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LE DISCOURS ET LA METHODE !

Monsieur Jean Marie Doré, à la suite de la mise en place de son gouvernement de transition, a tenu à planter le décor de l’action qu’il entend imprimer à son équipe pour la réussite de la transition.

Dans son allocution à la nation, le Premier ministre a dit notamment qu’il s’agit bien d’une équipe de mission et non une équipe de développement.

Il a aussi déclaré ce qui suit : « s’il est établi à un moment ou à un autre que l’un des acteurs de cette transition se trouve dans le collimateur de la justice nationale ou internationale, notamment en relation avec les tragiques évènements du 28 septembre 2009, il est clair que nous en tirerons toutes les conséquences », parce que dit-il, «il faut mettre fin à l’impunité en Guinée.»

« Si un ministre ne se montre pas efficace dans la mission qui lui est confiée, il sera immédiatement débarqué car le temps nous est compté.» dixit JMD.

Cette déclaration fait suite à sa volonté affirmée d’exclure de son gouvernement toute personne impliquée de près ou de loin dans ces évènements de triste mémoire.

La mission principale de ce gouvernement sera, à terme, l’organisation d’élections présidentielle et législatives libres à partir du mois de juin 2010 au plus tôt.

Voilà qui tombe à propos, avant la visite à Conakry de Madame Fatou Bensouda, Procureure Adjointe de la Cour Pénale internationale (CPI), le 17 février 2010, pour venir s’enquérir de la situation sur place, et «déterminer si les crimes perpétrés lors du massacre du 28 septembre 2009 relèvent de la compétence de la CPI. Elle doit aussi voir si la justice guinéenne a la possibilité de juger les éventuels coupables.» d’après Radio France Internationale (RFI).

Selon Madame Béatrice Le frapper, conseillère spéciale de la procureure de la CPI, « Il n’y a pas de troisième voie : c’est aux autorités guinéennes ou à la CPI d’engager des poursuites.» lors d’un entretien avec la station de radio précitée. « Les crimes commis doivent être poursuivis. Ils seront poursuivis par la Guinée ou ils seront poursuivis par la CPI. Il est très important de souligner qu’il n’y a pas de solution intermédiaire. L’impunité pour les auteurs des crimes n’est plus une option, depuis que le statut de Rome de la CPI a été adopté.»

Pour tous ceux qui pensent que l’impunité demeure la principale tare des régimes qui se sont succédés à la tête de la Guinée depuis plus d’un demi siècle, ce discours va dans la bonne direction. Il s’agit aussi bien, dans notre entendement, d’impunité pour crimes de sang que pour crimes économiques.

Nous avons eu connaissance, vingt quatre heures après la mise en place du gouvernement de transition, de la composition du cabinet du Général Sékouba Konaté.

La  Guinée, encore une fois, vient de nous donner un schéma de gouvernance inédit. En effet, en face du gouvernement officiel de Monsieur Jean Marie Doré (composé de 34 membres), se trouve constitué un gouvernement bis de vingt quatre membres (24), dans lequel certaines personnalités ont un rang de Ministre d’Etat, d’autres un rang de ministre ou de conseillers, etc. Les recalés du gouvernement de Monsieur JMD sont reversés dans ce cabinet auxquels l’on a rajouté d’autres personnalités.

Nous trouvions déjà le gouvernement de transition pléthorique au vu de la tâche et de la durée nous séparant de l’échéance (six mois). Que dire alors du nombre de personnes de ce cabinet et de leurs attributions ?

Ce bicéphalisme gouvernemental à la tête du pays grèvera gravement les finances publiques qui sont déjà mal en point.

Les Ministres appartenant à ce cabinet siègeront-ils au conseil des Ministres sous la présidence du Premier Ministre ?

De qui prendront-ils leurs directives et quelles prérogatives auront-ils?

Nous pouvons dès à présent, et sans risque de nous tromper, prévoir des conflits de compétences entre le gouvernement et le cabinet.

Nous allons au devant d’énormes difficultés durant cette période transitoire.

Autant nous avons été enchantés par le discours du 6 janvier2010 du Général Sékouba Konaté autant nous ne comprenons pas la volonté qui a présidé à la conception et l’établissement de son cabinet. Cet acte nous donne l’impression qu’il a voulu manifester une forme de reconnaissance vis-à-vis de ses compagnons d’armes en les recasant comme il l’a fait.

Cela ne nous donne pas une lisibilité sans accroc de son action à la tête de la Guinée.

Jusque là il avait été crédité d’un sans faute dans son parcours en tant que Président par intérim en prenant des décisions très courageuses allant dans le sens du progrès pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Pour continuer sur cette lancée, il faudrait que les actions de ce cabinet ne puissent en aucun cas gêner les différentes étapes de la transition.

Pour préparer le retour à un Etat de droit, il faudrait une nette séparation des pouvoirs.

Le Conseil National de la Transition (CNT), tel que prévu par les accords de Ouagadougou, devrait avoir un pouvoir délibérant et non un pouvoir consultatif. C’est l’un des organes clés de cette transition, chargé notamment du toilettage de la constitution, et de la revue du code électoral.

L’indépendance du pouvoir judiciaire demeure l’un des piliers de base de cet Etat de droit. Sans elle rien de solide ne peut être bâti, et le citoyen ne peut avoir confiance aux institutions de la république.

Le président de la république par intérim a intérêt à la réussite de cette transition qui démarre dans la mesure où elle répond aux aspirations profondes des populations guinéennes pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel et pour faire entrer, enfin, la Guinée dans le concert des nations et dans la modernité politique.

Ce sont là des engagements qu’il a pris à son avènement à la magistrature suprême. Et comme vous vous en doutez, nous mettons un point d’honneur au respect des engagements de la part des hommes qui nous gouvernent.

 

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