Que peut une force de protection en Guinée?

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Un tournant décisif. C’est ainsi que s’est déclinée la première rencontre du groupe international de contact sur la Guinée, après la tentative d’assassinat du capitaine Moussa Dadis Camara, le chef de la junte militaire au pouvoir dans ce pays. En effet, à Ouagadougou, capitale de la facilitation de la crise guinéenne, Mohamed Ibn Chambas, le patron de la Commission de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), n’est pas passé par quatre chemins pour montrer une fois de plus la catastrophe socio-économique qu’engendrerait une crise plus profonde en Guinée, pour les pays voisins, pour ne pas dire toute la sous-région. 

Et pour désamorcer le cocktail explosif guinéen dont les ingrédients se mettent progressivement en place, à commencer par l’insécurité grandissante qui plane sur les populations civiles et leurs biens et pourraient les jeter bientôt sur la route de l’exil, le fonctionnaire de la CEDEAO propose, entre autres, le déploiement en Guinée, d’une force internationale de protection.

L’idée est loin d’être nouvelle, ayant déjà été évoquée par Alpha Condé, le leader du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), dans un entretien qu’il nous a accordé et publié il y a quelques jours sur Fasozine.com dans la rubrique Politique. La mise en place de cette force mérite tout de même quelques interrogations, notamment quant à son mode opératoire sur le terrain. Les exactions sur les populations civiles et l’atteinte aux droits humains sont visiblement l’un des sports favoris d’une armée guinéenne que son premier chef, toujours hospitalisé à l’hôpital militaire de Rabat au Maroc, avait qualifiée d’ «incontrôlable», avec sa légendaire candeur. De combien de temps disposera la force internationale pour prendre effectivement corps et disposer de la logistique adéquate pour être opérationnelle en matière d’intervention? Sur le terrain, cette force aura-t-elle la latitude de se réaliser, à moins d’entrer en confrontation avec les éléments d’une armée «incontrôlable»? Malgré l’absence de Dadis, dont le retour aux affaires reste encore une équation à résoudre, parviendra-t-on, comme le souhaitent, haut, Mohamed Ibn Chambas, et, en secret, la communauté internationale, à «l’isolement total de la junte militaire au pouvoir en Guinée»? Certes, les dissensions entre l’aile des modérés et celle dure du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement) pourraient être exploitées, tout comme la volonté apparente affichée par des institutions telles la CEDEAO, l’Union européenne, l’Union africaine, etc., et des puissances comme les Etats-Unis, pour résorber la crise guinéenne. Cependant, tant que l’obstacle de l’armée ne sera pas levé, pour rendre cette entité républicaine, par le biais d’une réorganisation de fond en comble, de la base au sommet. Mais avant tout, le premier challenge passe par l’abandon des ambitions de pouvoir à la Dadis qui continuent d’animer les membres du CNDD et la tenue d’élections démocratiques dans des délais raisonnables.

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