Guinée 1958-2008: Cinquante années d'imposture (Voulez-vous que ça continue?)

Guinéennes, Guinéens ! N'en avez-vous pas assez d'avoir été régis par 50 ans d'imposture en République de Guinée?

Et surtout pour certains d'entre vous, n'allez pas croire que ce terme du titre de mon article est excessif.

Il me semble à moi que non. Au point où nous en sommes, nous Guinéens, nous devrions en être à appeler les situations par les mots justes et nous passer des conventions de citoyens raffinés devenus des moisissures de salons que nous ne sommes pas encore.

Tous les dictionnaires admettent qu'une imposture consiste en l'action délibérée de se faire passer pour ce qu'on n'est pas, de faire passer une chose pour ce qu’elle n’est pas.

C'est en ce sens qu'on a parfois parlé de mystification ou d'escroquerie. Si un tel comportement était le fait de hâbleurs de coins de rues, sans aucun impact sur la vie de millions d'individus, il ne mériterait peut-être pas qu'on y prête attention.

L'imposture dont il s'agit ici, est celle qui a été le comportement dominant des dirigeants guinéens dans la conduite de l'Etat depuis sa fondation. Chacune et chacun des Guinéens devraient à présent se pénétrer de cette réalité pour se dégager des mythes, des faux mythes ethniques, régionalistes et autres qui nous maintiennent dans une espèce de gangue.

C'est ce qui explique que depuis 50 ans, nous nous sommes abandonnés à des marchands d'illusions qui nous ont abusés et usés. C'est là que réside aussi l'explication que la Guinée constitue un cas en Afrique.

Guinéennes, Guinéens ! Souhaitez-vous poursuivre dans cette voie du renoncement et de l'abandon de vous-mêmes à la fatalité, après 50 ans de geignement ?

C'est pourtant cette voie qui semble, à nouveau, se profiler devant vous ... Pour quelle durée encore ?...

 Je ne répondrai pas à cette question, mais l'expérience en cours ne durerait que deux, trois ans, il faudrait, (nous souvenant du passé), nous dire que c'est long, trop long d'autant que l'effet enivrant du pouvoir peut ramener au passé douloureux. Les mailles du pouvoir sur une population largement analphabète comme la nôtre a toujours été une réalité et cette pratique est loin de disparaître.

Dans l'atmosphère d'imbroglio ambiant, les araignées du CNDD sont en train de tisser les mailles autour des populations les plus vulnérables et les plus nombreuses, pour reconduire, peut-être de manière différence, les impostures des 50 années de la période 1958-2008.

Sans revenir longuement, dans cet article, à la culture de l'imposture politique des deux Présidents de la République de 1958 à 2008 et dont tout citoyen guinéen subit encore, aujourd'hui, les effets pervers, je vais en rappeler les schémas car c'est un devoir de revenir et encore à ce passé.

Au cours de la période 58-84, le Président Sékou Touré qui avait mené avec des compagnons et des dirigeants d'autres partis politiques guinéens, le combat de la libération du pays du système colonial avec des mots d'ordre mobilisateurs, n'a pas tardé, après l'indépendance à se métamorphoser en un sinistre dictateur.

En quelques années, entouré de séides plus bas que terre, il s'était présenté aux Guinéens, sans le moindre scrupule en savant en toutes choses.

Des commis du Parti-Etat devaient renforcer cette image du « Président-il-sait-tout » dans la formation de la jeunesse et la mystification des Guinéens. Comme si la population ne connaissait pas l'itinéraire de Sékou Touré, Louis Sénaïnon Béhanzin, Secrétaire d'Etat à l'Idéologie, confirme l'imposture mise en place en écrivant: «Il faut à tout prix, par tous les moyens, que les élèves soient convaincus que Sékou Touré représente la vérité absolue, que lui seul détient les connaissances dont a besoin le peuple guinéen, que seule sa pensée doit servir de modèle et d'exemple dans la formation et dans l'action pour le mieux-être de la Guinée» (cf L'Ecole guinéenne, n°2, décembre 1969; cf également Perspectives Nouvelles, n° 40, 1974).

 Une imposture de cette taille ne trouve d'explication cohérente que dans les limites personnelles de l'initiateur de cette politique à l'échelle d'un pays et c'est en cela qu'on peut parler, en dépit des apparences, de l'ignorance au pouvoir.

