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SEKOUBA KONATE ENTREBAILLE LA BONNE PORTE

  

En ratifiant la nomination de Jean-Marie Doré au poste de PM en charge des restes de la transition, le général Sékouba Konaté continue sur la bonne voie. Pour le moment, tout semble bien se passer au point que nos courageux leaders, sortis du pays en catimini, y reviennent précédés de leurs vœux de nouvel an qu’ils n’ont pu psalmodier que de l’extérieur.

Mais attention ! La porte qui n’est qu’entrebâillée pourrait se refermer. Tout dépend des relations (je ne dirais pas des rapports de forces) au sein de la nouvelle bipolarité guinéenne : un général censé contrôler les hommes en armes et un politicien qui ne demande qu’à faire ses preuves. L’espoir de sortir la Guinée de la crise peut être permis si les actions respectives du militaire et du civil se complètent sans trop se compliquer. Pour éviter toute rivalité, Sékouba et Jean-Marie doivent travailler ensemble mais chacun dans son domaine, le premier devant nettoyer l’armée et le second instaurer les conditions d’établissement d’un Etat de droit.

En rentrant de Ouaga  par avion sans le « perroquet », même en soute, Sékouba Konaté a dribblé Pivi qui scrutait l’aérogare de Gbessia et marqué un but décisif mais le jeu n’est pas encore terminé. Même si le pays connaît une certaine accalmie, la sécurité pour les hommes et leurs biens n’est pas encore certaine. Ce qui frappe tout visiteur qui débarque à Conakry, c’est la présence impressionnante d’hommes en tenue lourdement armés. Comme une certaine révolution, la mobilisation semble permanente. Ce n’est pas normal en temps de paix ! La tenue militaire a pris une place de choix dans la garde-robe des Guinéens à telle enseigne qu’il n’est pas saugrenu de porter un treillis dans une réception mondaine. Paradoxalement, les tenues de camouflages deviennent trop visibles. Les armes, même sans munitions (je ne conseille personne de les vérifier), font partie comme les bijoux, cannes, sacs à main, etc. de la panoplie vestimentaire. J’insiste, ce n’est pas normal !

Dans un pays normal, donc policé, on a besoin de policiers, de douaniers, éventuellement de militaires et de gendarmes mais le port de tenue et d’arme y est strictement règlementé. Pourquoi, en dehors des casernes, les militaires devraient-ils porter la tenue et l’arme alors qu’ils ne sont ni en manœuvres, ni en exercices ou en parade, encore moins au combat ?

Sékouba doit « normaliser » le pays. Dans le contexte actuel il semble être le seul à pouvoir le faire même s’il ne peut pas tout faire tout seul. L’armée guinéenne en tant qu’institution a failli mais tous les militaires ne sont pas nuls. Que Sékouba, qui parle peu (ce qui nous change du « perroquet » qui nous empêchait de dormir), se concentre uniquement sur les hommes en tenue et laisse le doyen Doré constituer librement le nouveau gouvernement. En s’éloignant administrativement de Tonton Jean-Marie, de Tata Rabiatou et Toto Mamadouba, il ne pourra que se protéger des critiques mesquines.

Quant au nouveau PM (un des moins lisses parmi ceux qui étaient en lice pour le poste), je le félicite tout en espérant qu’il ne perde pas le temps dans les congratulations car il a théoriquement moins de 6 mois pour effectuer son travail. Originaire d’une région où la forêt est malheureusement en recul, il doit surtout éviter la langue de bois. Il est chargé de constituer un gouvernement et non de répartir des noix de colas. Il ne pourra pas caser tout le monde, ce qui n’est d’ailleurs pas sa mission. Il n’a pas à récompenser ou à sanctionner qui que ce soit. Son job est de monter une équipe non pas locale mais nationale pour un match à durée bien déterminée. Le temps presse et sa nomination n’étant pas faite en remplacement de tel ou de tel autre (Jean-Marie Doré ne prend la place de personne mais gère des restes !), je souhaite que nous évitions les folkloriques cérémonies de passation de service.

Aujourd’hui, je pense sincèrement que la Guinée a une chance de s’en sortir. Je n’ai pas une admiration béate des « accords de Ouaga » sur lesquels on pourrait disserter : création d’un organe politique délibérant dirigé par une personnalité religieuse (laquelle dans un pays où tout le monde est croyant ?), mise en place d’un organe de suivi ( pour suivre qui et quoi ?), désignation d’un représentant de Compaoré ( c’est fait, en la personne d’un certain général Traoré), ce qui me semble plus étonnant ( la Guinée a-t-elle encore besoin d’un gouverneur général ?), etc.

Cependant, même s’il ne s’agit que d’accords octroyés, les 3 premières des 12 mesures (respect des libertés, sécurité pour tout et pour tous, réorganisation des forces armées) une fois appliquées nous permettraient de sortir du pétrin. Ne soyons pas trop difficiles car tout progrès se mesure par rapport à un point de départ. Dans 6 mois, si tout se passe bien, on aura un civil à la tête de l’Etat. Quel qu’il soit, il vaudra mieux que n’importe quel militaire.

Je vous salue.

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