Les relations sino-africaines, exemplaires pour les relations internationales

La Chine est le plus grand pays en voie de développement (PVD) et l’Afrique, le continent qui réunit le plus de PVD. Les populations réunies de la Chine et de l’Afrique représentent plus d’un tiers de la population mondiale. En tant que composante importante des relations internationales, notamment celle de la coopération sud-sud, les relations sino-africaines ont produit de profonds impacts et suscité une grande attention de la communauté internationale.

A un moment où nous sommes au début de la seconde décennie de ce siècle et où le Forum sur la coopération sino-africaine entame aussi sa seconde décennie, les relations sino-africaines entrent dans une nouvelle phase de développement. C’est un grand plaisir pour moi de pouvoir discuter avec vous de ce thème des relations sino-africaines.

 

 

A. L’amitié sino-africaine remonte très loin dans l’histoire.

 

A partir du second siècle avant notre ère, l’or et la soie de la Chine se commercialisa déjà très loin en Afrique du nord via la Route de la soie. Un émissaire d’Adulis (l’actuelle Érythrée) de l’Afrique fut envoyé en Chine sous la dynastie des Han de l’est. Ce fut la plus ancienne relation diplomatique officielle entre la Chine et l’Afrique. Sous les dynasties des Song et des Yuan, les échanges directs entre la Chine et l’Afrique se multiplièrent. Le voyageur chinois Wang Dayuan parvint à Zanzibar en Afrique de l’est, et le voyageur nord-africain Ibn Battuta séjourna à Quanzhou, Guangzhou et dans d’autres villes chinoises.

 

Après la fondation de la République populaire de Chine en 1949 et avec des pays africains qui ont commencé à se libérer du joug colonial dans les années 1950, les relations sino-africaines sont entrées dans une nouvelle période historique. Les dirigeants de la vieille génération de la Chine et des pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, précurseurs de l’indépendance et de la libération nationale, ont jeté la base à l’amitié entre les pays du sud. Les peuples chinois, africains et latino-américains ont combattu côte à côte dans la lutte anticolonialiste, anti-impérialiste et antiraciste. La nouvelle Chine a fait du renforcement et développement de l’amitié et de la coopération amicale avec les PVD le fondement de sa politique étrangère. La Chine a soutenu les pays africains dans leur mouvement indépendantiste et la sauvegarde de leur souveraineté nationale. Par exemple, quand l’Algérie et d’autres pays africains luttaient pour conquérir leur indépendance, la Chine a apporté à la révolution africaine d’importants soutiens moraux et matériels. Lorsque l’Egypte a déclaré la nationalisation du canal de Suez, la Chine lui a accordé un puissant appui. Malgré les graves calamités naturelles auxquelles elle faisait face à l’époque et ses difficultés économiques, la Chine a, avec les meilleurs matériels et équipements ainsi que les meilleures équipes de conception et d’exécution des travaux qu’elle fournissait, achevé les travaux de construction du chemin de fer de 1860 km qui relie la Tanzanie à la Zambie.

 

Dans ses efforts pour rompre le blocus occidental, la Chine nouvelle a aussi bénéficié d’un grand soutien ferme de la part des pays africains. Nous n’oublierons jamais la scène émouvante quand les représentants des pays africains applaudissaient chaleureusement dans la salle lorsqu’a été annoncé le rétablissement de la République populaire de Chine dans son siège légitime aux Nations unies à la 26ème Assemblée générale en 1971. Tout comme ce que le président Mao Zedong a dit : « La Chine a été portée aux Nations unies par ses frères africains ».

 

L’histoire prouve que les relations sino-africaines sont assises sur une base solide. Elles sont profondément enracinées dans le cœur des peuples des deux parties et ont été trempées de toutes épreuves.