Le substrat sociologique et intellectuel d'un tel dirigeant est caractérisé par l'ignorance dans le sens plein du terme. Cette affirmation s'est vérifiée tout au long de l'Histoire de l'Humanité.

Les premiers succès qu'ont enregistrés les dictateurs qui s'étaient d'abord entourés de compétences, parce qu'ils en avaient besoin pour consolider leur pouvoir, ont été très souvent annihilés par leur ignorance de la réalité.

L'exemple type sur ce point est donné par l'historien allemand Gert Buchheit dans son ouvrage, «Hitler, chef de guerre – l'armée allemande sous le 3e Reich » (Walter Beckers, Editeur, Kapellen, 2 vol. Anvers, 1968).Jacques Morval écrit en introduction de la traduction française de cet ouvrage: « Cela alla bien un temps: il avait de bons généraux, des adversaires en or et, aussi, beaucoup de chance. Le malheur – ou le bonheur, selon le camp où l'on se place – fut que, grisé par ces succès, il voulut tout diriger lui-même. Eliminant progressivement les spécialistes qualifiés. Il conduisit lentement mais sûrement à sa ruine une armée allemande qui, de toute son histoire, n’avait sans doute jamais connu des sommets comparables à ceux qu'elle atteignit au printemps 1940 ».

J'ai, intentionnellement recouru à cet exemple ici pour montrer, que dans le domaine politique , les « brillants autodidactes », ont plus souvent conduit que d'autres , à la catastrophe , les peuples dont ils s'étaient chargés des destinées.

A une échelle différente de l'exemple que je viens de citer, la Guinée a connu une catastrophe humaine, économique et sociale de l'expérience politique menée par Sékou Touré en Guinée.

Le malheur pour les Guinéens a été , est toujours, qu'un grand nombre d'entre eux, n'a pas tiré de leçon de cette tragique histoire d'un parti qui s'était dénommé en 1978 à la face du monde entier « Parti-Etat » et qui se qualifiait, sans état d'âme, de « démocratique ».

Qu'est-ce qui peut expliquer cette effrayante inconscience devant l'Histoire, sinon un état d'ignorance installée au pouvoir?

A partir de là l'imposture du premier dirigeant du pays n'a plus connu de limites. Et il se trouve encore des Guinéens pour justifier cette imposture, même et surtout parmi certains de ceux qui avaient fui l'enfer qu'était devenu notre pays et qui vivent toujours à l'étranger.

La deuxième République de Guinée qui naîtra des décombres de l'expérience du Parti-Etat, d'abord sous la forme d'un Comité Militaire de Redressement National (CMRN), sera moins flamboyant que le Parti-Etat car son dirigeant n'était qu'un nabot comparé à son prédécesseur mais les nabots, dans l'Histoire, peuvent aussi faire mal et Lansana Conté en fait à la Guinée.

 A part le masque débonnaire de Président-paysan, il s'est inspiré de bien des méthodes d'avant 1984 pour gouverner dans l'imposture, méthode de gouvernement dans des pays à taux d'analphabétisme élevé.

De 1984 à 2008, les crimes d'Etat n'ont pas disparu. La mise en coupe réglée du pillage économique était devenue la méthode de gouvernance.

Des hommes qui étaient arrivés au pouvoir en 1984 pour, disaient-ils, redresser la Guinée brisée des années du Parti-Etat et qui étaient tous pauvres comme Job, (ils le proclamaient haut et fort), étaient devenus tous ou presque des milliardaires.

 De quelles activités professionnelles?

 De quelles industries?

 Chacun en a la réponse : à tous les niveaux, cet enrichissement ne pouvait provenir que du vol des deniers publics.

Qu'est-ce qui peut expliquer une telle évolution de la chose publique en Guinée?

C'est encore de l'imposture de taille qu'ont eue ceux qui viennent, s'installent et se maintiennent au pouvoir par la force en s'appropriant les biens collectifs tout en ne sachant rien proposer en retour sinon les sempiternelles logorrhées qui n'ont jamais apporté un début de réponse aux problèmes guinéens.

Les fondements culturels politiques de cette longue nuit guinéenne ne reposent que sur la force bestiale pour soumettre la population.

C'est à la mamelle de cette culture qu'ont été allaités les hommes qui ont fait le coup d'Etat contre le cadavre de Lansana Conté en Décembre 2008, à l'identique du coup d'Etat que celui-ci avait fait contre le cadavre de Sékou Touré en Avril 1984.

