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Guinée : à la poursuite d'«Ebola zéro»

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Dix-huit mois après le début du cauchemar, la Guinée espérait voir venir la fin de l'épidémie avec la baisse du nombre de cas en avril et début mai. Mais les chiffres repartent à la hausse.

Dans la grande cour de l'hôpital Donka de Conakry, les tentes de toile ont été remplacées par des structures en bois. L'évolution du centre de traitement Ebola de Médecins sans frontières raconte celle d'une épidémie qui, en 18 mois, a tué près de 2500 personnes en Guinée (plus de 11.000 au total dans les trois pays concernés d'Afrique de l'Ouest). Agrandi pour faire face à l'afflux de malades, le centre semble désormais tourner au ralenti. Trois cas suspects, mais aucun malade ce jour-là dans la zone à hauts risques. Un calme trompeur. «On ne peut pas dire que c'est terminé, avertit Sophie Sabatier, la responsable du centre. Il suffit d'un cas pour relancer l'épidémie.» D'ailleurs, dès le lendemain, un enfant arrive en ambulance. Test Ebola positif. Le garçon vient de l'Est, la région de Forecariah, une des zones où sont toujours signalés de nouveaux cas.

Pour s'y rendre, il faut parcourir une centaine de kilomètres de mauvaise route à l'est de la capitale. Dès l'entrée de la préfecture, un barrage. Tout le monde descend de son véhicule, se lave les mains à l'eau de Javel et tend son front devant le thermomètre électronique.

Après trois barrages, arrivée dans la ville de Forecariah. Huit heures, c'est l'heure de la réunion quotidienne de coordination de tous les acteurs de la lutte contre Ebola. Le dernier cas signalé la veille inquiète tout le monde: un malade a été enterré dans son village. Des obsèques traditionnelles, impliquant des contacts avec le corps contagieux au lieu d'un enterrement sécurisé par la Croix-Rouge.

Une équipe est envoyée sur place pour recenser tous ceux qui ont été en contact avec le défunt. Ils seront placés sous surveillance pendant 21 jours, la période d'incubation maximale du virus, avec prise de température matin et soir.

«Cette dernière ligne droite n'est pas facile», reconnaît le Dr Sakoba Keita, coordinateur national de la lutte contre Ebola, qui a recensé seize nouveaux cas la première semaine de juin. «Les réticences dans la population ont ralenti nos efforts pour contrôler la maladie, explique le médecin. Les familles ne veulent pas qu'on dise qu'il y a un cas chez elles. Il y a encore du déni de l'existence de cette maladie.»

Des réticences et aussi des rumeurs que Mariam Touré, de l'Unicef, constate sur le terrain: «Certains disent: “Nous ne croyons pas en Ebola, c'est une invention, laissez-nous pratiquer nos coutumes”.» Cette Guinéenne énergique comprend que certains ne soient pas prêts à accepter un enterrement où «leur parent décédé est manipulé par des personnes extérieures et enfermé dans des sacs mortuaires», mais elle ajoute qu'il faut prendre le temps d'expliquer.

Expliquer la maladie

Les actions de sensibilisation sont un maillon essentiel de la lutte contre Ebola, souvent confiées à des Guinéens issus des communautés. C'est le cas à Maferinya, près de Forecariah. Assis sous un manguier, Awa Niassa et ses cinq enfants écoutent attentivement les membres du comité de veille villageois. Avec leur «boîte à images», un carnet de dessins, les jeunes volontaires habitant la région passent de foyer en foyer pour expliquer la maladie et les moyens de s'en protéger. «S'il y a un malade, répète le chef d'équipe, Cheikh Ahmed Sylla, il ne faut pas le toucher et appeler tout de suite pour qu'il soit emmené à l'hôpital.»

Dans ce quartier, le message passe bien. Ce n'est pas toujours le cas: «Parfois, certaines familles nous chassent, les gens nous jettent des cailloux», raconte l'un des jeunes volontaires. Pas de quoi les décourager cependant. Aujourd'hui, les équipes se disent mieux accueillies. Elles sont convaincues que la Guinée va bientôt atteindre «Ebola zéro».

Source: Le figaro

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