N'en a-t-on pas déjà assez d'A.C. ?

 

Le Président Alpha Condé (A.C. pour les…timides !) a officiellement pris sa fonction le 21 décembre 2010. Je dis bien « sa » et non « ses » fonctions car, pour lui, le pouvoir ne se partage pas. Or, pour un Président de la République, surtout lorsqu’il prétend être démocratiquement élu, l’exercice du pouvoir ne consiste pas à s’accaparer de tous les pouvoirs mais d’accomplir ceux qui lui sont constitutionnellement attribués pour une période prédéterminée.

Aujourd’hui, la Guinée flotte; demain, elle risque de couler. Peut-être sans son Président en exercice. En effet, quand on voit le changement qui se met en place, je me pose légitimement la question de savoir si Alpha Condé aime vraiment la Guinée car depuis que ce soi-disant « Mr Propre » est devenu le « Responsable Suprême de la Gestion », le quotidien du Guinéen ne s’est pas amélioré !

 

Je me suis volontairement imposé un silence de quelques semaines pour chercher en toute objectivité le moindre signe positif indiquant « le début du commencement d’un changement » dans l’action d’Alpha. En vain ! Comme tout est mouvement, la Guinée change avec Alpha, mais dans le mauvais sens : tout se détériore !

 

Rappelons régulièrement les 6 axes prioritaires du candidat Alpha :

« - unité nationale dans le respect de la démocratie et des libertés fondamentales ;

- autosuffisance alimentaire

- école et santé pour tous, avec prise en charge des enfants et des femmes enceintes

- développement basé sur l’agriculture et la transformation du secteur informel productif

- programme de réformes structurelles en partenariat avec tous les secteurs d’activité

- encourager l’investissement étranger. »

Comme ces axes sont tirés de la bible de l’« Alliance Arc-en-ciel » et qu’il ne faut surtout pas brûler le « livre saint » du Pr. Condé, il est vivement recommandé de les avoir à l’esprit pour évaluer l’action actuelle et future de notre Président. D’ailleurs, faut-il encore parler d’« Alliance » lorsque le contenu se confond avec le contenant? Le RPG a voulu phagocyter tous ses alliés pour fonder, comme l’avait fait un certain PDG, un Parti-Etat mais les principaux partis ont refusé ce cannibalisme politicien.

Le problème d’A.C. est qu’il se comporte en chef traditionnel alors qu’il gère un Etat aux structures certes archaïques mais dans un environnement moderne. Nous ne sommes plus dans l’Afrique des années 60 ! A.C. voulait tellement le pouvoir qu’il n’a pas pensé comment il s’exerce. C’est pourquoi il tâtonne avec un gouvernement qui boitille. En apprenant sur le tas, notre stagiaire de président fait un tas de bêtises. Un « démocrate » qui ignore la séparation des pouvoirs et qui ne pense qu’au pouvoir. Ce réflexe villageois n’est plus opérant, même au village. A.C. ne veut pas d’une Assemblée Nationale sans une majorité soviétique de son parti.

Comme le disait Mobutu, dans un village c’est le chef seul qui décide et il n’y a pas d’opposition. Prions donc pour que le chef Condé revienne en ville. Ce n’est pas en quelques mois d’exercice effectif de pouvoir qu’il faut juger Condé mais je souhaite bien du plaisir à ses partisans qui chercheront à positiver son action globale au terme des « 100 jours ». On voit déjà vers où le vent souffle : le changement d’A.C. n’apportera rien de bon à la Guinée. Je souhaiterais vivement que sur ce point, « Kylé ait tout faux ! ». Je le répète : A.C. est incapable de bien gérer le pays, d’où sa fuite (ça rappelle quelque chose !) devant les vraies responsabilités. Il ne grimpe pas non plus (ça rappelle encore autre chose) dans l’estime des Guinéens qu’il cherche à diviser, y compris dans son propre camp. Verra-t-on bientôt l’ « Arc des Déçus » dans une Guinée « toujours en transition »?

Prenons simplement les mots initiaux (unité nationale) du premier axe d’A.C. C’est à croire que le premier magistrat de Guinée est complètement désaxé. Il passe dans toutes ses déclarations du coq, emblème de son parti, à l’âne qu’aucun n’a pris pour symbole (et, pourtant !) en parlant de grâce pour des citoyens non condamnés en justice, d’évènements au « Stade » qui ne se résumeraient qu’à des viols, etc.

