Angbansan : 2 - Tu n'as pas dit que tu moyen, il fo peu(x) maintenant !

« Le président démo.. » (RTG) avait dribblé ses pairs et fait désigner J-M Doré comme Premier ministre de la transition dont les scénarios avait été concoctés à Rabat et affinés à Ouagadougou. Le politicien le plus intelligent de l’opposition la plus bête d’Afrique (dixit J-Marie Doré), était une « fonctionnalité » ou une application d’un logiciel de coup d’Etat complexe, calé depuis le début des années 2000.

Les comparses dont la majorité ignoraient qu’on leur faisait jouer une partition dont ils n’avaient qu’un mince script et dont le développement n’allait se faire que par à-coups, comme des accidents au fur et à mesure qu’il se jouait, avec des épisodes sanglants, ces dindons de la farce se réveilleront le visage barbouillé de farine le soir du 7 décembre. Les grands chefs Peaux rouges étaient contents de s’être concertés dans des troquets, des appartements parisiens et peut-être même sur des quais de Métro, avec grandes bouffées de calumet de la paix  pour désigner le Vieux Sioux, qui depuis son tepee villageois, avait été mis au parfum de ce coup fumant. Un véritable western tropicalisé.

Les autres Mohicans étaient contents d’avoir deux vices. Un à gauche de J-M Doré et l’autre à sa droite. Configuration purement géo-ethno-stratégique et non idéologique. Jusque tard l’après-midi, ils espéraient un deuxième décret après celui désignant un premier ministre, pour connaître le faciès des deux vices-Premiers ministres. En vain. Après d’âpres négociations dans la chaleur de cette longue nuit de transition, Dame Rabi, qui était pressentie pour incarner un des vices, se conterait du département stratégique des fraudes électorales.

Jamais !

On ne pouvait pas identifier la voix de ce niet catégorique qui n’était qu’un travail de numérisation synthétique du logiciel calé en amont, comme je l’ai dit depuis le tournant des années 2000, à peu près à l’époque des accords de Marcoussis, quand le journal Le Monde annonçait ce qui « pourrait probablement endeuiller  cette conférence avec la disparition de Lansana Conté ». C’était sans compter avec la « Ruse » divine. Curieusement, longtemps après cette « prophétie » funèbre, à la veille de l’annonce de la disparition du Père du PUP, certains furent « démocratiquement » plus égaux que d’autres dans l’information, qui rappliquèrent opportunément. Bof, allez pour le CNT, ce monstre juridique qui n’avait pas de tête, dont la seule justification ethno-politique était de « descendre » la loi fondamentale et la faire « remonter » aussitôt qu’on l’eût  torchée, pour convenir à des vieillards disqualifiés, et à des jeunes Turcs qui traînaient il paraît, des casseroles. On marcha sur les critères fallacieux de diplômes, d’expérience professionnelle et autres détails insensés quand il est question de choses sérieuses. Qu’est-ce qu’on a à faire avec un doctorat quand il s’agit de s’extirper d’un coup d’Etat militaro-ethno-civil sous haute surveillance de « la communauté internationale » ? Une communauté taraudée par la déliquescence d’un Etat grabataire à son sommet, quand l’armée est livrée à des troufions et à de jeunes capitaines, ex distributeurs de tracts incendiaires devenus distributeurs de coupures importées, amateurs de taffs et de bière de luxe. C’est par milliards que Bonagui ou son concurrent se faisaient payer ses citernes de mousseux pour lacourous. Le Camp alpha Yaya se faisait appeler Sodome et Gomorrhe à Conakry.

La balle de Tomba mit fin à ce bordel. Pour un temps. Il resta la grande fosse du Stade Boiro dont les puisatiers aux mains ensanglantées croulent sous de rutilants galons. On leur a même promis une augmentation de salaires de 100% pour services rendus aux nubiles qui virent leur honneur déchiré à vie, et dont certaines trainent encore avec des blessures indélébiles dans des hôpitaux de  Dakar et d’ailleurs.

Mais la représentante de la communauté internationale, "préposée au droits de l'homme", après une bonne écoute de ses mandants lambda, a rapporté leurs propos. Des concierges, des aficionados du tiercé, d’euro-million ou tout simplement des scotchés du zinc et du ballon de rouge :

-  Eh Dédé, c’est laquelle des Guinée ?

-  Tu rigoles, ils en ont partout, ces Banania, au moins trois sur tous les continents !

-  C’est facile Marco, autant qu’il y a eu des nôtres de.. comment on les appelle déjà Dédé toi qu’as fait les colos, t’as fait la légion, non ?

-  Des explorateurs, Brazza, Diogo Cao, Sandervalia..

C’est bon, c’est bon..

-  Guinée portugaise, Guinée espagnole..

-  T’es bourré  ou quoi, et nous ?

-  Nous c’est la Guinée Con..

-  Hi ha ha !

