Place au réalisme politique

Dans la perspective d’un retour imminent à l’ordre constitutionnel, avec la fin programmée de la transition en cours et l’organisation des élections, telles que prévues dans le chronogramme proposé par les forces vives de la nation, un zoom sur le paysage politique, en cette période cruciale, que l’on voudrait tous, favorable à l’émergence d’une Guinée, débarrassée des pesanteurs d’un passé, peu reluisant sur le plan économique et humain, laisse entrevoir des signes d’inquiétude, liés à un phénomène de gaspillage d’énergie, que crée ce climat délétère, d’opposition stérile entre pro et anti CNDD.

L’on se souvient que la prise de pouvoir par l’armée, consécutive à la mort du général Conté, a été sinon saluée, en tous points de vue, préférable à la légalité constitutionnelle qui aurait entrainé, un changement dans la continuité de la mal gouvernance, qu’incarnaient les caciques du régime défunt.

Ce choix, s’il n’était pas la meilleure des solutions, ouvrait pensait-on avec réserve, la voie à la création de conditions matérielles et d’environnement structurel, conformes à l’idéal de démocratie, seule alternative politique, à même de sortir le pays de l’ornière.

Cependant aujourd’hui, sous prétexte d’expression pluraliste et démocratique des opinions, la classe politique, dont la pléthore des tendances, est de façon on ne peut plus éloquente, expressive des divergences, dans cette lutte acharnée de conquête du pouvoir, souffre de l’incompatibilité de la volonté populaire de changement et les suspicions de division, que l’on prête aux postulants à la future magistrature suprême.

Ceux-ci se trouvant fondamentalement, des différences de principe dans leurs projets respectifs de société,  une reconfiguration politique favorable à l’harmonisation des courants de pensée, réduisant et facilitant, le choix des militants et sympathisants, devient du coup hypothétique et tout porte à croire, qu’en pareille circonstance, l’amalgame entre ambitions et prétentions des uns et des autres, crée un point de friction, d’où l’on ne peut s’attendre, qu’à l’éventualité de distribution fantaisiste et d’occupation anarchique des parcelles d’autorité.

La restauration de l’autorité de l’Etat dont il est question, se trouve en ce moment, délicatement entamée, du fait de la propension de nos dirigeants, à favoriser des situations de conflits de compétences et d’intérêts, ce qui met en mal nos aspirations profondes de cohésion sociale, car on se retrouve bêtement embourbé, dans de mesquines querelles d’égo de personnalités, qui n’ont pourtant de cesse de clamer avec désinvolture, leur capacité et aptitude à privilégier de façon objective, l’intérêt supérieur de la nation.

Comment expliquer la prolifération des partis politiques, au nom d’un leadership qui n’aura rien de consensuel, parce que défini par la singulière idée de se faire valoir individuellement, face à un défit d’ordre national, qu’est le développement socio-économique de la Guinée.

Chose essentielle, c’est que la direction d’un peuple, ne saurait s’improviser et à propos, les autorités actuelles du pays ont, comme il est de coutume, fait des promesses auxquelles, les populations assoiffées de changement, ont cru dur comme fer, surtout que les discours de bonnes intentions du Capi-Prési, étaient empreints de sincérité.

Seulement avons-nous simplement oublié que les grandes désillusions naissent de grands espoirs.

Le Capitaine Dadis, quelque soit sa bonne volonté, ne saura à lui seul, comme le temps semble le déterminer, trouver les remèdes au mal guinéen, qui se trouve profondément enraciné et dont l’extirpation des racines, nécessitent les efforts de tous.

Soyons d’avis avec ceux qui soutiennent, la tenue d’une conférence nationale de réconciliation, qui permettrait de rebâtir de solides fondations, d’une nation progressiste, car en Guinée, il y’a trop de non-dit, qui méritent d’être portés à connaissance du peuple, pour que sauves soient, les générations futures.

Par ailleurs, contrairement à l’organisation en premier lieu des élections présidentielles, dont l’issue aurait influencé le choix des électeurs vers la mouvance présidentielle, avec comme atout, l’émergence dans la future assemblée nationale, d’une majorité stable, nécessaire à l’entreprise des reformes, l’organisation des élections législatives risque de voir naître, des groupuscules de courants, à poids politiques sensiblement égaux, ce qui rendrait difficiles, les futures tractations de proposition de projets de gouvernement.

Dans l’un ou l’autre des cas, les guinéens doivent se résoudre à l’idée de constitution d’un gouvernement d’union nationale, qui mettrait à contribution toutes les compétences du pays, au-delà  des stéréotypes, avec comme critère essentiel de choix du futur président démocratiquement élu, outre son intégrité physique et morale, mais aussi et surtout l’expérience de la gestion administrative, comme gage de compétitivité, dans cet élan de globalisation du monde.

Ce choix s’avère crucial, car il faudrait comprendre, que la tendance est au maintien des présidents élus au pouvoir, pour au moins deux législatures consécutives, quelque soient d’ailleurs, les conditions de réélection, sous le prétexte, de vouloir conclure l’œuvre entamée, qui ne se résume en réalité qu’en des réformes, dont les résultats ne s’observent qu’à moyen et long terme. Ne dit-on pas à ce sujet que le temps est le meilleur allié du politicien ?

Qui à ce stade de l’évolution de la situation guinéenne, peut dire en âme et conscience, qu’il se satisfait de ce style de gouvernance, qui parait inédit, de par le caractère volubile et théâtrale des invectives du Capi-Prési, agissant en grand manitou, actes qui ne doivent être assimilés, qu’à des coups de sang et peut-être des coups de gueule, car versatile qu’il se montre, il dit en parlant de ses décisions parfois contestées, que sa parole n’est pas une montagne. Alors, la question reste entièrement posée.

En tous les cas, l’avenir donnera raison, à ceux qui ont raison et tort, à ceux qui ont tort, déterminisme oblige.

 

 

 

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