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Guinée: début des tractations pour la nomination d'un Premier ministre de transition

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Les tractations ont débuté jeudi en Guinée sur le choix d'un Premier ministre issu de l'opposition, après la décision de la junte de partager le pouvoir pour sortir de la crise née du coup d'Etat du 23 décembre 2008 et trois mois après le massacre de plus de 150 opposants.

Les premières réactions de l'opposition et de la société civile au discours d'"apaisement" du président par intérim et nouvel homme fort, le général Sekouba Konaté, ont été positives même si la prudence reste de mise, tant de nombreuses questions restent en suspens.

Qui sera le Premier ministre chargé de mener le pays vers des élections générales, dont la date n'a pas encore été fixée? Devrait-il être issu d'un parti politique, d'un syndicat ou de la société civile? Quels seront ses pouvoirs? Pourra-t-il être candidat à la présidentielle?

Aucun nom faisant consensus ne semblait émerger jeudi et les spéculations allaient bon train.

"Il nous faut une personne techniquement compétente et politiquement mûre", a indiqué jeudi à l'AFP Bah Amadou Oury, vice-président de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG, opposition).

Pour Rabiatou Sérah Diallo, une des syndicalistes à la pointe de la contestation, "l'idéal serait que le Premier ministre soit neutre, qu'il n'ait pas d'ambition politique. Il est indiqué qu'il soit issu des forces sociales et nous sommes catégoriques à ce sujet."

Le responsable de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (Raddho), basée à Dakar, Alioune Tine, verrait pour sa part "un homme intègre de la société civile, au-dessus de tout soupçon, pour mener une transition pas très longue".

"Cela pourrait être un religieux, c'est ça l'idéal. Il pourrait rassurer tout le monde car il ne s'appuierait pas sur l'Etat pour mener sa campagne et ne manifestera pas d'ambition politique", a-t-il souligné.

Des responsables de partis politiques de l'opposition se sont brièvement rassemblées jeudi à Conakry au domicile de Jean-Marie Doré, président de l'Union pour le progrès de la Guinée (UPG) et porte-parole des Forces vives (opposition, syndicats et société civile).

"La réunion concernant le discours de Konaté a été repoussée à vendredi 10H00 (locales et GMT)", a précisé M. Oury de l'UFDG.

Le Mouvement social, rassemblant les syndicats, le patronat et la société civile, a de son côté rencontré jeudi le Premier ministre Kabiné Komara.

"On voit qu'il y a une volonté notable qui se dessine", a indiqué la syndicaliste Rabiatou Serah Diallo.

"Le gouvernement a mis en place trois commissions de travail, concernant notamment la sécurité des opposants en exil" qui ont été invités à "rentrer au bercail" par la junte, selon elle.

Il y a aussi "une commission chargée d'étudier les revendications des travailleurs et une autre chargée de la redynamisation de l'administration".

La crise politique s'était brutalement aggravée avec le massacre le 28 septembre par les forces de sécurité de plus de 150 opposants dans un stade de Conakry.

Le 3 décembre, le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, avait été grièvement blessé d'une balle dans la tête, lors d'une tentative d'assassinat par son propre aide de camp. Il est hospitalisé au Maroc et n'a fait depuis lors, aucune apparition publique ni discours.

L'ouverture proposée par le président guinéen par interim a été saluée dans la région.

La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui regroupe 15 membres s'est "félicitée" de la décision devant conduire rapidement à des "élections crédibles et transparentes". Le Maroc a salué "un pas en avant, significatif et prometteur".

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