COMMUNIQUE du Comité des Doyens des Guinéens (s/c : Dr Thierno et Ansoumane Doré)


Après le décès de notre frère Julien Condé, survenu dans la nuit du jeudi au vendredi 8 janvier 2010 et dont la levée du corps s'est faite en présence d'un grand nombre d'entre vous, mardi , 12 janvier ,avant son rapatriement en Guinée , nous sommes convenus d'organiser au début du mois de mars,une journée de souvenir, non seulement de Julien et de toute l'élite guinéenne, mais aussi de toutes les Guinéennes et tous les Guinéens morts en exil.

Exil dont un grand nombre de cas s'explique par la situation politique de notre pays depuis 1958. Nous prions le Seigneur pour le repos de l'âme de toutes et tous. Amîna!
Nous renouvelons à Madame Julien Condé et à ses enfants nos condoléances attristées.
Pour la journée du souvenir, seront nommément contactés ceux et celles désignés ci-dessous et les diverses associations et organisations guinéennes.
a)Au titre de Doyens potententiels mais la liste n'est pas limitative, ( le Comité étant informel jusqu'ici,il ne s'agit que de rassembler les bonnes volontés):
Dr Bah Thierno, Bah Mamoud, Bah Sadio, Mme Bah Hadja Oumou,Bangoura El Hadj Baba Gallé, Bokoum Saïdou Nour, Camara Abdourahmane, Camara Amidou,Camara Lanciné,Camara Soriba,Chérif Blaise, Cissé Amara, Cissé Oumar de Bma, Coman Ibrahima, Corréa Théodore, Mme Curtis née Spiss, Diallo El Hadj Baïlo, Diallo Cellou, Diallo El Hadj Ibrahima Bohel, Diallo Thierno Laria, Dioubaté Somah, Doré Ansoumane,Fopa Robert,Haba Alexandre Poé, Dr Hane Sékou, Mme Hane Madeleine, Kaba Amadou, Mme Kaba Tiranké, Katty Abou, Kéita Kabiné, Lao Théa Jean -Jacques, Loua Jérôme, Pogba Antoine,Sawadogo Jean-Marie, Soumah Maligui, Soumah James, Mme Sy Aïssatou, Sy Savané Mamadou Billo, Thierno Monénembo.

b) Associations et organisations guinéennes (à contacter).

A propos de ce communiqué, on rappelle ci-dessous le message présenté par Dr Thierno Bah lors de la levée du corps de Julien Condé.

Message d’adieu à Condé Julien.

Chers Frères, chères Sœurs, Chers Frères africains,
Chers Amis européens de Condé Julien et de la Guinée.
Julien Condé nous a quitté le 8 janvier 2010. Je remercie sa Famille de me faire l’honneur de délivrer ce message d’Adieu à notre Doyen. Je vais essayer d’être bref en résumant au maximum une vie active de plus de 60 ans, riche et variée. Condé Julien était staticien-démographe. Il était rentré au pays dès la fin de ses études pour servir l’Etat guinéen naissant. Nommé directeur adjoint des Statistiques, il y fera une très éphémère carrière.
L’arrestation de Keita Koumandian et du bureau du Syndicat des Enseignants en 1961 tue dans l’œuf son enthousiasme patriotique et son espoir de contribuer à la consolidation de notre indépendance nationale, toute fraîche. Cette trahison de notre vote du 28/09/1958 ouvre la route au pouvoir autoritaire, sans partage qui pointait. Notre frère qui ne supportait pas le mensonge ni la violence d’Etat est très marqué par cette décapitation de l’élite intellectuelle guinéenne. Cette orientation annonçant la dictature, qui va durer 30 ans, le pousse à revenir en France où il intègre l’OCDE comme Administrateur.
Permettez-moi de limiter ce témoignage à citer les têtes de chapitres de son action politique très dense pour parler surtout du volet socioculturel que nous avons mené au bénéfice des exilés, des étudiants et des personnes en difficultés sans aucune discrimination, ni allégeance.

1-. Brève évocation de son action politique.
La dérive totalitaire du PDG le conduit à participer à la création du Rassemblement des Guinéens de France puis d’Europe, RGF, RGE. Les leaders de ces mouvements sont Diallo Siradiou, Kaké Ibrahima, Bangoura Mouctar, Doré Lambert, Bah Mahmoud, Sy Savané Saïkou Oumar. Ces deux derniers et Julien dirigeront le journal du mouvement : Guinée Perspectives nouvelles. Ils ont lutté inlassablement contre la dictature de 1961 à 1984.