 

B. Les relations sino-africaines en cette nouvelle période

 

Depuis la fin de la guerre froide, la multipolarisation et la globalisation économique se développent, apportant aux PVD de nouvelles missions historiques et défis pour leur développement économique et réalisation de la renaissance globale. Sortant de la Grande Révolution culturelle dévastatrice, la Chine a, grâce à la politique de réforme et d’ouverture qu’elle avait commencé à appliquersous la direction de M. Deng Xiaoping, réalisé un essor économique sur de nombreuses années consécutives tout en ouvrant davantage le pays sur l’extérieur. Entretemps, les pays africains, qui ont tous acquis leur indépendance, œuvrent activement au développement économique et progrès social. Une Afrique plus stable, plus dynamique dans son développement et plus encline à l’unité pour accroître sa puissance, fait son apparition, progressivement, dans le paysage international et son poids ne cesse de s’accroître sur la scène internationale. Tout comme le dit la chanson officielle de la Coupe du monde en Afrique du sud, « l’heure de l’Afrique est arrivée ». En tant que le plus grand PVD, en comptant sur ses propres forces, la Chine s’est frayé une voie de développement répondant à ses propres conditions, sa puissance intégrée s’améliore continuellement et sa contribution au développement de l’économie mondiale va grandissante. Le modèle de développement de la Chine attire l’attention du bon nombre de PVD. La Chine veut bien partager ses expériences en développement avec les PVD du monde, y compris ceux en Afrique, et ces derniers veulent aussi établir des liens plus étroits avec la Chine, le plus grand PVD, et souhaitent que la Chine puisse jouer un plus grand rôle dans les affaires internationales, pour sauvegarder les intérêts communs des PVD.

 

La Chine s’est portée au second rang mondial en 2010 en termes de volume du PIB. Mais, avec un PIB par tête d’habitant, la Chine est encore classée au-delà de la centième place mondiale, derrière un certain nombre de pays africains et latino-américains, sans parler des grands pays occidentaux comme les Etats-Unis et le Japon. En Chine, quelque 150 millions d’habitants vivent encore avec moins d’un dollar américain de revenu par jour. Selon les critères des Nations unis, ces Chinois sont de la population la plus démunie. Les problèmes profonds résident à un faible niveau de qualité du développement en Chine. Par exemple, les gigantesques exportations chinoises s’appuient essentiellement sur les industries manufacturières. Autrement dit, le système industriel chinois manque de capacité d’innovation, de techniques ayant la propriété intellectuelle et de marques de compétitivité internationale. En outre, la Chine est aussi confrontée, dans son développement, à des problèmes de déséquilibre entre les régions, ainsi qu’à ceux entre les zones urbaine et rurale. Il est à noter, notamment, que la charge démographique reste très lourde. Rien que les nouveaux diplômés universitaires se chiffrent déjà à 6 millions chaque année, soit la population nationale libyenne. Voilà des réalités de la Chine, conditions concrètes du plus grand PVD.

 

En cette nouvelle période, la Chine et l’Afrique, qui ont connu de grands changements dans les domaines politique, économique et social, sont, toutes les deux, amenées à développer leurs relations et à les porter à un nouveau palier. La création du Forum sur la coopération sino-africaine en 2000 à l’initiative commune de la Chine et de l’Afrique, démontre que les relations sino-africaines vont avec le temps et entrent dans une nouvelle période historique. Au sommet de Beijing dans le cadre de ce forum en 2006, les deux parties ont décidé d’établir de nouvelles relations de partenariat stratégique. Cela a indiqué la nouvelle orientation pour le développement global des relations sino-africaines. A l’heure actuelle, les relations sino-africaines présentent des particularités comme suit :

 

1. La confiance stratégique mutuelle se consolide continuellement. Sur le plan bilatéral, la Chine a noué ses relations diplomatiques avec 49 pays africains et établi des relations de partenariat stratégique avec un certain nombre de pays entre eux. Les deux parties ne cessent de multiplier leurs échanges politiques, se communiquent et se coordonnent bien sur de nombreux dossiers d’intérêt commun. Sur le plan multinational, le Forum sur la coopération sino-africaine a favorisé la naissance d’une série de mécanismes efficaces de dialogue politique, dont la conférence ministérielle, les consultations des ministres des Affaires étrangères à l’Assemblée générale des Nations unies, les réunions de haut niveau du forum, etc. Il a permis de promouvoir énergiquement les échanges politiques entre les deux parties, d’où le développement des relations sino-africaines dans tous les domaines. Par ailleurs, les deux parties n’ont cessé de se coordonner et de se concerter sur des dossiers globaux de promotion à l’établissement d’un nouvel ordre politique, économique international équitable et rationnel, de lutte contre la crise financière internationale et de changements climatiques. Ainsi, elles ont renforcé la confiance politique.

