Guinée : Travail, justice (?), solidarité

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La 3ème république est née en Guinée avec l’espoir que le rideau soit définitivement baissé sur les méthodes qui ont sinistrement rendu célèbres les deux premières. Les stigmates d’hier sont pour la plupart présents et le renouveau tant espéré se faire désirer. Des voix s’élèvent pour dénoncer les agissements du deuxième président civil de la Guinée.

 Ses plus fervents partisans, quant à eux, estiment qu’il est trop tôt pour s’alarmer malgré les signaux pas très rassurants indiquent que les issues qui doivent nous mener à l’avènement de cette guinée nouvelle semblent plutôt être des impasses.

En effet, le nombre pléthorique de ministres, les manquements à la constitution, la connivence avec les militaires sont des actes qui inquiètent plus d’un aspirant au changement. Dénoncer cela, ce n’est pas faire de l’anti « Condéisme » primaire mais plutôt alerter ce qu’il convient d’appeler les prémisses de la mise en danger de l’Etat de droit. La bonne gouvernance selon Alpha Condé devrait-elle faire fi de l’impunité? Le mot justice dans notre devise ne rimerait-elle donc à rien ? Cela nous ramène donc à la question des crimes, tant économiques que sanguins, et du pardon que le président a abordé de façon abrupte. Ce dernier s’inspire de son cas personnel, estimant que si lui, est arrivé à pardonner alors toutes les victimes des injustices de la barbarie politique guinéenne devraient pouvoir en faire autant. Ce raisonnement personnel ne doit engager que le Président ; il ne doit pas attendre des guinéens un pardon alors que beaucoup de victimes ou de familles de victimes des deux premières républiques et de la période plus récente de la transition sont révoltées par cette impunité qui a brisé de nombreuses vies et compromis maints avenirs. Il va de soi que justice et réparation soient des préalables avant un quelconque pardon qui doit être du seul ressort des victimes.

Les deux précédents régimes ont forgé leur système de gouvernance sur l’impunité. La rupture passera par un acte fort, en tournant cette page par la mise en œuvre de dispositions qui permettront de faire dans un premier temps la lumière sur les évènements de ces derniers mois et années car les mémoires et les preuves sont plus fraîches, et dans un second temps les évènements plus lointains. Il ne s’agit en aucun cas d’ouvrir la boîte de Pandore, mais plutôt de comprendre notre douloureux passé afin d’éviter les répétitions des scénarios lugubrement macabres. C’est urgent de le faire ! Ceci est important mais jusque là (délibérément ?) absent des priorités du Président de la République et de son gouvernement.

La configuration actuelle du pays et les orientations actuelles d’Alpha Condé ne présagent, hélas, pas de lendemains meilleurs. La preuve en est qu’aujourd’hui, des présumés coupables des tueries du stade du 28 septembre ne sont pas inquiétés. Les personnalités contestées de janvier et février 2007 sont dans les plus hautes sphères de l’Etat. Drôle de changement où l’on veut démanteler les méthodes en se servant des hommes qui ont pensé ce modèle contesté de société.

Ne nous faisons donc point d’illusions, la construction des rails pour remettre le train Guinée en marche et l’aiguiller ne sera pas mince. En réalité ce sera un travail titanesque qui demandera un dévouement certain de ceux qui ont en charge le devenir de notre pays. C’est pour cela que notre vigilance doit être de rigueur et nos contributions par des critiques constructives ne doivent jamais cesser car c’est de l’affrontement de nos différents points de vue que la Guinée de demain sera meilleure et non par des visions partisanes et profondément communautarises. Il appartient aussi au Président à son staff de contribuer à l’amélioration du climat en se mettant au dessus des considérations sectaires et en ne donnant pas le sentiment d’œuvrer que pour une communauté ou de vouloir en exclure une autre. La politique du diviser pour régner doit devenir un lointain souvenir mais s’il faut avouer que nous n’en prenons pas le chemin pour l’instant.

KOUMBASSA Alassane

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