Cinq femmes de pouvoir

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Cinq femmes ont fait leur entrée dans le gouvernement guinéen formé en janvier. Et, une fois n'est pas coutume, à des ministères clés. Portraits d'un quintet de choc : Malado Kaba, Kanny Diallo, Makalé Camara, Christine Sagno et Oumou Camara.

Malado Kaba, 44 ans, ministre de l’Économie et des Finances

 

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Elle est la benjamine du gouvernement et dirige pourtant l’un des portefeuilles les plus stratégiques : celui de l’Économie et des Finances. Quadra au profil plus technocrate que politique, Malado Kaba est probablement celle qui incarne le mieux la nouvelle équipe gouvernementale nommée par Alpha Condé pour débuter son second mandat. Spécialiste de macroéconomie et des questions de développement, Malado Kaba était directrice pour la Guinée de l’Africa Governance Initiative (AGI), la fondation de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, depuis juin 2014.

Elle avait auparavant passé l’essentiel de sa carrière à la Commission européenne, pour laquelle elle a notamment travaillé en Jamaïque et en Afrique du Sud. « Ma nomination a été une surprise, confie-t-elle en souriant. Je vais désormais essayer d’introduire une culture du résultat et de la performance au ministère. » Chargée de relancer l’économie nationale après deux années d’épidémie d’Ebola, elle entend rapidement actionner les leviers qui permettront « de tirer tout le reste vers le haut », comme la mise en place de financements innovants ou le développement du secteur privé.

 

Kanny Diallo, 63 ans, ministre du Plan et de la Coopération internationale

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Elle était sur le point de s’installer au Canada, à Ottawa, lorsqu’elle a été rappelée à Conakry, en mai 2015, par le président Alpha Condé pour devenir sa conseillère économique principale. Originaire de Labé, dans le centre de la Moyenne Guinée, cette femme d’expérience a visiblement convaincu son ex-mari, puisqu’il l’a nommée à la tête du ministère du Plan et de la Coopération internationale un peu plus de six mois plus tard, en janvier 2016.

Économiste de formation, spécialiste des questions de développement, Kanny Diallo a effectué la quasi-totalité de sa carrière au sein de la Banque africaine de développement (BAD), où elle a occupé différents postes pendant près de trente ans. « Mon objectif est de centraliser le processus de planification du développement au sein du ministère. Il faut mettre en place une structure plus rationnelle pour éviter l’éparpillement et le gaspillage des ressources », explique celle qui entend « mettre de l’ordre dans ce domaine » et devenir l’interlocutrice principale des partenaires étrangers de la Guinée.

Makalé Camara, 59 ans, ministre des Affaires étrangères

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Elle est la seule à avoir déjà occupé un poste de ministre. C’était sous Lansana Conté, de 1994 à 1996, à la tête d’un portefeuille bien différent : celui de l’Agriculture, de l’Élevage et des Forêts. Vingt ans plus tard, Makalé Camara revient aux affaires en tant que chef de la diplomatie. Ancienne secrétaire générale du Réseau des femmes africaines ministres et parlementaires en Guinée (Refamp-G), au sein duquel elle s’est notamment investie dans les questions de paix et de sécurité, cette native de Mamou (dans le sud de la Moyenne Guinée) est entrée dans le corps diplomatique en 2002, d’abord au poste d’ambassadeur de Guinée au Sénégal (2002-2007), puis en France (2007-2011). En tant que ministre des Affaires étrangères, elle entend maintenir la politique panafricaniste de la Guinée. « Cela a toujours été dans l’habitude de notre pays de venir en aide à nos voisins. L’Afrique est un tout indivisible », confirme-t-elle, tout en soulignant que l’engagement du contingent guinéen au Mali ne sera pas remis en question, malgré les récentes pertes en vies humaines.

Christine Sagno, 59 ans, ministre de l’Environnement, des Eaux et des Forêts

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Née à N’Zérékoré, en Guinée forestière (Sud-Est), Christine Sagno a fait toute sa carrière dans le domaine de la protection de l’environnement. Elle a d’abord travaillé dans une ferme agropastorale, à Kissidougou, et s’est ensuite consacrée à la protection des chimpanzés de Guinée, avant d’être nommée directrice nationale des Eaux et Forêts (2004-2011), puis inspectrice générale adjointe au ministère de l’Environnement, dont elle a pris la tête en janvier. Mais elle n’y passe pas pour autant le plus clair de son temps. « Je suis une femme de terrain. Au cours de ma carrière, j’ai arpenté toutes les forêts de Guinée, martèle Christine Sagno.

La défense de l’environnement ne se fait pas dans un bureau, il faut aller constater la réalité sur place. » En attendant la campagne de reboisement du territoire, qui débutera en juin, au début de l’hivernage, la ministre a déjà commencé à faire la tournée des unités industrielles du pays (notamment les sociétés minières, cimenteries, unités de transformation du bois) pour contrôler leur impact écologique, la conformité de leurs procédures et de leurs équipements avec les normes environnementales, mais aussi s’assurer qu’elles respectent bien les mesures de compensation, c’est-à-dire qu’elles s’acquittent des redevances et taxes dues à l’État et aux collectivités.

Oumou Camara, 56 ans, ministre des Travaux publics

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C’est la « Madame Route » du gouvernement Youla. Ingénieure des ponts et chaussées, Oumou Camara a consacré toute sa carrière au développement du secteur routier en Guinée. Native de Siguiri, dans la région de Kankan (nord-est du pays), après plusieurs années en tant qu’enseignant-chercheur au département génie civil de l’université Gamal-Abdel-Nasser de Conakry, cette universitaire réservée a été chargée des programmes d’infrastructures et des services de base au sein de la délégation de l’Union européenne (UE) en Guinée, de 2003 à 2014.

Elle a ensuite rejoint le ministère des Travaux publics, dont elle était la secrétaire générale avant d’en être nommée ministre début janvier. « Je connais parfaitement le secteur routier, dans lequel j’ai passé vingt-cinq ans. Je souhaite aujourd’hui mettre cette expérience au service de mon pays », explique-t-elle. La quasi-totalité des transports s’effectuant par la route, elle veut d’abord améliorer le réseau entre Conakry et les principales villes de province.

Benjamin Roger

Source: jeune afrique

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