Présidentielle au Sénégal : Wade a reconnu sa défaite

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Le président sénégalais sortant Abdoulaye Wade a reconnu dimanche soir sa défaite au second tour de la  présidentielle, a annoncé la télévision publique sénégalaise (RTS). Il  a «appelé dimanche à 21h30 locale (23h30 à Paris) son rival (et ex-Premier ministre, Ndlr) Macky Sall pour le féliciter après les premières tendances qui le donnent vainqueur du second tour de la présidentielle», selon la même source.

L'information a été confirmée par Moussa Diop, un proche conseiller de Macky Sall qui a déclaré: «La victoire est officielle, Wade a reconnu sa défaite.»

Les premiers résultats officiels ne sont pas attendus avant mardi ou mercredi, mais les chiffres bureau par bureau égrenés dans la soirée par les médias sénégalais donnaient Sall en tête dans la plupart d'entre eux. Des milliers de personnes se sont rassemblées dimanche soir devant le siège de campagne à Dakar de l'opposant à présent victorieux. Des scènes de liesse similaires avaient lieu dans plusieurs quartiers de Dakar, y compris au coeur de la ville, Place de l'Indépendance, proche du palais présidentiel.

Le second tour s'est déroulé dans le calme

De longues files d'attente s'étaient formées avant 8 heures (10 heures à Paris), heures d'ouverture des bureaux de vote visités par l'AFP. Près de 5,3 millions d'électeurs étaient appelés à voter dans quelque 11 900 bureaux à travers le pays, qui ont fermé à 18 heures (20 heures à Paris).

L'appel au calme lancé samedi par plusieurs acteurs de la vie politique et les observateurs internationaux a été a priori entendu. Hormis l'action d'hommes armés qui ont perturbé le vote dans quelques bureaux de Casamance (sud), région en proie à une rébellion indépendantiste depuis trente ans, aucun incident grave n'a été signalé dans le reste du pays.

Le Sénégal est souvent cité comme l'un des rares exemples de démocratie en Afrique, en particulier en Afrique de l'Ouest régulièrement secouée par des violences politico-militaires, comme en témoigne le coup d'Etat qui a renversé jeudi au Mali voisin le président Amadou Toumani Touré.

Wade avait oublié son bulletin dans l'isoloir

Candidat à sa propre succession, le président sortant Abdoulaye Wade, 85 ans, au pouvoir depuis 2000, avait abordé ce second tour dans une position relativement délicate. S'il est arrivé en tête du premier tour du 26 février avec 34,81% des voix, c'est Macky Sall (26,58%) qui semble rassembler le plus largement. Alors qu'il avait été hué dans son bureau de vote au premier tour, Wade, venu voter en famille, dans son quartier du «point E» à Dakar, a été accueilli sous les acclamations de 200 à 300 de ses partisans : les services de sécurité avaient pris leurs précautions. Il avait oublié son bulletin dans l'isoloir et est allé le rechercher pour le glisser dans l'urne, selon un photographe de l'AFP. 

Sall a rallié l'opposition

Agé de 50 ans, Macky Sall a obtenu le ralliement des douze candidats éliminés au premier tour qui ont appelé à voter pour lui afin de barrer la route à  Wade dont ils ont jugé la candidature «anticonstitutionnelle» après deux mandats. Accompagné de son épouse, il a voté dans une école de sa ville de Fatick (centre) où étaient rassemblées des centaines de personnes, électeurs et partisans. Il a salué «la mobilisation» des Sénégalais jusqu'ici constatée un peu partout dans le pays.

L'opposant disposait aussi du soutien de nombreuses organisations de la société civile, de mouvements de jeunes comme «Y'en a marre» et de personnalités telles que le célèbre chanteur populaire Youssou Ndour. Macky Sall peut l'emporter avec plus de 60% des voix. Samedi, il disait croire à un score «autour de 70%», appelant cependant à la «vigilance» par crainte de fraudes organisées par le camp du président sortant. Ce dernier compte quant à lui sur les abstentionnistes du premier tour (48,42%) et a affirmé que «l'élection sera transparente et exemplaire».

Un vote sous surveillance

Au total, quelque 300 observateurs étrangers surveillent le vote, notamment de l'Union africaine (UA), de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et de l'Union européenne (UE). Le ministre français à la Coopération, Henri de Raincourt, a déclaré que La France a «confiance» dans le peuple sénégalais pour accepter le résultat de la présidentielle, notant qu'Abdoulaye Wade n'a fait aucune déclaration dans un sens contraire.


En Ile-de-France, la diaspora sénégalaise vote Sall

L'ex-Premier ministre Macky Sall est le favori des Sénégalais d'Ile-de-France qui se sont massivement mobilisés dimanche à la Plaine-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), au nord de Paris, pour voter au second tour de l'élection présidentielle. Les abords du Dock Eiffel, un des trois anciens magasins généraux de la ville de Paris,  faisaient penser à un quartier de Dakar. Les électeurs enthousiastes se prêtaient de bonne grâce à des questions des journalistes et n'hésitaient pas à se prononcer «pour la rupture», alors que d'autres, plutôt discrets, prônaient la continuité.

Quelque 30 300 électeurs y avaient voté au premier tour, ce qui représente le plus grand contingent d'électeurs en France, selon le consulat du Sénégal à Paris qui organise les élections. Ils avaient placé Macky Sall en tête. D'autres bureaux sont ouverts au Havre, à Marseille et à Lyon.

S'il est propulsé à la tête du Sénégal, l'ancien Premier ministre est attendu par la diaspora sur deux points clefs. «La levée de l'interdiction d'importation des voitures de plus de 5 ans et l'abolition de la surtaxe qui frappe aujourd'hui nos coûts téléphoniques qui n'est rien qu'une façon d'enrichir quelques proches du président», juge Mamadou Souané de l'Alliance pour la République.

Source: Le Parisien

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