2-. Rupture avec cette étape.
Il démissionne après l’échec du débarquement du 22/11/1970. Mon compagnonnage avec lui débute après les pendaisons du 25 janvier 1971 au pont Tombo de Conakry, suite à cet événement grave et douloureux. Ayant créé à Abidjan l’Organisation pour la Libération de la Guinée, OLG, avec Ba Mamadou, docteur Conté Saïdou, docteur Diallo Tout Passe, nous le sollicitons pour unir nos efforts, lui à Paris et nous à Abidjan. Cette coopération nous permet d’accueillir des milliers de réfugiés politiques parmi lesquels Ray Autra et Capitaine Soumah Abou, seul rescapé du camp Boiro. Durant cette période nous créons un journal « Guinée libre. »
Revenu en France en 1990, je le retrouve dans une réunion organisée par Keita Kabiné, président de l’Association de Siguiri, Badengna. A partir de cette retrouvaille, nous avons uni nos différences de tempérament pour rassembler nos compatriotes repliés dans leurs ghettos ethniques et partisans, méfiants et se dénigrant les uns envers les autres.

3-. Le Rassemblement national.
En novembre 1990, nous organisons le premier séminaire de concertation des Guinéens de France sur le thème : quelle démocratie pour la Guinée à l’aube du 3e millénaire ? » Cette rencontre accouche de la naissance du Groupe Guinée 2000. En 1991, la légalisation des partis politiques provoque une ruée des cadres vers ces nouvelles structures. Ils croyaient y trouver solution de leurs ambitions de retour au pays. Nous les mettons en garde en contre cette course sans frein en leur citant un adage antique : « la politique tue l’amour parce qu’elle divise les hommes. »
Le sabordage du Groupe Guinée 2000 nous oblige à faire une pause pendant 5 ans. Après les déboires électoraux que fut la nomination des députés en 1995, les cadres reviennent vers nous pour reprendre la lutte pour notre union, entente et solidarité. De juillet 1995 à décembre 1996, nous organisons une année de dialogue au cours de laquelle nous tenons une réunion mensuelle sur des thèmes d’intérêt général. Cette tribune, déconnectée de tout enjeu autre que le rétablissement du sentiment national, est ouverte à quiconque a quelque chose à dire pour le bien de tous. Elle a favorisé le brassage national et permis de briser les clivages ethniques et partisans. Elle a permis la réconciliation des Guinéens avec l’Ambassade en 1996.
Les retrouvailles avec l’Ambassade ont entraîné le rétablissement de la célébration de la fête nationale du 2/10, qui avait disparu durant le régime du PDG. En 1997, les associations préfectorales et les ONG ont créé la Coordination des associations guinéennes de France, CAGF

4-. La croisade pour la Réconciliation des Guinéens.
Charles Diané, Julien Condé et moi avons toujours eu des échanges houleux car nos points de vue étaient presque automatiquement divergents sur les détails. Mais il y a un point sur lequel notre identité de vue était totale et parfaite : pour nous, il n’y aura aucun changement politique en Guinée aussi longtemps que les Guinéens ne regarderont pas ensemble le parcours du pays de 1958 à nos jours. Cette convergence sans faille nous a conduit à organiser des concertations innombrables sur le thème de la Réconciliation des Guinéens. En 1993, avec Soumah Jammes, au Sénat, à Paris, nous avons convoqué le premier séminaire autour de la question : « Comment réconcilier les Guinéens ? » En 1998, à l’occasion du 40e anniversaire de l’indépendance, nous avons rédigé un mémoire proposant un calendrier de Réconciliation. En 2008, le comité des Doyens et les associations suivantes : CAGF, CIC, CRAC et DLG ont organisé une
nouvelle année de dialogue mensuel à l’occasion du 50e anniversaire de l’indépendance sur le thème de la Réconciliation des Guinéens. Vous voyez, la route pour le changement politique et de la gestion du pays en faveur de tous ses habitants est longue, sinueuse, escarpée, douloureuse et difficile.

5-. Conclusion.
Julien Condé a été le leader naturel de toutes les actions que nous avons conduites pour casser les replis ethniques et les clivages politiques. Il est resté attaché à la Guinée jusqu’à son dernier souffle. Cinq jours avant son décès, nous avons adopté, au chevet de son lit d’hôpital, l’organigramme du Comité pour la Réconciliation en Guinée que nous avons créé le 11/11/09 à Paris. Etant son cadet de 2 ou 3 ans, j’ai eu le bonheur de la protection de son parapluie. Me voilà son orphelin et héritier de la lourde et difficile charge de continuer notre croisade pour réconcilier les Guinéens. J’en appelle à la contribution de tous les Doyens des régions naturelles de la Guinée et de toutes les bonnes volontés pour poursuivre cette mission.
Je voudrais terminer ce témoignage en rappelant ici le message qu’il a délivré devant la tombe de Camara Faraban en mars 2006 : « Faraban, tu nous quittes. Mais ton souvenir restera dans notre mémoire. Ton exemple sera gravé dans l’histoire de notre pays. » Le Comité des Doyens reprend cet engagement à son compte pour perpétuer ta mémoire. Repose en Paix.

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