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Premier anniversaire du massacre du 28 septembre 2009

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Il y a tout juste un an, le 28 septembre 2009, la junte guinéenne réprimait dans le sang une manifestation de l’opposition. Bilan de cette tragédie : plus de 150 morts et plus de 100 femmes violées.

Depuis, la situation a changé en Guinée, les principaux responsables du massacre ont perdu de leur influence. Moussa Dadis Camara est en repos forcé au Burkina Faso, Toumba Diakité est toujours en fuite et Moussa Tiegboro Camara se fait très discret à Conakry. Qu’en est il des victimes.

Ce sont des femmes aux yeux toujours embués et au sourire fêlé. Certaines ont été violées en pleine rue, d’autres enfermées des jours durant, pour être utilisées comme esclaves sexuelles par les soudards du pouvoir. Oumou, une mère de famille d’une quarantaine d’années, n’a toujours pas surmonté le traumatisme :

« Ce qui s’est passé le 28 septembre, j’ai l’impression que pour moi c’est pas encore fini, quand je pense à tous ces militaires qui sont passés sur moi, ça me traumatise. Mon mari m’a quitté, je me sens seule, ma vie s’est arrêtée le 28 septembre, c’est terrible…

A la tragédie du viol s'ajoute la marginalisation sociale

J’ai pensé, sincèrement, à me suicider, heureusement j’ai pensé à mes enfants. Finalement, je me dis, tu te fais ça, toi peut-être ça va être réglé, mais pour tes enfants, ils n’auront personne à côté… C’est un cauchemard et le cauchemard continue ».

Pour toutes ces femmes comme Oumou, à la tragédie du viol, s’est ajoutée la marginalisation sociale. Pour elles, si l’espoir de voir la Guinée passer d’un régime militaire à un pouvoir civil est réel, il n’est en revanche pas question de pardonner.

le 28 septembre, un sujet dont on ne parle pas

C'est un signe qui ne trompe pas. Aucune manifestation officielle n'est prévue ce mardi 28 septembre 2010 à la mémoire des victimes des massacres de l'an dernier. Tout juste sait-on qu'une séance de prière aura lieu à la grande mosquée. Comme si l'état guinéen et les militaires qui dirigent le pays voulaient une fois de plus occulter les pages peu glorieuses de l'Histoire.

Moussa Dadis Camara en villégiature à Ouagadougou

Les auteurs présumés des masacres du 28 septembre 2009 coulent des jours tranquilles. Tiegboro Camarra et Claude Pivi, deux des principaux supects, se sont fait discrets. Ils ont perdu de leur superbe mais continuent d'occuper des fonctions dans l'appareil militaire. L'autre suspect, Toumba Diakité, est en fuite, mais personne ne le recherche vraiment. Enfin, Moussa Dadis Camara, accusé par les enquêtes internationales d'avoir commandité le massacre, se repose tranquillement à Ougadougou.

Le 28 septembre n'est pas un sujet dont on parle. Même durant la campagne électorale. Les candidats à la présidentielle ne l'évoquent qu'en de rares occasions, et souvent pour plaider la réconciliation nationale. Quant à la justice, elle fait ce qu'elle peut, dans cet environnement peu propice. Les trois magistrats nommés par le ministère de la Justice pour diriger l'enquête ont procédé à quelques arrestations de seconds couteaux. Des arrestations davantage destinées à calmer l'impatience de la Cour pénale internationale.

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Commentaires

  • BAYO Abidine
    • 1. BAYO Abidine Le 28/09/2010
    Dans son laborieux combat pour l'avènement de la démocratie, le peuple martyr de guinée se souviendra à jamais, du cauchemardesque traquenard du 28 septembre 2009. En ce désormais triste et mémorable jour, les combattants de la liberté ont... voulu metrre à profit, la symbolique de cette date historique, qui vit en 1958, le peuple souverain de Guinée, exprimer sa volonté de s'émanciper de la tutelle du colonisateur, en déclinant massivement et majoritairement, lors d'un référendum, l'offre d'adhésion à la communauté française, faite par la métropole, aux colonies en voie d'indépendance, pour dénoncer les dérives autoritaires du CNDD, dans sa tentative de confiscation du pouvoir. La tragédie qui' s'en est suivie, dépasse l'entendement humain, car des Vicimes innoncentes se sont retrouvées tragiquement fauchées, en tombant sous les balles assassines de la soldatesque, des boureaux qui aujourd'hui avec la complicité implicite des autorités de la transition, continuent à se couvrir honteusement sous le menteau de l'impunité.
    Hommage à tous les martyrs connus ou anonymes tombés sur le champ de la bataille pour l'émancipation et l'épanouissement des populations guinéennes dans leur ensemble. Ils étaient comme nous, nous serons comme eux et en leur mémoire et pour le repos de leurs âmes, la lutte doit continuer pour en finir avec les tares qui abrutissent les consciences et cantonnent les mentalités dans une logique de haine et de défiance.
    Vive la Guinée!

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