 

2. La coopération économique et commerciale s’intensifie de jour en jour. Les échanges commerciaux ne cessent de s’accroître. Ils ne sont plus ce qu’ils étaient auparavant. Ils ont gravi plusieurs échelons. La Chine est devenue le premier partenaire commercial pour l’Afrique. La structure commerciale s’optimise continuellement. Les produits chinois exportés en Afrique se sont vu améliorer de façon notable leur qualité et technicité tandis que les produits africains exportés en Chine se diversifient de jour en jour. La coopération entre les gouvernements des deux parties ne cessent de s’approfondir, fournissant de meilleures conditions au développement des échanges commerciaux entre les deux côtés, sur les plans douanier, fiscal, de quarantaine et de contrôle de qualité.

 

3. Les investissements dans les deux sens augmentent rapidement. L’Afrique est devenue la 4ème destination pour les investissements chinois à l’étranger. Les investissements chinois en Afrique sont largement répartis géographiquement, dans un éventail de secteurs, sous de différentes modalités et aux multiples dimensions. Vu du côté chinois, la Chine a signé des accords de promotion et de protection des investissements avec de nombreux pays africains en vue de créer des conditions favorables à l’élargissement des investissements dans les deux sens. Depuis trois ans, le Fonds de développement Chine-Afrique a apporté un grand appui aux investissements des entreprises chinoises en Afrique. La partie chinoise encourage ses entreprises à participer à l’édification de la zone de coopération économique et commerciale africaine. Vu du côté africain, des entreprises africaines ont augmenté leurs investissements en Chine d’année en année et se montrent de plus en plus actives.

 

4. Les champs de coopération vont s’élargissant. La coopération entre les deux parties dans les domaines traditionnels comme la culture, la santé, l’éducation et l’infrastructure, remporte sans cesse de nouveaux succès. La coopération pragmatique dans de nouveaux secteurs comme les sciences et technologies, les finances, le tourisme, l’aviation aérienne, la protection de l’environnement, etc., constitue souvent des centres d’attraction. De ce fait, la coopération sino-africaine mutuellement profitable s’enrichit sans cesse pour son contenu.

 

C. Raisons des grands progrès obtenus dans les relations sino-africaines

 

1. Le Forum sur la coopération sino-africaine joue un rôle important pour la promotion des relations sino-africaines. Des coopérations dans le cadre du forum progressent pas à pas et font preuve de pragmatisme. Par exemple, les 8 mesures que la partie chinoise avait proposées spécifiquement pour l’Afrique lors du sommet Chine-Afrique en 2006 ont été toutes concrétisées avant fin 2009 comme prévu. Sur cette base, la partie chinoise a proposé 8 nouvelles mesures pour l’Afrique. En ce moment, ces dernières sont en cours d’application dans de bonnes conditions et font apparaître déjà des premiers résultats.

 

2. Les deux parties s’en tiennent, comme depuis toujours, aux bénéfices mutuels et à l’entraide. Pendant que la Chine participe à l’exploitation des ressources en Afrique, elle aide les pays africains à développer leurs industries de traitement des ressources pour convertir leur atout de ressources en force motrice du développement social et économique. Les entreprises chinoises ne ménagent aucun effort pour rendre service aux habitants locaux et assumer la responsabilité sociale. Au travers de la coopération en développement des ressources humaines avec des pays africains concernés, sous forme d’envoi d’experts et de volontaires en Afrique, la partie chinoise travaille à l’amélioration de la capacité de développement de l’Afrique. Quand la Chine a besoin d’aide ou de soutien, les pays et les peuples africains se rangent toujours résolument du côté de la Chine pour lui prêter main forte, par exemple, pour le passage de la flemme olympique, le secours à Wenchuan secoué du séisme, etc.