Ils se sont présentés sous la conduite du Capitaine Moussa Dadis Camara, en balayant la vieille garde corrompue, dans le cadre d'un Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD).

 Cet acronyme ne serait-il pas un avatar qui s'ignore de feu le CMRN?

L'interrogation n'est pas saugrenue. L'imposture des animateurs du CMNR reposait sur une énorme vacuité qu'ils devinaient eux-mêmes. Aucun des 25 membres n'avait ni la formation, encore moins la dimension culturelle de diriger un Etat en ce 20e siècle finissant.

Mais le cynisme et l'imposture de Lansana Conté et de ses compagnons ne reposaient que sur les armes que la nation leur avait confiées pour sa défense. Je me souviens de discussions que j'avais eues avec différents ministres militaires, au début du mois de Mai 1984 à Conakry.

La vacuité dont faisaient preuve ces militaires à ces postes s'est confirmée aux résultats de leur gestion catastrophique. Ce qui comptait pour eux à ces postes de responsabilité, était ce qu'ils pouvaient en tirer en termes matériels et financiers et non les services à rendre à la Nation. C'est là où réside la caractéristique fondamentale des imposteurs au pouvoir.

Je crains, ce n'est pas un souhait, que Moussa Dadis Camara et ses compagnons du CNDD ne soient à la porte de l'imposture, s'ils n’y sont pas déjà entrés.

A constater l'ampleur du crédit moral dont ils disposaient à la fin de l'année 2008 et les alertes qui fusent de partout à l'heure actuelle, sur les dysfonctionnements et les pratiques de pompiers de Dadis et du CNDD, on doit s'interroger au lieu de s'installer dans cette béatitude conformiste qui consiste à dire « Ne les troublez pas, ne créez pas de confusions, laissez-les travailler tranquillement, etc. ».

Qu'on me dise qui, quel groupement, aujourd'hui, en Guinée ou à l'extérieur dispose de forces matérielles pour s'opposer à des militaires en armes et les empêcher de faire ce qu'ils veulent faire?

Personne. Que le CNDD se remette à faire du sérieux pour ce qui reste de la période transitoire et vous verrez que les flux des critiques s'atténueront. Il faut rappeler à cet égard que parmi les Guinéens qui écrivent sur le pays, certains avaient souligné que le CNDD avait hérité d'une situation politique très difficile.

 Pour ma part, j'avais, plus d'une fois écrit qu'il fallait s'attendre à de nombreux couacs indépendants de la volonté des membres de la nouvelle direction guinéenne.

Toutefois, l'expérience des six mois écoulés montre que quelles que soient les bonnes intentions proclamées, Moussa Dadis Camara et les principaux membres militaires du CNDD n'ont ni la formation, ni l'expérience, ni la dimension culturelle de sortir la Guinée des décombres dont ils ne sont du reste pas les responsables, je l'ai dit, à moins de vouloir s'éterniser au pouvoir et aggraver ces décombres.

 Seules des élections vraies devant conduire des élus du peuple guinéen aux commandes de l'Etat entraîneront l'adhésion du peuple guinéen à l'édification humaine, économique et sociale de sa patrie.

Tout le reste n'est que manœuvres dilatoires et perte de temps qui se termineront par la honte posthume ou du vivant des acteurs qui se sont crus les envoyés de Dieu. C'est ce titre que ne cessent de leur souffler à l'oreille les bandes oisives d'ignorants qu'ils consultent régulièrement sur les desseins de Dieu à leur égard.

Ces pratiques qui n'ont jamais fait avancer les problèmes guinéens constituent des activités florissantes et nourrissent bien leurs hommes. Comme le CMRN, le CNDD est arrivé à un moment d'attente intense du pays réel guinéen de renouvellement du système politique en place.

C'est ce qui explique les explosions de joies populaires le 23 Décembre 2008. Cette entrée dans l'Histoire de la République de Guinée était une chance à saisir pleinement.

Le CMRN avait torpillé une telle chance qui s'était offerte à lui en 1984. Je le répète, bien que les compagnons du CNDD aient un niveau culturel moyen supérieur à celui de leurs aînés du CMRN, ils ne montrent pas que ce sont eux qui arriveront à tirer le pays vers le haut.

Les intentions proclamées d'une transition courte pour remettre le pays sur les rails et qui ne semblent pas s'être concrétisées de façon tangible, doivent clairement être débarrassées des effets pervers de la politique-spectacle.

