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L'armée donne des gages de bonne volonté

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Au cours d'une rencontre avec les responsables politiques guinéens, le colonel Nouhou Thiam, chef d'état-major de l'armée, a tenu un discours d'une fermeté et d'une intégrité rares. Il a promis que l'institution militaire ferait respecter le calme pendant le scrutin présidentiel du 27 juin et se mettrait à la disposition du futur président. Lent basculement démocratique ou simple méthode Coué ?

L'armée guinéenne serait-elle en train de basculer, lentement mais sûrement, dans le camp des démocrates ? C'est du moins ce que l'on pourrait conclure des récentes déclarations du chef d'état-major, le colonel Nouhou Thiam, par ailleurs également coordinateur général de la nouvelle force de sécurisation du processus électoral (FOSOPEL). Au cours d'une rencontre, mercredi 19 mai, avec les dirigeants politiques et leurs représentants au Palais du peuple (Assemblée nationale), celui-ci a fait preuve d'un language autoritaire - comme à son habitude - mais pour la bonne cause.

« La campagne commence, nous voulons que chacun prenne ses responsabilités, que chacun se mette en tête que la paix n'a pas de prix, nous exigeons du calme et la sérénité pour le peuple de Guinée », a-t-il indiqué, non sans mettre en garde « tous ceux qui attenteraient à l'ordre public et à la sécurité » avant, pendant et après l'élection présidentielle du 27 juin. Nouhou Thiam a également demandé aux leaders politiques de « sensibiliser leurs militants afin d'éviter tout dérapage (...). Une campagne (électorale) ne veut pas dire casse de voitures, campagne ne veut pas dire casse de boutiques, campagne ne veut pas dire injures, campagne ne veut pas dire jets de pierres, etc. », a-t-il insisté. Avant de menacer : « L'armée n'hésitera pas à mâter s'il y a des débordements ».

Ingérences et manipulations

Le chef d'état-major s'est également voulu rassurant. Il a même paru désavouer le comportement passé de l'armée. « Je vous donne l'assurance que les forces armées seront neutres tout au long de cette transition (...). Il n'y aura plus de trafic d'influence, plus d'ingérence, plus de manipulations », a-t-il assuré, reconnaissant donc qu'il y en avait auparavant. Selon lui, l'armée doit désormais accompagner le processus « de façon responsable ». « L'armée sera à la disposition de celui qui sera démocratiquement élu, c'est pourquoi nous allons vous demander de vous accepter, de vous aimer. Vous n'êtes pas des ennemis, mais des adversaires », a-t-il précisé.

Les paroles du chef d'état-major, dans lesquelles autorité et respect du peuple se mêlaient étroitement, ont été bien perçues par les principaux responsables politiques présents lors de la rencontre. « Je me réjouis de constater que l'armée guinéenne reste fidèle aux engagements pris par le général Sékouba Konaté de restaurer la démocratie et d'œuvrer pour le retour à l'ordre constitutionnel », a déclaré le candidat de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo. « J'avais une fois dit que le peuple de Guinée n'avait pas à désespérer de son armée et qu'au sein de la grande muette guinéenne il y avait bien des patriotes, des républicains et des démocrates », a-t-il ajouté.

Méthode Coué

François Lonsény Fall, du Front uni pour la démocratie et le changement (FUDC), a également exprimé sa satisfaction, tout en marquant un peu plus de réserve. « Je pense que si l'armée réaffirme cette vocation républicaine, on doit s'en féliciter (...). Nous nous avons toujours voulu d'une armée républicaine respectueuse des institutions, mieux formée et mieux équipée, une armée qui se donne à la défense du territoire national et pourquoi pas aussi au maintien de la paix », a-t-il déclaré.

Reste que - et chacun le sait en Guinée -, sans une réforme en profondeur, l'armée demeure le principal facteur d'instabilité du pays. En dépit des discours rassurants, et proches de la méthode Coué, de ceux qui sont à sa tête.

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