 

3. Les deux parties se soutiennent mutuellement sur des questions touchant les intérêts majeurs de l’autre partie. La partie chinoise suit de près et soutient la paix et la sécurité en Afrique. Elle prend part activement aux opérations de maintien de la paix des Nations unies en Afrique. En désignant un représentant spécial du gouvernement chinois aux affaires africaines, la Chine joue un rôle constructif au Conseil de sécurité des Nations unies et dans d’autres enceintes internationales et œuvre activement à la solution appropriée dans les meilleurs délais des problèmes chauds en Afrique comme celui du Darfour. La Chine participe activement aux efforts internationaux de lutte contre les pirates somaliens. Sur des questions touchant la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Chine comme celles de Taiwan et du Tibet, l’Afrique soutient fermement la Chine comme depuis toujours.

 

4. Ouverte et transparente, la coopération sino-africaine n’est pas exclusive. Loyales et honnêtes, les relations sino-africaines ne visent aucune tierce partie. La coopération entre la Chine et les pays africains est une partie de la coopération légitime et normale que les PVD entreprennent en vue de réaliser leur développement commun. Nous estimons, comme depuis toujours, que l’Afrique apparient aux peuples africains, que ces derniers ont le droit et aussi la capacité de choisir les modalités propres à eux pour traiter leurs affaires. La Chine ne cherche pas à établir la soi-disant « zone d’influence » en Afrique. Nous serons heureux de voir d’autres pays déployer des efforts sincères destinés à aider l’Afrique à réaliser son développement.

 

5. Les deux parties peuvent traiter, de façon scientifique et objective, les problèmes qui existent dans les relations sino-africaines. Ces dernières ne sont certainement pas parfaites. Car il existe des différences entre la Chine et l’Afrique en termes de conditions concrètes, de niveau de développement, de traditions et de coutumes d’autant plus que la coopération sino-africaine touche un éventail de domaines et s’échelonne aux différents niveaux, surtout que nous sommes dans une période différente de celles du passé, caractérisée par de nombreuses nouvelles particularités. C’est pourquoi, il est tout à fait normal qu’il y ait des divergences de vues sur les relations sino-africaines. La Chine comme l’Afrique ont la volonté d’étudier avec sérieux les problèmes existants, d’y faire face avec sérénité et de les résoudre conjointement dans un esprit large et avec une patiencesuffisante.

 

D. Communication et concertation tous azimuts à renforcer entre les deux parties

 

La porte reste toujours ouverte pour les discussions entre amis. Je voudrais saisir cette occasion pour vous inciter à réfléchir sur ce qui est à faire pour un meilleur développement plus rapide des relations sino-africaines. J’estime que les deux parties se doivent de renforcer davantage communication et concertation tous azimuts, notamment quand des problèmes ou des difficultés surgissent.

 

Car, bien souvent, des problèmes sont dus au manque de connaissances mutuelles, à la compréhension insuffisante des problèmes réels rencontrés, et à celle des pensées et habitudes de l’autre partie dans la conduite des affaires. Nous ne devons pas laisser les problèmes mineurs ou de détail disperser nos énergies et affecter notre ardeur dans la coopération, ce qui conduirait à une baisse notable de l’efficacité de cette dernière. Tout en renforçant les échanges entre les gouvernements, nous devons accorder une attention méritée aux échanges non gouvernementaux. Car l’amitié entre les peuples est la base de toutes coopérations. Cette amitié nécessite des efforts de tous les acteurs sociaux des deux parties pour la cultiver. Parallèlement, nous devons voir aussi que nos relations bilatérales souffrent encore des effets négatifs des reportages déformés de certains médias occidentaux. Nous devons être vigilants à cet égard pour que nos peuples puissent connaître la vérité de la coopération amicale sino-africaine d’où une meilleure immunité de nos relations.

 

En guise de conclusion :

Les peuples africains sont des peuples libres.

L’Afrique est un continent prometteur.

Les relations sino-africaines auront une meilleure perspective à l’avenir.

 

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