C'est la voie de la crédibilité et de l'honneur qui reste pour le CNDD et son chef pour sortir la gouvernance en Guinée de la mauvaise philosophie politique de l'imposture.

En tant que militaires, ce que la nation consciente attend de Dadis et de ses compagnons, c'est de déployer leurs efforts pour organiser le pays pour des élections dignes de ce nom pour qu'enfin les Guinéens soient gouvernés selon leur volonté.

Des élections?... Quand?

Il ne faut, d’ailleurs, pas rendre ce mot magique, ce ne sont pas des élections qui vont de manière magique résoudre illico tous nos problèmes mais à réfléchir là-dessus, c'est la moins mauvaise des perspectives d'avenir pour nous au regard du passé. Alors des élections, disons, le plus rapidement dans un délai clair qui ne laisse planer aucune ambiguïté sur des tentatives d'installation durable de l'Armée au pouvoir.

On se demande d'ailleurs le pourquoi de cet anachronisme dans certains pays africains dont la Guinée de voir la prétention de l'Armée à vouloir gouverner le pays.

Le constat qu'on tire souvent des gouvernements militaires est l'échec et la mise en retard de pays ayant connu ces cas de gouvernement. Le grand retard des pays d'Amérique du Sud sur l'Amérique du Nord s'explique en partie par la prétention des Armées d'Amérique de Sud à s'immiscer dans la vie politique de certains de ces pays du 19e siècle au milieu du 20e siècle.

Les coups d'Etat militaires s'y étant raréfiés depuis le années 1960, bien des pays latino-américains ont réalisé de remarquables progrès économiques et sociaux.

Aujourd'hui, on y compte de grands pays émergents qui comptent dans l'économie mondialisée. En ce qui nous concerne, rien ne pourrait empêcher, comme dans les pays démocratiques, que des membres du CNDD, devenus des citoyens civils, aient plus tard des prétentions de carrière politique. Ce qu'on attend de Dadis et du CNDD est pour l'immédiat :

a) D'activer la fin de la période transitoire pour l'organisation d'élections dans lesquelles aucun d'eux ne sera impliqué comme candidat ni en 2009, ni en 2010.

Les partis politiques, la société civile, les syndicats et le Groupe International de Contact sur la Guinée pourraient à nouveau se retrouver comme prévu d'ailleurs en Mai 2009. Cette rencontre devrait être assortie de mises en garde contre les déclarations équivoques et toutes manifestations de l'Etat-spectacle.

b) C'est la voie raisonnable, il faut le répéter, pour les membres du CNDD qui veulent envisager pour plus tard une carrière politique, après un retour dans les casernes qu'ils doivent mettre à profit pour réorganiser l'armée.

 Cette réorganisation serait une nécessité. Il faut en effet restaurer la vraie mission d'une armée républicaine éduquée et reposant sur le rétablissement de la hiérarchie.

L'image qu'elle donne actuellement n'est en effet pas annonciatrice de stabilité pour l'armée elle-même mais également pour l'Etat républicain. La culture du Parti-Etat qui voulait que n'importe qui soit capable de tenir n'importe quel poste dans l'Etat est encore fortement ancrée dans les esprits.

C’est pourquoi des pratiques comme celle de faire prêter un serment de fidélité sur le Coran ou la Bible à qui que ce soit, ne retiendront personne dans sa soif de pouvoir.

Seule une bonne formation républicaine sera à même d'amener au respect des institutions et de la hiérarchie, garants de la stabilité de l'Etat et de programmes cohérents de développement.

Hors de ces considérations, les critiques faites actuellement sur Dadis et sur le CNDD ne sont pas toutes des exagérations comme des béni – oui -oui tentent de le faire croire et n'ont à la bouche que ce psittacisme: « qu'est-ce que vous proposez » comme si tous ceux qui écrivent n'avançaient aucune suggestion dans leurs réflexions.

Et plus encore, a-t-on jamais constaté que toutes propositions, et chacun sait qu'il s'en formule sans répit, sont tout simplement lues?

Un collectif comme le Conseil National des Organisations de la Société Civile de Guinée (CNOSCG) a souvent fait des propositions, de bonnes propositions pour quels résultats? Ainsi, pour une amélioration de la gouvernance en Guinée, ce conseil fait un remarquable travail pour « le redressement » de la gouvernance de notre pays.