En ce moment, la menace qui pèse sur l’unité nationale provient d’A.C. lui-même :

- à l’intérieur A.C. cherche à déclencher dans la presqu’île du Kaloum, sa « guerre du riz » en faisant passer les Peulhs, responsables selon lui de l’inflation « grimpante », pour les « affameurs » des Soussous après avoir été les « empoisonneurs » des Malinkés! Stratégiquement, A.C. n’a pas changé mais tactiquement, il ne cherche plus à opposer les Malinkés aux Peulhs (la fièvre a un peu baissé) ni les Forestiers aux Peulhs (arguments difficiles à trouver) mais les Soussous aux Peulhs avec lesquels la cohabitation est plus douce. Les protagonistes que Condé s’est choisis ont compris son jeu maléfique. A.C. nourrit une haine viscérale contre les Peulhs, ses uniques boucs émissaires, mais ce qui l’embête c’est qu’il ne sait pas comment s’en débarrasser. Il peut, tout au plus, les incommoder pendant qu’il est au pouvoir (l’odeur de bouc ne tue pas si elle n’est pas durable) mais ne peut gagner techniquement, faute de maillage sécuritaire performant, là où Sékou Touré a échoué historiquement.

- à l’extérieur A.C. serait sur le point de former au Burkina Faso des milices ethniques à sa dévotion. Une insulte à la trop choyée Armée Guinéenne sur laquelle il ne pourrait plus compter ? Cette armée attend fébrilement ses augmentations de 100% promises non pas par le candidat mais par le Président Condé, également ministre de la défense. Pourquoi des milices ethniques ? Pourquoi au Burkina Faso ? Même le chef sud-africain Buthelezi fait entraîner les troupes de l’Inkhata dans son propre pays. C’est la première fois que j’entends parler d’un Président en fonction qui crée une « armée parallèle » à l’extérieur de son Etat. Sacré Condé qui pense pouvoir rouler même L. Kouyaté dans la farine de… riz!

 

Dans ces circonstances peu réjouissantes, que faudrait-il faire ? Ne pas baisser les bras ! Le combat ne continue pas, il commence. A.C. ne sait pas conduire mais il sait nuire. Opposons-lui une résistance à la hauteur de l’enjeu de survie. Il a été déclaré Président, qu’il préside ! Mais dans le cadre de la constitution. La Guinée a rapidement besoin d’une Assemblée Nationale anti-dérives car A.C. n’agit pas autour de valeurs de liberté et de démocratie mais s’est entouré de voleurs dont ceux qui avaient participé à son embastillement.

Pour le contrer légalement, il faut que Cellou Diallo, Sydia Touré, Abé Sylla, Elhadj Soumah et les autres se lèvent et continuent à travailler ensemble sur le terrain. Ils doivent même récupérer les pourris déçus le l’« Arc-en-ciel » qui pourraient, après traitement, leur servir d’engrais. Car les législatives à venir ne seront pas faciles dans la mesure où A.C. a le gouvernement, les finances et même une armée parallèle ! Si on le laisse maîtriser seul le calendrier électoral, comme ce fut le cas entre les deux tours de la présidentielle, et « travailler les chefs locaux », son RPG risque d’écraser « démocratiquement » les autres partis. Donc, vigilance !

Pour terminer, la perle du Net et une remarque.

a) la perle.

La première partie (ce qui annonce au moins une deuxième) de la « liste des débiteurs de l’Etat » vient d’être publiée. C’est vertigineux car confus. Encore un effet d’annonce ? On y a mélangé des personnes physiques et des personnes morales, des dollars et des francs (certains sites n’en ont pas précisé l’origine : suisses ? Cfa ? guinéens ? etc.). Je ne savais pas, au vu de ces sommes folles, que la Guinée était un « émirat caché ». Pourquoi alors Kadhafi, qui risque de ne plus pouvoir distribuer à sa guise son zakat pétrolier, a annulé une dette dont on ne sait même pas à quoi elle a pu servir en Guinée ?

J’aimerais également savoir comment ceux qui ont commencé à payer leurs dettes l’ont fait car on connaît le jeu d’écritures de nos combinards qui sont capables de « rembourser » l’Etat en volant ses propres recettes.

b) une remarque

On prête à A.C. le projet de visite imminente au Fouta. Bien qu’il soit plus président de république que Président de la République, je crois que c’est son droit le plus absolu de se déplacer. C’est avant tout un citoyen qui a le droit d’exercer sa liberté de circulation sur toute l’étendue du territoire, que ce soit à Dalein ou à Siguiri. J’espère simplement qu’il se contentera de rester dans les lieux publics et autres « domaines appartenant » à l’Etat et qu’on entendra pas parler de violation de domiciles.

Je vous salue.

Ibrahima Kylé DIALLO

 

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