Naître Guinéen et avaler des couleuvres

Lorsque Dieu décide de vous faire naître Guinéen, il vous prédispose aussi à avaler des couleuvres et des foutaises.

Tout d’abord, nous ne pouvons continuer sans exprimer notre admiration pour les officiers nigériens qui ont encore une fois de plus couper court les volontés totalitaires d’un autre Africain, encore, s’estimant la seule et unique personne capable de diriger son pays, Mamadou Tanja.

Le Nigérien est certes pauvre –quoique, pas pour longtemps, Inch' Allah !- mais vaillant et patriote. Ah ! S’il était possible d’échanger nos Armées, nous donnerions tout pour avoir ces officiers en Guinée contre nos hommes (je n’oserai pas faire insulte à la gent féminine en les qualifiant de ‘’femmes’’) en tenue militaire avec des armes chez nous. Ah, dommage !

Au Niger, contrairement aux militaires guinéens, aucun soldat ne se cache derrière le prétexte ‘’de rester fidèle au Chef’’- plus par poltronnerie- alors que le peuple même est trahi par ce dernier et meurt dans la souffrance.

Cela dit pour continuer, la très grande majorité des Guinéens ayant vécu après 1958 et vivant de nos jours, ont tout vu et tout entendu en Guinée en termes d’offenses et foutaises de la part des gouvernants et des nostalgiques du PDG. En effet, le Guinéen n’est pas pire ou meilleur que les autres mais il manque plus que la majorité des Africains -hormis peut-être, les Togolais- de courage et d’opiniâtreté.

Le cas des Forces vives avec tout particulièrement celui d’un jeune leader très ‘’vocal’’ et rebelle (ce qui faisait son admiration) et qui paraissait déterminé illustre bien ce constat navrant et démoralisant. Bien qu’ils aient donné une fin de non recevoir ferme et catégorique –en tout cas, en apparence- à tout partage ou association du CNDD à la transition, il a fallu que Blaise Campaoré (notre régent) leur fasse miroiter des postes ministériels pour qu’ils deviennent tous et d’un coup des agneaux (les tigres ont cessé de crier leur tigritude, même s’ils n’ont jamais eu l’intention de sauter) et très accommodants.

Le Président burkinabé fait de la politique depuis assez longtemps pour connaître et maitriser les astuces pour dompter nos soi-disant opposants. Sa recette politique pour cela est presque universelle : toujours proposer à ceux qui s’opposent des postes ministériels avec ou sans portefeuille, cela marche presque toujours surtout en Afrique.

Le plan de Campaoré, l’expérimenté, a été relativement simple pour aider le CNDD : puisqu’ils (les opposants) s’excitent avec l’appui de la Communauté internationale, nous les connaissons, nous allons leur proposer de diriger la transition sachant que leur union de façade va éclater ; et pendant qu’ils se mettent des peaux de bananes, nous allons conserver sous forme de ‘’cabinet présidentiel’’ toutes nos prérogatives avec des pleins portefeuilles ; et voilà le tour est joué ! Et Comme la Côte d’Ivoire, une transition de 6 mois peut durer des années car nous n’avons jamais précisé le facteur multiplicateur qui va avec ‘’6’’.

De là, il va obligatoirement et automatiquement se créer une conspiration tacite de tous les acteurs politiques impliqués dans cette transition (gouvernement et CNT) pour qu’elle dure le plus longtemps possible ; pour l’évidente raison que la majorité va retourner dans l’anonymat et aussi se retrouver sans ressources financières une fois la crise terminée. Le nombre de ministres et ceux qui vivent autour de Konaté n’est pas fortuit. Entre autres et surtout : tant que Pivi et Tiegboro seront libres et armés, cette transition pourrait durer bien au delà de 2010 sans qu’elle ne soit déstabilisée, même si des voix vont s’élever pour la forme et la galerie car au fond cela arrangera tout le monde sauf celui qui paie bien sûr, le peuple.

Autrement, comment expliquer que des leaders acceptent pour seulement 6 mois de gouvernement de ne plus être candidat aux élections ? Pourquoi ont-ils créé un parti alors ? Cela confirme nos doutes : il y a de nombreux partis politiques ‘’business’’. Ou alors, vont-ils aussi joué au Dadis et prétendre qu’ils ne peuvent être candidat aux présidentielles mais par contre ils peuvent l’être pour les législatives : quoiqu’ ils auraient raison car les accords dits de Ouaga sont si confus qu’ésotériques ! Et ce qui est sublimement habile de notre part, les Guinéens, qui sort inéluctablement de la bouche de nos dirigeants et leaders politiques pour masquer notre manque de courage et caractère de pusillanimes politiques : « la paix sociale ». Mais nous devons admettre que « l’homme qui a faim n’est pas un homme libre… » ; et que nous avons préféré « la liberté dans la pauvreté… ».

Ainsi la recherche de cette fameuse ‘’paix sociale’’ défit tous les préceptes ou concepts de la pyramide des besoins de Maslow (bien que challengés de nos jours) car en Guinée, la vie du citoyen est bafoué à tous les niveaux, des besoins physiologiques élémentaires, comme se nourrir jusqu’à ceux de self-estime ; car le chef en Guinée est ‘’dieu’’, comme les Dadis shows le montraient.

Que vaut la paix sociale dans ces conditions ? Pouvons-nous affirmer que le Guinéen est en paix ?

Gandhi, Luther King ou Mandela ont su lutter efficacement justement pour conserver une paix sociale durable car sans justice, point de paix, tout court ! Ils ne sont restés ni passifs ni compromis leur combat et leur victoire finale par la compromission ou la reddition : voila tout le secret de leur succès !

