Un cadre de l’administration faunique aux arrêts

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Ancien chef de la section guinéenne de la CITES, Ansoumane Doumbouya était responsable de la politique guinéenne de lutte contre le trafic des produits fauniques. Malheureusement, il était plutôt un grand trafiquant qui jouait un rôle clé dans une mafia criminelle.

L’arrestation a été faite à la suite d'une opération menée par Interpol NCB, et après une longue enquête ayant bénéficié de l'assistance technique du projet d'appui à l'application de la loi faunique en Guinéen (GALF). Ansoumane Doumbouya, ancien responsable de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) au ministère guinéen de l'Environnement, était commandant de la Brigade mobile de contrôle et de lutte contre la fraude des produits fauniques et forestiers au moment de son arrestation.


Lutte contre la criminalité faunique


Dans le cadre de la convention de réglementation du commerce international des espèces sauvages de l'ONU, chaque pays membre dispose d'un bureau. Une des missions du bureau national est de délivrer des permis nécessaires pour l'exportation ou l'importation des produits de la faune dans un pays de la CITES. Ansoumane Doumbouya a ainsi utilisé sa position pour faire équipe avec des trafiquants de produits de la faune. Tout en leur produisant de faux permis CITES entre autres, il serait également impliqué dans le trafic des produits fauniques, l’usurpation de titre et de fonction, l’extension illégale de l’autorité publique, la contrefaçon, la complicité et la corruption. Selon le Réseau EAGLE qui a contribué à l'arrestation, il y a de nombreux grands criminels représentant des pays aux conventions de l'ONU. Le sort des éléphants, des primates et autres espèces en voie de disparition, dépend donc de la Convention des Nations unies, en vertu de laquelle, les délégués des pays votent les lois internationales pour barrer la route au commerce illicite qui porte atteinte à la nature.


Permis d'exportation non utilisés


Dans une cellule crasseuse d'une prison guinéenne, le représentant du gouvernement a eu assez de temps pour se souvenir des moments où il représentait son pays dans de grandes conventions aux Nations Unies, en vue de la protection des espèces menacées d'extinction. L'homme qui était responsable de la politique guinéenne visant à endiguer la criminalité faunique, était plutôt un grand trafiquant qui jouait un rôle clé dans une mafia criminelle. Trois jours après l'arrestation l’on a retrouvé en sa possession, plusieurs permis d'exportation non encore utilisés.
Ce haut cadre de la fonction publique était devenu, ni plus ni moins, une boutique mobile pour les besoins de tous les trafiquants. Des lamantins aux perroquets en passant par les primates, ce commerce illégal a été réalisé avec sa mallette. Différents rapports internationaux impliquaient déjà Ansoumane Doumbouya dans des exportations illégales, mais il avait continué de participer aux réunions internationales sur la conservation et était même devenu le commandant de la Brigade mobile de contrôle et de lutte contre la fraude des produits fauniques et forestiers en Guinée.
Le réseau EAGLE est constitué de neuf projets qui assistent les différents gouvernements africains dans la lutte contre la criminalité faunique. Son premier modèle a vu le jour au Cameroun, où le ministère des Forêts et de la Faune a signé une convention avec une ONG internationale dénommée LAGA. Il s’agit d’aider les pouvoirs publics à l'application effective et efficace de la loi faunique dans ce pays. Plus d'une décennie après, des centaines de trafiquants d'espèces sauvages ont été arrêtés et envoyés en prison, tandis que huit autres pays africains implémentent actuellement ce modèle, avec des résultats probants.

 

Abraham Ndjana Modo

Source: Al Wihda

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