La Guinée d'Alpha, comme un bateau ivre, sombrant tel le Titanic ?

 

I Explications métaphysiques et spirituelles

On raconte que lorsque le dernier martyr du Néron guinéen, un  imam de Mamou fut arrêté et avant qu’on ne le trucidât, il eut ce mot dont on ne saisit pas tout de suite le sens funèbre.

Je serai le dernier martyr que la Guinée sera forcée d’offrir en holocauste au monstre.

 

Quelques semaines, quelques mois après, le monstre agita un mouchoir blanc (sa muleta on le sait avait cet éclat dont l’éblouissement empêchait de voir sa couleur sanguinolente) comme un adieu à des jeunes avec qui il venait de conférer. Ses conférences étaient toujours des monologues travestis. Vint ce jeudi, ou était-ce  un vendredi ?

 

Il vomit du sang. Le Saint des saints des Angbansan était habitué à ces malaises récurrents du suprême des geôles. Mais le petit Vapo  des geôles se croyant immortel refusait d’aller faire un vrai bilan. Vomir du sang, trop c’était trop. Et tomba un « amr » (ordre, oukase, fatwa, etc.) qui ne pouvait venir que du grand frère, Amara depuis Faranah. Ou peut-être plus simplement le Suprême avait-il perdu de sa superbe. Un petit coma a pu suffire pour le faire évacuer au Maroc d’abord ? Là on a dû se rendre compte que la technologie « couscous Garbit c'est bon comme chez nous là-bas dit » n’eût pas suffi. Et hop, le saut dans la gueule du loup, l’antre de Babylone, l’impérialisme dont on prétendait que le tombeau était en Guinée.

 

L’impérialisme, tombeau de l’homme-peuple

 

Bref, l’homme-peuple rendit l’âme sur une table d’opération dans un hôpital de Cleveland. C’est aux Etats unis. Il avait été victime d’une dissection aortique syphilitique thoraco-abdominale. Entubé et malgré les technologies et l’expertise médicales déjà sophistiquées ce fut le coma jusqu’à ce que mort s’ensuivît. Tout  comme les pendus de Tombo. Il ne revînt pas comme le fils de Marie (PS sur les deux).. Une ruse contrerévolutionnaire de la Raison historique. La Guinée n’était  pas encore devenue le tombeau de l’Impérialisme. C’est son pourfendeur qui y trouva le sien.

 

Et la prémonition n’est pas finie. Un obscur imam de Kankan qui a le malheur d’être hal poular, et originaire de Dinguiraye par-dessus le marché, a failli être arrêté par la soldatesque et peut-être se faire trucider après pour avoir osé contrevenir au décret imposant la fin de ce Ramadhan, (décidément la ville de Cheick Fanta Mady n’est plus ce qu’elle était qui avait reçu son werd tidjnane d’El Hadj Oumar par une isnad (chaîne) remontant à El Hadj Omar, donc on a frôlé le remake de Kankan-Kouroussa-Siguiri, le nettoyage ethnique de l’entre-deux tours !

 

Mauvais signe pour Alpha. Pire que le tremblement de terre de Koubia (ou Koumbia ?) quelques mois avant le voyage sans retour de l’Immortel AST qui avait le don de se transformer tel un chaman en lion, hyène et djinna mory en égrenant son mille grains, dixit une des éminences grises du PDG lors d’une pause entre deux brouillons du futur PUP en concoction !

 

Alpha a oublié Dinguiraye et El Hadj Omar dans son hagiographie très inspirée de cette fin de Ramadhan ; il a cité pêle-mêle des saints, des villes saintes de Touba, Bassara, Sagallé. Il est allé jusqu’à Madina, comment déjà, j’ai cru entendre Madina Guinesse, comme la bière brune anglaise ! La ville sainte de Thierno Mamadou Bah, dont l’héritier Thierno Tidiane   Bah assure le prestige spirituel, grâce notamment à une ziara qui rassemble chaque année des centaines de milliers de visiteurs à Madina Gounasse au Sénégal, à ne pas confondre avec la fameuse bière brune. Après le Ramadhan, le Chateaubriand de mon camarade François Soudan avait dû reprendre ses droits. Si jamais il y eût jeûne. Mais Thierno Tidiane Bah a fait l'incontournable ziara à Dinguiraye. Et lors d'une célèbre ziara à Timbo pendant les années 90, les sages ont dit la place centrale de la tidjania de Dinguiraye en présence de son Calife de l'époque, le regretté Thierno Mahim et le chérif Calife ou représentant de Cheick Tidjane, fondateur de la confrérie.