Le dernier exemple de son intervention est contenu dans sa déclaration du 15 Juin 2009 qui porte sur huit points de propositions essentielles sur la transition en cours. Je suis sidéré de constater que le CNOSCG qui n'a pas les moyens matériels d'un gouvernement pour mettre en pratique ses propositions, n'échappe pas aux critiques inutiles de certains de ceux qui réclament à tout propos des propositions à faire aux CNDD.

On devrait savoir que tout gouvernement en Guinée ou ailleurs a besoin d'organismes (sous diverses appellations) du type du CNOSCG pour améliorer sa gouvernance et aller de l'avant. C'est ce qui a cruellement manqué en Guinée pendant 50 ans.

 Pour ce qui a trait à d'autres aspects des critiques adressées au Président du CNDD, par exemple la tendance à une certaine forme d'autocratie, il s'agit là de comportements à combattre plutôt que de sujets comme l'incident survenu avec l'Ambassadeur allemand Karl Prinz.

Dans un exemple de ce type, les choses me paraissent simples à comprendre. L'Ambassadeur Karl Prinz est intervenu de façon peu diplomatique, c'est sûr, dans sa question connue de tous à Dadis.

 En Europe, il n'aurait pas posé la question dans les mêmes termes. Mais s'il l'a fait, c'est sans doute au regard du financement que la Guinée sollicite constamment de l'extérieur, notamment de l'Union Européenne pour tout ce qu'elle veut entreprendre. C'est le cas des élections sur lesquelles portait la question de M. Prinz.

Quand on est bailleur de fonds d'une opération, cela peut conduire à vouloir y jeter un regard. Et ceux qui font, comme les dirigeants de Guinée, continuellement appel aux fonds accumulés par d'autres peuples sont mal placés pour parler de dignité.

C'est pourquoi j'avais intitulé un de mes articles : « Indépendance où es-tu? » (20 Mars 2008). C'est l'occasion de rappeler que les fonds que nous sollicitons sans gêne auprès de bailleurs extérieurs, ont été accumulés par eux en utilisant leurs diverses compétences de tous niveaux.

En Guinée, les compétences ont été pour l'essentiel écartées de la gestion de haut niveau de l'Etat et de l'économie par toutes sortes de manigances parentales ou népotistes, en sorte que c'est l'incompétence qui a eu pignon sur rue.

Ce système a toujours contribué à la pérennisation de l'imposture au pouvoir. C'est ce système que nombre de Guinéens auraient voulu voir abattu. Le temps de l'installation de la transition, par définition courte le plus souvent, paraît déjà escamoté par la politique-spectacle du CNDD et de son chef.

Pour ce qui reste de ce temps toujours non défini avec précision, il faut, pour l'honneur de Dadis et de ses compagnons, une vigoureuse reprise de la préparation d'élections fiables sans participation, comme candidats, des membres du CNDD.

Si tel n'est pas le cas, c'est que l'imposture adoptée comme philosophie politique en République de Guinée n'a pas été éradiquée par l'avènement du Conseil National pour la Démocratie et le Développement en Décembre 2008.

Alors, Guinéennes et Guinéens, mes compatriotes, le devoir impérieux est de se grouper derrière les partis politiques de vos choix. C'est la voie pacifique de salut.

 Les appels à la désobéissance civique ne sont pas réalistes surtout quand ils émanent de ceux qui ne vivent pas les conditions quotidiennes des Guinéens moyens. J'ai à plusieurs reprises écrit que les leaders de l'opposition politique étaient les seules alternatives crédibles de changements.

Il m'est même arrivé, il faut que je le rappelle, de dire que cette opposition devait être présente dans les allées du pouvoir, au moment du règlement de la succession de Conté, qu'on pouvait estimer à 50% sous l'éphémère primature de Souaré, se déroulant dans ce qui était alors présenté comme le cadre constitutionnel.

J'avais expliqué à l'époque qu'il ne s'agissait pas d'une collaboration avec un Conté finissant mais pour une opposition présente dans les rouages de l'Etat à une époque d'incertitude pour tous.

Cette parenthèse faite; les faiblesses des partis d'opposition sous Conté me semblent avoir résidé pour partie dans leur excessif émiettement du champ politique, leur absence de réelle synergie d'action et surtout de leur étouffement par le pouvoir en place.

Mais pour certains, les avoir pris pour cibles de critiques infondées et de procès d'intention sans valeur, avait toujours constitué, à mes yeux, de graves erreurs de jugements qui n'avaient fait que conforter les imposteurs au pouvoir.

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