Lucien Guilao: "Un président élu sans les Guinéens de l'étranger, sera illégitime"

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A trois mois des élections présidentielles en Guinée, des milliers de Guinéens résidant à l'étranger attendent leur inscription sur les listes électorales.Pour le ministre chargé des Guinéens de l'étranger, la tâche s'annonce titannesque!Malgré les difficultés, Lucien Guilao garde son optimisme pour faire des résultats à la tête de ce département durant la transition.Au micro de nos confrères d'Aminata.com, le ministre Lucien Guilao expose ses projets pour nos compatriotes résidant à l'étranger.

Aminata.com: Monsieur le Ministre, que répondez vous à ce qui pensent que la création d’un Ministère en charge des Guinéens de l’extérieur, en cette phase de transition n’était pas nécessaire ?

Lucien Guilao: Je pense qu’il appartient plutôt au Premier Ministre son excellence Jean Marie Doré de répondre à cette question. A mon avis, le Premier Ministre a voulu par cette décision montrer tout l’intérêt qu’il accorde à la diaspora Guinéenne, qui comme vous le savez , est très nombreuse et très diversifiée. En ce qui me concerne, je pense que ce poste est un des plus importants du Gouvernement et je ne peux être que fier de l’occuper aujourd’hui.

Quelle est donc la mission assignée à votre Ministère en cette phase Transitoire ?

Une des principales missions du Gouvernement de Transition est de mener le pays vers l’organisation des élections libres, crédibles et transparentes. Notre mission en tant que Ministère des Guinéens de l’Etranger, est de sensibiliser et mobiliser nos compatriotes de l’Etranger pour une participation massive au scrutin présidentiel. J’avoue que la motivation, l’envie et la détermination des Guinéens de la diaspora à participer au vote, nous a facilité la tâche et nous a conforté dans notre mission. Le prochain Président élu après des élections libres, crédibles et transparentes sans la participation des Guinéens de l’Etranger serait à mon avis illégitime.

Ma seconde mission serait beaucoup plus institutionnelle qu’opérationnelle. Il s’agira de mettre en place des structures fiables et durables dans le but de pérenniser ce Ministère. Ce Ministère ne mérite pas de faire le yoyo entre, être et ne pas être.

Je suis convaincu qu’avec la volonté politique affichée de Monsieur le Premier Ministre et son Gouvernement, il n’y a pas de raison de s’inquiéter. Pour réussir, nous avons besoin de toute la diaspora Guinéenne et je pense que nous devons saisir la chance d’avoir dans le Gouvernement, une bonne poignée d’anciens Guinéens de la Diaspora à commencer par moi-même.

L’accomplissement de cette mission demande des ressources nécessaires, notamment humaines, financière et matérielles, les avez-vous ?

Les Ressources humaines restent et demeurent ma plus grosse richesse. En ce qui concerne, les ressources financières, je ne vous apprendrai rien quand je vous dis que les caisses de l’Etat sont vides. Nous avons la sagesse et l’obligation de faire avec ce que l’on a. Ce qui est le plus embêtant à ce niveau c’est le manque d’infrastructures, et figurez-vous que mon Ministère n’a toujours pas de local où s’installer un mois après ma nomination.

Comment faites-vous pour travailler sans bureau ?

J’ai du, louer un bureau afin de pouvoir travailler avec mes proches collaborateurs sur le plan d’actions à court terme et sur les perspectives à moyen et long terme. Il reste bien entendu que les perspectives à moyen et long terme permettront à mon successeur de poursuivre l’œuvre engagée.

Pensez-vous avoir des résultats dans ces conditions ?

Je vous surprendrai en vous répondant, Oui je pense obtenir des résultats par ce que, les ressources humaines existent et sont à ma disposition. Et n’oubliez pas que la volonté politique existe à la fois chez le Chef de l’Etat que chez le Premier Ministre et son Gouvernement. Le mélange, volonté politique+ressources humaines motivées, peut être détonnant dans le bon sens du terme.

Qu’est ce qui vous rend si sûr de vous?

Ecoutez ! Je viens de vous le dire, Quand mon Chef, me dit «Monsieur, le Ministre j’ai confiance en vous, faites ce qu’il y a lieu de faire, vous avez mon soutient …. » il m’oblige à me multiplier par 4 pour obtenir des résultats.

Avec la volonté politique, les ressources humaines et un petit budget, il est tout à fait possible d’avoir des résultats dans le cadre d’un plan d’actions à court terme.

Quelles ont été vos principales actions un mois après votre nomination ?