Cela aussi dit, qu’en est-il des foutaises lorsqu’on naît Guinéen :

• De 1958 à 1984, celui qui est abusivement appelé ‘’père de la Nation’’ alors que le pays ne répond à aucun critère qui en fait une nation avec la division ‘’ethnique’’ générée par la première république, entretenue et exagérée par le régime Conté.
Après 26 ans, un quart de siècle, ce leader, certes charismatique mais machiavélique, a fait fuir plusieurs centaines de milliers –estimé à plus d’un million- de ses compatriotes et en a éliminé physiquement environ cinquante mille, avec le tristement célèbre Camp Boiro.
En 1984 à sa mort, il n’a laissé aucun héritage positif de fierté nationale. En termes d’infrastructure, en 26 ans, la Guinée avec toutes ses richesses minières a été incapable de construire quoi que ce soit par elle-même a fortiori sur le plan humain, éducation, gouvernance ou démocratie !
En 1984, nous avons trouvé le Palais de Peuple, don de la Chine ; la RTG, don de la Libye ; la grande mosquée Fayçal, don de l’Arabie Saoudite ; la Cité de Nations avec son palais, don du Maroc ; et c’était tout à l’époque dans Conakry comme sites physiques de référence. Donc, entendre parler le PDG aujourd’hui qui n’a aucun bilan digne pour la Guinée après avoir été 26 ans au pouvoir ; et le fils de l’Autre après avoir passé plus d’une vingtaine d’années aux USA, chez les «impérialistes» et non à Cuba par exemple, qui endosse le passé de son père, ce n’est ni plus ni moins que de la foutaise et difficile à avaler.
Les belles paroles et des discours faits de rimes dénués de sens pratique n’ont jamais nourri le peuple, même pas éduqué mais plutôt l’a abruti !

• De 1984 à 2009, un militaire de carrière arrive au pouvoir après un coup d’Etat- sur un cadavre. Habitué et formé aux méthodes expéditives du PDG, après la tentative (reste à éclaircir) de coup d’Etat de 1985, les coupables et les dignitaires du PDG sont exécutés en catimini par le CMRN, nous privant ainsi de l’opportunité de les juger pour les crimes de la première république : ce qui aurait aussi mis fin à toutes les négations du PDG aujourd’hui.
Le PUP, version améliorée et civilisée du PDG, instaure un système d’exclusion systématique des Guinéens venant de l’étranger abusivement qualifiés de «diaspos» au point que MM. Ba Mamadou, Alpha Condé et Siradiou Diallo ont été considérés comme des ‘’ennemis’’ et des Guinéens suspects.
Ainsi après avoir été obligés de fuir-avec nos parents pour les plus jeunes- notre pays pour sauver notre vie, nous sommes considérés comme des Guinéens à part, ségrégués comme des ‘’réfugiés’’ dans notre propre pays. Deuxième foutaise, difficile à avaler.

• Dadis réédite l’action de son ‘’père spirituel’’, Conté, en prenant la tête d’un coup d’Etat encore sur un cadavre et il est présenté comme un sauveur sans avoir accompli aucun exploit. Il promet monts et merveilles à une population majoritairement encore nigaud malgré Sékou Touré et Conté en humiliant tous ceux qu’il rencontre –exceptés Pivi et Konaté. Et le CNDD ose afficher dans Conakry des pancartes avec Dadis entouré et implicitement se réclamant à la fois de Sekou Touré et Conté : quelle foutaise pour nous !

Deux dictateurs, l’un sanguinaire, l’autre pilleur. Néanmoins, des cadres (enfants de victimes du camp Boiro compris) mettent leur dignité dans la poche pour l’aider à asseoir sa dictature qui aurait fait beaucoup de mal à la nation en construction n’eût été l’acte de Toumba. Mais le pire et difficile à avaler est l’attitude des Forces vices qui malgré les sacrifices de jeunes Guinéens et des souillures à jamais de Guinéennes n’ont su faire montre de fermeté et de leadership au nom du principe opportuniste de «paix sociale».

Après tant d’efforts et de souffrances de certains compatriotes plutôt que maintenir la pression pour porter l’estocade finale, les Forces Vives ont préféré répondre aux sirènes des postes ministériels, même sans portefeuille. Malgré tout ce qui s’est passé depuis le 28 septembre 2009, accepter de composer (un gouvernement) avec l’équipe de Dadis sous l’alibi spécieux que le processus évolue sachant très bien qu’il est pris en otage et peut être arrêté à tout moment par Pivi et sa bande, est la dernière couleuvre difficile à avaler cette fois-ci de la part de nos alliés de l’opposition.

Pour finir, nous pouvons d’ores et déjà dire que 2010 pourrait nous réserver beaucoup de mauvaises surprises, pas par fatalité mais à cause de l’attitude trop égoïste de ceux qui agissent et parlent en notre nom, la société civile. En effet, l’argument imparable de recherche de la « paix » autorise toutes les compromissions qui nous perdront à la fin car tôt ou tard, il faudra affronter la ‘’bête’’ du CNDD : il aurait fallu tôt plutôt que tard pour gagner du temps pour la reconstruction du Pays.

En jouant à l’autruche malgré nos avertissements dès janvier2009, nos acteurs politiques nous ont fait perdre déjà une année entière. Avec Pivi et le shadow gouvernement de Konaté -qui peut être de bonne foi mais manque de force de caractère et semble très influençable- aucun progrès n’est à espérer.

En fait, les Guinéens sont leurs propres ennemis par leur mentalité vénale et leurs complexes pour les postes politiques ; ce qui permet de dompter toute opposition et favorise l’instauration facile de la dictature en Guinée.

Sans Force de protection à Conakry, nous faisons du sens giratoire perpétuel !

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