DIALOGUE INTER-GUINEEN : Veillée d'armes avant le second round.

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Le premier round de la facilitation du président du Faso en Guinée est en phase d’être bouclé. Après avoir entendu en aparté chacune des deux parties, il va rédiger un rapport qu’il soumettra ensuite, en principe au cours de cette semaine, aux Forces vives et à la junte, réunies autour d’une même table. Et c’est à ce moment que les choses sérieuses commenceront.

Mais auparavant, sans doute, le président du Faso va-t-il soumettre cette synthèse au président en exercice de la CEDEAO, Umaru Yar’Adua, lors de cette visite qu’il lui a rendue ce lundi 16 novembre 2009. Ce voyage dit "d’amitié et de travail" sur les terres du président nigérian prouve que Blaise Compaoré ne jouera pas les one-man-show dans le processus de dialogue en Guinée, comme en Côte d’Ivoire et au Togo.

Le président du Faso va donc déployer l’arsenal de sa médiation, dessiner toutes les stratégies et les mettre en oeuvre. Mais le tout sous le regard, non seulement de la CEDEAO, mais également des autres organisations internationales. Car on a remarqué la présence régulière des représentants de l’ONU et de l’UA lors des deux manches du premier round des négociations. Le président ne chevauche donc pas seul sur les routes escarpées de la médiation dans la crise guinéenne. Il emporte avec lui trois autres cavaliers, de sorte que si son cheval, entendons par là sa technique de facilitation, venait à trébucher ou pire, à s’écrouler, il ne serait pas seul à mordre la poussière. En cas de succès également, les cavaliers recueilleront ensemble les fleurs et les honneurs.

Mais le fait d’associer les organisations internationales renforce aussi la confiance de ceux qu’on pourrait considérer comme en situation de faiblesse dans cette crise. Les Forces vives, en effet, auraient eu moins confiance si elles voyaient Blaise Compaoré manier entre ses seules mains les leviers de la sortie de crise. Il ne serait pas loin qu’elles finissent par croire que le président pourrait être influencé par l’autre camp. Mais avec la CEDEAO et l’UA, qui ont été les premières à scander le départ de Dadis Camara du pouvoir, il se dégage une éclaircie qui met en confiance le processus du dialogue.

Pour en revenir à la médiation elle-même, l’on pourrait remarquer que le facilitateur a pris le soin de plumer les sujets soulevés de part et d’autre des deux camps pour ne garder d’eux que leur ossature. Une ossature plus légère et visible que le plumage touffu et lourd qui grossissait ces sujets au tout début des négociations et qui n’aurait fait que les coincer dans la gorge de ceux qui auraient tenté de les avaler. Il reste à espérer que le contenu de la synthèse du facilitateur sera assez digeste pour être simultanément assimilé par la junte et les Forces vives, lorsqu’elles se retrouveront autour de la même table pour le second round à Ouagadougou. Toutefois la qualité de ce plat décidera de la réaction de l’estomac des deux protagonistes. Surtout sur la question du départ du capitaine Dadis Camara.

Par Abdou ZOURE

Le Pays

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