A quand le retour de Dadis à Conakry?

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Quel est en réalité l’état de santé de Moussa Dadis Camara, toujours hospitalisé à l’hôpital militaire de Rabat au Maroc? Pour l’instant, il faut être dans les secrets de la junte et de la médiation sur la sortie de crise en Guinée pour répondre à cette question. A quand le retour de Dadis à Conakry? C’est l’autre préoccupation cruciale qui dépend du reste de la première, et qui visiblement conditionne la reprise des négociations de Ouagadougou entre la junte militaire et les Forces vives guinéennes.

Le colonel Moussa Kéïta, ministre secrétaire permanent du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), n’est pas passé par quatre chemins pour affirmer que les négociations de Ouagadougou, devront leur reprise au retour du président, «et dans ses fonctions». Pourtant une rencontre entre les protagonistes de la crise, que nous avons déjà programmée sur notre tableau de reportages à Fasozine.com, est prévue pour le dimanche 13 décembre prochain dans la capitale burkinabè.

Et voilà que la marche de la Guinée vers la paix est en passe de connaître un coup d’arrêt avec cette déclaration du colonel Kéïta, qui est loin d’être n’importe qui au sein du CNDD. Si la voix de ce proche du capitaine putschiste résonne aussi fort et trouve un écho favorable, puisqu’elle n’est pas pour l’instant contestée, cela voudrait simplement dire que Mohamed Ibn Chambas, le patron de la commission de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest) aura marché sur la queue du serpent, en émettant haut et fort, son souhait de profiter de l’absence de Dadis de Conakry, pour parvenir à un «isolement total de la junte militaire au pouvoir en Guinée».

Le Ghanéen aura-t-il «tiré à terre», comme on le dit de façon triviale chez nous, pour signifier que quelqu’un n’a pas atteint sa cible? Et si la junte se braque ainsi, le capitaine Dadis risque en tout cas, de continuer à être, tel que l’a signifié M. Chambas, «partie intégrante du problème et non pas de la solution». L’homme qui est accusé par Conakry d’être un valet de Paris, qui, lui est pointé du doigt par le CNDD, comme étant derrière «la tentative de coup d’état» en Guinée, apprendra que c’est inutile de jeter de l’huile sur le feu, en pleines négociations avec des militaires, putschistes de surcroît.

Soit, Ibn Chambas aurait dû se taire, mais dans la situation actuelle, quel est le véritable poids du général Sékouba Konaté, qui assure l’intérim de Dadis Camara, en tant qu’un des piliers lui aussi de la junte? Pourtant, il représente pour beaucoup, notamment des membres des Forces vives guinéennes, l’espoir d’un retour à la paix, par le biais de la conduite des négociations de Ouagadougou vers l’organisation d’une élection présidentielle démocratique, et le retour de l’armée dans les casernes. Cette sortie de Moussa Kéïta, si elle est battue en brèche par l’intérimaire de Dadis, pourrait bien être, après la tentative de meurtre de son chef, un autre signe de dissensions au sein de la junte. Le médiateur, même s’il doit peut-être reporter la rencontre du dimanche prochain, saura-t-il ramener la junte à la table des négociations, avant le retour encore non programmé du capitaine Moussa Dadis Camara en Guinée, et «dans ses fonctions»? C’est au pied des négociations qu’on reconnaît…le médiateur!

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