Pourquoi l’opposition guinéenne perdra à la prochaine élection présidentielle du 11 octobre 2015 ?

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Le 11 octobre 2015, pour la 5ème  fois de son histoire, le peuple de Guinée se rendra aux urnes pour librement choisir son futur président. Au-delà de l’aspect électif, ce moment revêt un caractère hautement historique car elle dénote, d’une part, la soif de démocratie des filles  et fils de la Guinée, et  d’autre part le désir ardent d’une nation émergente de toujours avoir à sa tête un Président élu grâce aux urnes.

En outre, ce 11 octobre est aussi un moment de souvenir pour toutes ces personnes qui se sont battues pour le triomphe de la démocratie au sein de notre maison commune, la Guinée. Parmi elles, je cite Siradiou Diallo, Bah Mamadou Boye et tant d’autres hommes et femmes méconnus de la scène publique. Ils sont des martyrs. Je vous invite à vous incliner pieusement devant leur illustre mémoire. Puisse leur combat être toujours présent en nous !

Au dernier jour du dépôt des dossiers de candidature, huit dossiers ont été déposé à la Cour Suprême pour validation. Au nombre de ces candidats figurent : le président sortant, Alpha Condé, candidat du RPG Arc-en-ciel ; le chef de file de l’Opposition, Cellou Dalein Diallo de l’UFDG ; Sidya Touré, leader de l’UFR ; Lansana Kouyaté, leader du PDEN ; Marie Madeleine Dioubaté, leader du PEG ; Faya Millimono, leader du BL ; Papa koly kourouma, leader du GRUP ; Georges Gandhi Faraguet Tounkara, leader de l’UGDD.

Au regard de la real politique telle que nous l’observons de nos jours, la question ci- après a pignon sur rue : L’opposition guinéenne est-elle en mesure de créer l’alternance en octobre 2015?

Pour ma part, il me semble qu’il sera difficile pour l’opposition de créer une alternance. Et cela pour trois principales raisons que je détaille ci-dessous.

1.La première raison : Le manque de cohésion au sein de l’opposition

La cohésion est un mot cher à la classe politique guinéenne. Mais sa mise en place  demeure l’un des échecs politiques de nos leaders. En démocratie, l’opposition n’a de force que lorsqu’elle est unie et complémentaire. La récente victoire du président Buhari au Nigéria est la preuve éloquente de ce postulat politique qui veut que seule une opposition unie et organisée est  capable de créer une alternance.

L’UFR et son président, Sidya Touré, ont récemment proposé l’idée d’une candidature unique de l’opposition afin de favoriser l’alternance politique.

Cette idée a été rejetée par l’actuel chef de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, qui considère qu’une unité de l’opposition au 1er tour de l’élection présidentielle serait inappropriée.

2.La deuxième raison : La division des alliés naturels

A moins de deux (2) mois de l’élection présidentielle, l’opposition guinéenne, outre le fait d’aller aux élections présidentielles en queue de poisson, a perdu considérablement du terrain.

Au cours d’une récente  interview, le président de l’UFR a déclaré ne pas soutenir le candidat de l’UFDG en cas de second tour entre ce dernier et le candidat du RPG-arc-en-ciel. Cette annonce du leader de l’UFR marque une rupture totale avec l’UFDG et son candidat. Autres temps autres discours.

A ce jour, tous les candidats qui ont soutenu Cellou Dalein Diallo au second tour de l’élection présidentielle de 2010 l’ont presque  tourné le dos. Pire, certains ont rejoint, au grand jour, le candidat du RPG-arc en ciel, le président candidat Alpha Condé pour une nouvelle mandature. Le cas de Abe Sylla de la NGR est illustratif dans ce cadre.

3.La troisième raison : Le manque de messages mobilisateurs

En cinq ans de pouvoir du président Alpha Condé, l’opposition guinéenne avance en reculant. Durant ce mandat, l’ensemble des actes politiques de l’opposition, ont été tous accompagnés de fautes politiques d’une part et un manque total de communication d’autre part.

Trois raisons expliquent cette perte de terrain :

  • Les différentes marches organisées par l’opposition ont exacerbé toutes les couches sociales tant à Conakry qu’à l’intérieur du pays. En voulant paralyser le pays, l’opposition guinéenne s’est assombrie elle-même en assombrissant du coup tout espoir d’alternance tant voulue;

  • Le manque de propositions concrètes de sortie de crise. Pour preuve l’idée maîtresse du dernier accord politique (à savoir le partage proportionnel des élus communaux en fonction des résultats de la dernière élection législative) a été émise, pour la 1ère fois, par le journaliste Cheick Yérim Seck au cours de l’émission « Les grandes gueules » du 08 juin 2015  de la radio Espace. Un parti politique, c’est d’abord des hommes et des idées. Il est temps que  nos politiques apprennent à émettre et défendre des idées en lieu et place des marches incongrues. 

  • Le manque de communication : rares sont les guinéens qui sont en mesure d’expliquer clairement les différentes revendications de l’opposition. Aucun billet, bulletin ou proposition n’ont été diffusé par l’opposition au cours du précédent mandat.

En plus des trois raisons sus-évoquées, la mise en route du barrage hydroélectrique de Kaleta associés à certaines réalisations tels que réforme de l’armée, recensement biométrique, rénovation et construction des infrastructures, obtention du PPTE, assainissement des finances publiques, assainissement du Fichier de Gestion Administrative de la Fonction Publique, le leadership du président Alpha Condé face à la lutte contre la fièvre Ebola sont autant d‘éléments qui  déroutent les projets d’alternance de l’opposition.

Dans « L’art de la guerre », Sun TZU évoque 5 facteurs déterminants pour une victoire finale: le 1er facteur, c’est l’influence morale ; les 2ème et 3ème, les conditions météorologiques (le jeu des forces naturelles), le terrain (facilité ou difficulté de  les pratiquer), le 4ème, le commandement (courage, équité), et le 5ème, la  doctrine (organisation, autorité).

En revisitant le mandat du président Alpha condé, il semble évident que les 5 facteurs susmentionnés furent appliqués. En politicien aguerri et averti, Alpha Condé a  vigoureusement usé les nerfs de nos chers opposants au point qu’ils sont restés amorphes sur les sujets de société tant à l’assemblée nationale que dans les débats politiques.

A noter que de la  manière que le président cède aux différentes revendications de l’opposition, c’est de la même manière qu’il (Alpha Condé) gagne le terrain politique.

Aussi, politiquement, le candidat Alpha Condé a réussi un coup de maître durant son mandat en pratiquant deux enseignements de Sun TZU : « ne laissez pas vos ennemis s'unir » et  « lorsque l’ennemi est en situation de force, sachez l’entamer, lorsqu’il est bien nourri, l’affamer, lorsqu’il est au repos, le pousser à l’action ».

Malgré quelques imperfections enregistrées au cours du mandat précédent, et à quelques jours du 1er tour des élections présidentielles, tout porte à croire que la réélection du candidat Alpha Condé est sans équivoque. Le slogan « un coup KO » portera, sans nul doute, la chance à l’homme du 17 mai 1991.

Mamoudou Mara  

mamoudoumara@hotmail.com

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