Le projet de fer Nimba se poursuit en Guinée, malgré les risques pour l’environnement
- Par Administrateur ANG
- Le 29/10/2025 à 08:09
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En dehors de Simandou, la Guinée abrite d’autres gisements de fer, dont celui situé au mont Nimba, à proximité d’une réserve naturelle. Alors que la compagnie active sur ce projet prévoit une mise en service d’ici 2027, les organisations de défense de l’environnement s’inquiètent des conséquences.
La compagnie minière américaine Ivanhoe Atlantic a annoncé, jeudi 23 octobre, avoir achevé les études d'impact environnemental et social (EIES) pour son projet de minerai de fer Kon Kweni en Guinée. Si les résultats n’ont pas encore été publiés, plusieurs rapports ont déjà alerté sur les risques liés à l’ouverture d’une mine de fer dans une zone abritant une réserve de biosphère classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Ivanhoe Atlantic a mené les travaux relatifs à l’EIES pour la première phase du projet Kon Kweni, en ciblant une production initiale de 2 millions de tonnes de minerai de fer à haute teneur par an, avec une extension possible à 5 millions de tonnes par an. La compagnie indique avoir évalué les effets potentiels d’un tel projet et identifié en conséquence des mesures d’atténuation « permettant d'éviter, de réduire et de restaurer tout impact potentiel pouvant découler du développement ».
Mais en attendant le verdict des autorités locales compétentes, saisies par Ivanhoe qui cherche à obtenir les permis nécessaires au développement de son projet, plusieurs organisations estiment déjà ces mesures insuffisantes. Initialement baptisé « Nimba Iron Ore Mine », le projet Kon Kweni se trouve en effet dans la région de la Guinée Forestière, au sud-est du pays. La zone abrite le mont Nimba, dont les pentes sont couvertes d'une forêt dense qui abrite par ailleurs une espèce en danger critique d’extinction : les chimpanzés d’Afrique de l’Ouest. Cette réserve naturelle a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial en péril par l’UNESCO dès 1992, à cause des menaces que représente la mise en valeur de ce gisement.
« La Guinée ne compte qu'un seul site classé au patrimoine mondial, mais de nombreux permis d'exploitation minière de minerai de fer […] Les sociétés minières n'ont pas démontré l'efficacité des mesures d'atténuation qu'elles mettent en place pour réduire leur impact sur la biodiversité. La plupart des dommages causés par l'exploitation minière sont essentiellement permanents », avertit Genevieve Campbell, qui fait partie d’un groupe de travail de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Dilemme entre business et environnement
Aux côtés de plusieurs organisations de défense de l’environnement, la Dre Campbell a signé en juillet 2025 une lettre appelant le gouvernement guinéen à mettre en place un moratoire renouvelable de cinq ans sur toutes les activités minières (y compris l'exploration) menées dans la réserve de biosphère de Nimba. Ce sursis permettrait d’approfondir l’évaluation des risques que l’activité minière fait peser sur la biodiversité, et de finaliser un plan de gestion de la réserve.
Ce n’est pas la première fois que les autorités sont confrontées à un tel arbitrage entre les revenus attendus de l’exploitation minière et les conséquences négatives sur l’environnement. La compagnie australienne Predictive Discovery a découvert en 2021 un important gisement d’or à Bankan, un projet situé dans une zone tampon du Parc national du Haut Niger en Guinée. Selon une étude de faisabilité de juin 2025, le projet Bankan peut livrer environ 250 000 onces par an sur plus de 12 ans, soit une production annuelle d’une valeur supérieure à 1 milliard de dollars, au cours actuel de l’or.
Alors que des inquiétudes sont nées quant à l’impact d’une future exploitation minière sur la faune et la flore du parc, un permis environnemental a pourtant été octroyé à la compagnie. Dans un communiqué publié en janvier 2025, Predictive indique néanmoins que le permis a été octroyé à condition qu’aucune activité minière ne soit menée dans la zone tampon.
En attendant la décision des autorités sur le projet de fer à proximité du mont Nimba, Ivanhoe Atlantic espère obtenir les autorisations nécessaires pour lancer la construction de la mine au premier trimestre 2026. La compagnie vise le début de la production en 2027, soit environ 2 ans après le lancement de l’exploitation de Simandou. Pour ce célèbre gisement de fer, le plus grand du pays avec une livraison annuelle attendue à 120 millions de tonnes, la Guinée prévoit le démarrage de la production fin 2025.
Emiliano Tossou
Source: Agence Ecofin
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