Confusion et rififi politique à Conakry ?

A lire les réactions au sein du CNDD au discours-propositions du Général de Dadis, Sékouba Konaté, nous pouvons affirmer que ceux qui ont naïvement jubilé et pris pour argent comptant les paroles de ce dernier en sont pour leur frais.  En effet, toute personne avertie et qui veut regarder la réalité en face sait que le pouvoir ‘’exécutif’’ en Guinée -en ce moment- est une nébuleuse où les alliés de Dadis sont encore en position de force.  Le simple indice révélateur est que Konaté n’a pas osé s’introniser Président. 

Dans notre livraison précédente, nous avions posé des interrogations qui s’avèrent pertinentes au vu de la tournure des événements  qui semblent préluder un bras de fer au sein du CNDD: nous anticipions sur le sens à donner au vocable ‘’ l’opposition’’ (dans la bouche du CNDD) et si tous les membres du CNDD souscrivaient aux propositions de Konaté ?  Et nous avions qualifié d’attrape-nigauds, le terme de « forces mixtes » pour protéger les acteurs politiques car en fait, il s’agit d’éléments milices du CNDD dispersés dans tous les corps armés avec comme  ‘’commandeur en chef’’, Pivi Coplan : bien du plaisir à ceux qui seraient sous sa ‘’protection’’ (plutôt  sa ‘’garde’’, serait plus approprié).  Le facteur aggravant de notre souci est que le Président intérimaire est lui-même malade ; ou en tout cas d’une santé très précaire.  Un autre élément d’inquiétude est la situation figée de la crise car les ‘’leaders’’ de l’opposition semblent eux-mêmes déroutés et sans initiatives au point que leurs réactions aux propositions de Konaté révèlent un manque de stratégie claire, de vision et surtout de contre-propositions comme prémices  d’une sortie de crise à savoir la clé de voute : leur sécurité  assurée par des agents indépendants du CNDD et bien équipés pour la mission avant tout retour au Pays.  Autrement, quelles que soient les bonnes intentions et solutions équitables et consensuelles, personne ne peut négocier librement dans la sérénité avec la peur au ventre pour sa vie.  En effet, cela reviendrait à négocier sans défense face à son bourreau auquel il serait impossible d’imposer ses vues ou les faires accepter car tout reposerait sur sa bonne volonté et disposition à faire des concessions : pour l’opposition, ce ne serait plus des pourparlers mais de la capitulation !  Et ce n’est pas une question qui va de soi si nous nous fions au plan de Konaté et si elle n’est pas posée et négociée comme préalable.  Or c’est l’étape initiale qui permettra à tout le reste de se faire !   On sent également que les Forces Vives manquent à la fois de leadership et surtout de méthodologie efficace pour débarquer le CNDD : tout comme sous Conté, ce n’est pas le régime à Conakry qui est fort mais c’est plutôt l’opposition guinéenne qui est si faible que point !  Leur espoir semble reposer entièrement sur les mesures de répression de la Communauté internationale ; ce qui révèle aussi  vraiment une attitude de désespoir et que l’attente peut durer surtout avec des pays comme le Maroc et le Sénégal prêts à soutenir les membres du CNDD et leur procurer soins et bouffées d’oxygène : pourquoi ne pas dénoncer au moins ces hypocrites en  envoyant  ses militants manifester devant leurs ambassades (car les partis politiques sont sensés pouvoir mobiliser plus facilement et efficacement) ?  L’image de ces pays ‘’collabos’’ est importante pour eux malgré leurs éventuelles déclarations de défiance ou de négations.  C’est la moindre des actions que les opposants pourraient au moins initier sans s’exposer si c’est leur souhait et façon de faire de la politique.

Au risque d’être barbant, il faut avouer encore une fois de plus que Toumba nous a énormément facilité la tâche mais le plus dur reste à accomplir : se débarrasser des racines et du tronc du mal, le clan de Dadis ainsi que des branches Konaté ; après les feuilles civiles tomberont d’elles-mêmes.

Finissons en insistant que finalement, il nous revient, à nous les Guinéens de la Société civile et les militants de partis, de faire collectivement et individuellement pression sur les acteurs politiques pour qu’ils sortent de leur torpeur et attentisme pour agir un peu, plutôt beaucoup plus dans le sens d’une sortie rapide de crise.  Ce n’est pas aux étrangers de nous dire, temporiser ou de prendre des initiatives unilatéralement  en ce qui concerne la Guinée mais plutôt à nous d’être en charge des décisions à prendre et demander leur assistance pour leurs applications..  Par exemple, il est maintenant évident pour quiconque de bonne foi que Blaise Campaoré est plus une nuisance pour nous qu’un faiseur de paix et soucieux du bien-être de la Guinée.  Nous devons impérativement –car le temps presse- pousser les chefs de partis politiques à sortir de leur confort pour soit récuser la médiation du Burkinabé pour quelqu’un de constructif soit (ce serait l’idéal) négocier leur retour à Conakry avec leur propre garde rapprochée adéquatement équipée pour négocier directement avec la junte : l’obstacle majeur qu’était Dadis par sa mytho-mégalomanie étant levé.  Au point où nous en sommes, nous pouvons et devons tout tenter ; c’est mieux que le statu quo : la pratique de la bonne politique, c’est se remettre en cause et s’adapter aux situations qui ne sont pas figées mais en évolution permanente à condition aussi (impératif) d’avoir une bonne stratégie de communication sous peine d’être incompris et qualifié de ‘’girouette’’.  Or en Guinée, nous ne sentons en aucun chef de parti cette flamme et passion pour le Pays mais plutôt des ‘’leaders’’ pusillanimes, fatalistes et résignés qui rechignent à se risquer : le 28 septembre 2009 est l’exception qui confirme la règle ; malheureusement ternie par la sauvagerie du CNDD.  

 

NB : Dans la lutte contre la répression et l’injustice d’un régime, il y a en général deux voies, soit la lutte armée (comme les rebellions) soit la lutte pacifique comme nous semblons avoir choisi par défaut en Guinée. Ou encore l’une suivie de l’autre.

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