-  Celle qui a dit merde à De Gaulle, ce gâteux qui les a tous laisser filer après, tous ces Tchombé !

-  Ah merde alors !

-  Oui comme tu dis, depuis, ils sont dans la merde, ils sont d’ailleurs entrain de fêter les cinquantenaires..

-  De leur merde, hi hi, ha ha !

-  Deux cents négrilles brûlés par des kalaches, des gamines qu’on faisait danser la rumba pendant des tournantes, comme le font leurs cousins d’ici,  notre racaille du neuf trois, chié quoi ! Vivement la Marine..

Marine Le Pen ! 

Propos de français moyens. Images en boucles avalées avec le Macdo du dimanche en regardant France 24 ou CNN.

Mais tout ça finira avec la poudre perlimpinpin de la Commission  Réconciliation, pardon. Ca suffit la victimisation. On n’est pas des Juifs, ni des Kurdes. Ni des descendants d’esclaves. Ni Doudous martiniquais ou Guadeloupéens. On n’est jamais allés en Alabama. D’ailleurs on est fiers d’être des descendants de la Niara Béli ou des Dionsannas des Rivières du Sud, du Golfe du Bénin ou des rives du Congo.

Occupons-nous à boucher les trous de la jarre percée,

Dixit Fama, citant le Grand Béhanzin lors de son intrônisation.

Donc chantons, dansons.

Mangué nènè, Khamè nènè !

« Le président démo » (RTG) a promis beaucoup de choses. Le malé, l’eau, le courant, la santé, des écoles, la césarienne gratuite. Surtout il a promis un Etat.

J’ai hérité d’un pays et non d’un Etat..

Quel malentendu ! Il a hérité d’un pays en lambeaux. Car pour avoir le pays, il a dû le déchiqueter. Que ceux qui ne veulent pas entendre cela se suicident. Ils peuvent se pendre. Ne serati-ce que pour voir la différence entre une TENTATIVE réelle de complot ou même d'assassinat d'un chef, et une pendaison RELLE. Cela fait partie de notre patrimoine culturel. Au moins jusqu’à la conférence nationale, qu’on veut évacuer dans les corbeilles d’une commission vérité et réconciliation. C’est étrange et symptomatique. Le vocable Justice y fait du « moutta souppito ». On l’entend, on ne l’entend pas. Ca va ça vient, jusqu’à ce que ça morde. Quand la mayonnaise prendra, ça finira par des mamayas, des accolades, des bises mouillées de larmes. Le lendemain, les crocodiles vont retourner au marigot de nos finances, pour barboter avec nos textes de lois.

En attendant, il faut reprendre la Guinée là où le Suprême des geôles l’avait laissée.

C’est vous qui allez gouverner ce pays, avait-il promis.

A ka fô, a ka kè! Il l’a dit il l’a fait ! 

Alors il a créé un Institut Polytechnique qui, au lieu de former des polytechniciens, nous a inondé de polycards, dont quatrevingt dix promotions sur cent se retrouvent à Bambéto, ou à Djakarta, pour les plus téméraires ou "mieux nés", les autres ont enfilé des tenues "banalisées " de miliciens, de policiers, de préposés à la distribution du riz, de l’huile et des rumeurs. Mais jamais le tout ensemble.

Tonton, quand on avait du lait, on n’avait pas de café, quand on avait du sucre, on n’avait pas de café, quand on avait du riz, on n’avait pas le prix de sauce !

Mais il y avait l’espèce rare, le polycard vrai vrai même. Il avait le beurre et même le sily du beurre. Il a survécu à tous les systèmes et a un bel avenir devant lui, le polycard. Enfin quand tout sera fini en Libye et en Côte d’Ivoire. Mais polycards et tocards (enfin pas tous !) de toutes les écoles se retrouvaient ensemble avec les mouchards pour être des ravitailleurs. Bon an mal an, les 350 à 450 millions de dollars US servaient à assurer la survie des damnés de la terre et du régime qui perpétuait leur damnation. Bref, on mangeait à sa faim. Beaucoup de riz arrosé par des fleuves de discours.

L’eau coulait dans les rivières, non polluées par d’inutiles barrages. La lumière était gratuite. Les rares visiteurs guinéens, des privilégiés en mission à Abidjan étaient étonnés qu’on les prie d’éteindre la lumière en sortant d’une pièce. On ne saurait avoir ce réflexe un peu maniaque d’éteindre quelque chose qui ne s’allumait qu’une saison sur deux.

Nous en Guinée on n’éteint pas la lumière !

Le comble du luxe.

Une maman vient rendre visite à ses enfants et petits enfants à Lomé pendant les années Shaytane. A l’époque on disait du Togo la Suisse de l’Afrique ! Elle voulut une promenade à un marché bien achalandé de Lomé. Les enfants marchant trop vite, la perdirent de vue. Ils rebroussèrent chemin. Ils la virent arrêtée, le menton entre deux doigts, les yeux brillants, le front plissé. Elle était devant un étal, bazar en miniature. Quand elle vit les enfants, elle s’exclama :

Eh Mmarigui, hâ bi nin kô nin yè dobènna !

