes Chers Compatriotes,

J’ai la conviction que ce message sera compris par chacune et chacun de Vous. Je serai parmi vous bientôt.

En ce début d’année 2010, je voudrais souhaiter à Vous tous, à vos familles respectives et à tout le Peuple de Guinée une bonne et heureuse année. Je joins mes prières aux vôtres pour que l’année 2010 soit une année de Paix véritable, de réconciliation nationale et de progrès pour Tous.

Que Dieu bénisse notre Pays.

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