Durant ce mois il a été surtout question de prendre contact avec les 3 banques installées en Guinée. Je veux parler de la Banque Maroco-Guinéenne, la BSIC et la UBA. Des séances de travail sont prévues avec ces établissements et devraient déboucher sur quelque chose d’intéressant pour la Diaspora. Nous avons eu des entretiens intéressants avec les ambassadeurs de France et d’Espagne, avec le Représentant de L’Organisation Internationale de la Migration en Guinée.

Nous avons mis à profit nos missions effectuées avec le Chef d’Etat le Général Sékouba Konaté au Mali, en Libye et au Sénégal. La mission de Bamako, nous a permis d’attirer l’attention du Chef de L’Etat sur l’impérieuse nécessité du vote des Guinéens de l’Etranger. Celle de Tripoli, qui pour moi a été la plus édifiante, par ce que lors de cette mission j’ai eu la certitude d’avoir à faire à la colonie Guinéenne la plus malheureuse de la Diaspora.

Enfin lors de ma mission de Dakar, nous avons eu des séances de travail très fructueuses avec le Ministre des Sénégalais de l’Extérieur et ses cadres.

Nous avons eu d’autres séances avec des cabinets de consultants spécialisés dans la gestion des flux migratoires et dans l’organisation des forums. Ma séance de travail avec l’ancien Ministre d’Etat chargé des Affaires Étrangères Sénégalais, Monsieur Gadio m’a été d’un apport extra ordinaire.

A Dakar, la cerise sur le Gâteau a été ma rencontre avec le collectif des cadres Guinéens du Sénégal qui figurez vous, existe depuis 1984. J’ai été impressionné par leur envie d’apporter quelque chose à la Patrie. Les cadres Guinéens vivant au Sénégal ont une telle envie, une telle soif d’aider le pays que l’on ne trouve nulle part ailleurs.

A court terme il va donc s’agir d’impulser l’organisation du Forum National des Guinéens de l’Etranger, la mise en place du Haut Conseil des Guinéens de l’Etranger.

L’idée de la création d’un fonds d’Assistance aux investissements des Guinéens de l’Extérieur est d’ores et déjà acquise.

Au niveau de l’Habitat, la communauté Guinéenne vivant en Angola va se voir attribuer bientôt des parcelles viabilisées dans la banlieue de Conakry. Il s’agit de plus de 1.000 parcelles.

Aujourd’hui nous avons deux banques, un cabinet conseil et une compagnie d’assurance prêts à nous accompagner ; nous avons une société immobilière avec un projet et des plans adéquats et nous avons des experts du Ministère de l’Habitat décidés à faire le maximum pour boucler cette affaire assez rapidement. En cas de réussite, nous sommes convaincus que le cas des Guinéens d’Angola va avoir un effet positif de boule de neige. L’autre projet que nous avons et qui peut aboutir assez vite est celui d’étendre cette idée vers les villes de notre pays à savoir Labé, Pita, Dalaba, Kindia, Boké, Nzérékoré, Kankan, Siguiri…..

Monsieur le Ministre, votre optimisme et votre détermination nous épatent, ne craignez-vous pas de faire des erreurs ?

Faire des erreurs est humain et pas grave, mais s’entêter et persévérer est dangereux et diabolique.

Cependant je suis convaincu que la vérité de demain se nourrit de l’erreur d’hier. Laissez nous faire nos erreurs, elles ne pourraient qu’être bénéfiques aux prochains.

Monsieur le Ministre, un dernier mot ?

Je voudrais simplement dire à nos compatriotes de la Diaspora, que ce Ministère leur appartient, et que nous attendons beaucoup d’eux et nous savons qu’ils attendent aussi beaucoup de nous. Je pense que leur apport en terme de compétence, de ressources humaines et/ou financières ne pourront que pérenniser ce Ministère.

Mettons nos divergences de côté et travaillons dans l’intérêt de la Guinée. Le développement de notre pays passe forcement par une participation effective et massive des Guinéens de l’Etranger. Car il est inconcevable d’échouer là où Maliens, Sénégalais, et Cap verdiens ont réussi. Je tien par la même occasion à faire un petit clin d’œil au collectif des cadres Guinéens du Sénégal et leur dire que leur disponibilité m’a épaté.

Je ne pourrai terminer sans faire un autre petit clin d’œil à la Radio Diaspora qui émet à partir de New York et je lui dis merci pour m’avoir donné l’occasion de participer à une de leur émission. Il faut que nos compatriotes sache que cette émission a renforcé ma conviction selon laquelle que tous ensemble, il est possible de réussir quelque chose d’immense pour notre Pays.

Interview réalisée par Taliby Dos Camara

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