Seigneur, cette chose se fabrique encore !

« Cette chose », c’était du sucre.

Ndi wa doni di Conakiri fassaï !!

J’en amènerai à Conakry, advienne que pourra !

Cependant le suprême des geôles, a ka fo, a ka kè. Il a dit il a fait. Vingt six ans. Dans ce désert brûlant où il n’y avait rien pendant que notre sol et notre sous-sols sont gorgés de tout, il a donné au peuple la manne de la bauxite, la caille du diamant, le tout abondamment transformé sur place avec du miel, laborieusement  dégluti par les oreilles. Il suffisait d’y penser.

Notre « président démo » (RTG) veut reprendre la Guinée là où son illustre modèle l’a laissée. Ce sera difficile, parce qu’entretemps, le désert ou le cimetière était devenu comme l’île d’exil de Sily Samory. Le premier martyr d’Angbansan, alors que le dernier fut un obscur imam trucidé à Mamou qui a dû refuser de remplacer la Fathia par l’autre clé du paradis :

Prêt pour la Révolution !

Existentialiste, il avait préféré la liberté dans la mort, à la pauvreté dans l’esclavage. Or donc ce vote du 28 Septembre a été rendu tout faux. On n’a eu ni liberté, ni richesse. Pire, certains étaient plus égaux que d’autres et dans la liberté et dans la richesse. C’est cela la substantifique moelle d’angbansan.

Vingt l’autre liberté. Qui prit ses aises sur le lit étendu par l’autre Horoya. Somparé la baptisa « le PDG plus le libéralisme ». Concept développé par ce que j’ai appelé « l’Ecole guinéenne », encore une fois, j’y insiste, à ne pas confondre avec nos institutions de formation. Donc l’Ecole guinéenne nous a formés des cadres formatés par une idéologie qui a consisté à privatiser non pas les unités de production mises en place par le PDG, mais à privatiser l’Etat lui-même. Ce fut l’œuvre titanesque et subtile, sauvage et impitoyable, minable et stérile de deux cents salopards. La boucle est bouclée. Les mêmes ont géré pendant près de cinquante deux ans la rareté dans l’abondance. Demi-siècle émaillé de crimes économiques et de crimes de sang impunis, parce que les deux systèmes dont le second n’est que l’adaptation du premier avaient pour « secret », l’impunité. A la différence que pendant la première, l'impunité n'était pas le privilège le mieux partagé. Comme on le verra plus bas, l'angbansan de la deuxième est différent de celui de la première. 

Cela a marché jusqu’en juin 2006, surtout en janvier et février 2007.

Cela ne marchera plus.

Grattez la couche du libéralisme de la deuxième république , vous  retrouverez la couche vermoulue du PDG. Ce que nous promet le président démo (RTG) qui veut transformer le RPG en PDG avec les cadres les plus décriés du PUP. C’est vérifier la pérennité du concept ANGBANSAN. Mais si pendant la première république angbansan pouvait se réduire aux prétentions hégémoniques d’une ethnie, en vérité cette imposture distillée par quelques dignitaires malinkés, a largement échoué, car « la question peule » n’a jamais perturbé les saintes prières du Mandingue profond.  Par la suite, pour le calamiteux Wofatara de Lansana Conté, versant soussou d’angbansan, seuls quelques officiers en seront comptables. L’angbansan que veut réactiver le "président démo.." (RTG) sera le fait de deux cents prédateurs, et non pas de l’ethnie malinké. Il suffit de regarder les dignitaires qui entourent celui qui veut nous fourguer dans un train qui partirait de Kankan pour Bobo Dioulasso. Toute la nation en miettes y est représentée, il est vrai de façon pseudo-pseudo. Beaucoup d’alibis en habits d’Ali Baba.

Je ne suis pas entrain de rêver. Même un lapon sait que la longue caravane du gouvernement est surtout pleine à craquer de Nko, plus que majoritairement. Et les Tan ala se serrent dans les lorrys de derrière. Cependant le concept n’a absolument plus le même sens. Quoiqu’il en soit, ethniquement, il sera pulvérisé, wonsonkron, avant la fin des élections législatives. L’échec en cela du « président démo.. » (RTG) sera d’autant plus retentissant qu’il est loin d’avoir l’envergure de l’homme d’Etat, démon autocrate qui lui, avait un amour tyrannique de son peuple (Césaire repris par Senghor).

(A suivre)..

 

Résumé du prochain épisode : Le petit livre rouge du changement dans la continuité : les femmes dans les boutiques, les hommes dans les cuisines et les cuisines dans les bureaux..

 

Saïdou Nour Bokoum

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