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Faiseur de roi c'est bien, faiseur de paix, c'est mieux

Chacun des candidats éliminés au premier tour de la présidentielle guinéenne a enfin choisi son camp : Lanceny Fall, Ousmane Kaba, Mamadou Sylla, Papa Koly Kourouma et Saran Daba rejoignent Alpha Kondé ; Sidya Touré, le plus convoité par les deux finalistes, a rejoint, avec armes et bagages, Celloun Dallein Diallo, et si les militants de son parti le suivent dans sa logique, c’est 15% des voix engrangées au premier tour qu’il lui apporte. Mais que l’on ne s’y trompe pas : le deal a été âprement négociée.

En échange de son soutien, le candidat de l’UFR (Union des forces républicaines) a exigé une douzaine de portefeuilles ministériels et … la primature. Cependant, cette pugnacité dans la négociation n’occulte nullement le fait que Sidya Touré n’a fait que voler au secours de la victoire. En effet, pas besoin d’être grand clerc pour deviner ce qu’il fallait faire. Ce n’est certainement pas pour les bons yeux de Celloun qu’il pactise avec lui.

Il a certainement préféré aller vers là où la météo est plus favorable. Suicidaire serait pour lui une alliance avec Alpha Kondé. Avec ce mariage scellé avec Celloun Diallo, il y a de fortes chances qu’il devienne faiseur de roi. D’ailleurs, les deux hommes ont un petit passé en commun qui les rapproche quelque peu : ils ont eu à occuper le poste de Premier-ministre du temps de Lansana Konté.

Ce qui n’est pas le cas d’Alpha Kondé, qui n’a jamais été membre d’un gouvernement quelconque et qui considère d’ailleurs les autres comme étant des « pourris ». Lui se targue de ne s’être jamais acoquiné avec le défunt régime. Visiblement, avec le ralliement de Sidya Touré, c’est un boulevard menant au fauteuil présidentiel qui s’ouvre pour Celloun Diallo (52 ans), cet économiste de formation et initiateur du grand rassemblement du 28 septembre 2009 qui a viré au cauchemar. Sauf tremblement de terre, il remportera le second tour.

L’Affaire est dans le sac, comme on dit. Cependant, une chose est de décider de s’entendre, une autre est de gérer ensemble et côte à côte le pouvoir d’Etat. En Afrique, ne dit-on pas que le pouvoir ne se partage pas ? Bien difficile est souvent la cohabitation. L’expérience la plus illustrative, c’était au Sénégal, avec la coalition Alternance 2000, lorsqu’Abdoulaye Wade, le vainqueur de la présidentielle, a tenté de gouverner avec les Niasse, Amat Dansokho et autres. Qu’advint-il ? L’union a volé en éclat.

Une éventualité à ne pas exclure avec le fougueux Sidya Touré. Déjà, il y avait de l’électricité dans l’air : au lendemain des résultats du premier tour, il n’a pas hésité à envoyer ses ouailles dans la rue pour manifester son mécontentement. Mieux, « Sidya Courant » (c’est le surnom que lui ont donné les Guinéens, pour avoir réglé le problème d’électricité et d’eau quand il était Premier ministre) n’a pas pris soin d’épargner le président intérimaire, le Général Sékouba Konaté, dans ses invectives, si fait que ce dernier avait même menacé de démissionner.

Issa K. Barry

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