 

Donc le voyage initiatique d’Alpha nous a conduits jusqu’à Louga au Sénégal, pour éviter Dinguiraye !

 

Louga, dont le Calife des Tall est bien évidemment un petit fils arrière-petit fils d’El Hadj Oumar qui a nom Thierno Bachir Mountaga Taha Tall ! Or El Hadj Oumar partit de Sénégambie, car ni le Sénégal encore moins la Guinée n’existait encore, El Hadj Oumar né à Halwar, près de Podor vers 1794, a cherché et trouvé au Fouta Djallon le lieu  où tracer les fondations d’une ville seulement au nom et pour le Tawhid, donc cette ville sainte, puisque dédiée à l’Unique, fut Dinguiraye, dans le « limes » de l’almamiya du Fouta, au bord du Tamba de Boukari Tamba jamais véritablement soumis à l’almamya du Fouta. La « geste » d’El Hadj Oumar n’était pas de fonder un empire, ni même une théocratie. Répandant le werd tidjane et le Tawhid au fil de l’épée il est vrai, il créa un espace de plus de 300 000 km carrés, espace qu’aucun autre fondateur d’empire n’avait pu dépasser au moins en superficie. Un espace à la dimension de l’Empire du Ghana, de celle du Mali ou de celle du Kongo ou  du Monomotapa. Un espace qui brassa, qui brasse encore des populations, des ethnies, des cultures  aussi variées que bambaras-maninkas, bamanas-massassis, sarakollés, haoussas du Nigeria, du Kanem-Bornou, peuhls, maures, djallonkas : tout ce que la CEDEAO compte comme cultures et même au-delà de l’Atlas et de l’Equateur. La Guinée n’est qu’une parcelle de l’espace créé par El Hadj Oumar avant le Blanc. Cet espace n’a pas tenu un siècle, mais il a résisté à une puissante coalition entre le seuil des années 1850 et 1898. Ce n’est pas rien quand le Blanc,  qui ne l’a jamais défait était déjà omniprésent depuis le 14è-15è siècle entrain de signer des traités-pièges avec les « roitelets  nègres ». Il n’est d’ailleurs pas le seul Nègre à n’avoir jamais été défait ou soumis. Il y a une certaine population du Pays des hommes intègres qui ont préféré disparaître sur le champ d’honneur plutôt que d’être même colonisés. (1) C’est ce que El Hadj Oumar  a voulu, fait et réussi avec le Fergo, Hégire ou Exil qui a abouti à cet extraordinaire brassage culturel qu’on retrouve à Dinguiraye et dans plusieurs régions du Mali, du Burkina, de la Mauritanie, de la Gambie, au Cameroun, etc.

 

El Hadj Oumar Tall-Dinguiraye-Ba Mamadou-Cellou n’ont jamais existé !

 

Même AST a créé un Camp El Hadj Oumar Tall, comme pour dire qu’il lit au moins  l’histoire de « son pays ». Mais pour Alpha, Dinguiraye c’est Ba, et Ba c’est Cellou, et Cellou c’est mon problème. Or la plus courte façon de résoudre un problème, c’est de dire qu’il n’existe pas. Il y a plusieurs façons d’effacer d’un sombre tableau un problème. Soit on tue celui qui le pose. Soit on raconte à la RPTG qu’il est réputé n’avoir jamais existé. Cela s’appelle pétition de principe. C’est d’une certaine manière moins honteux que l’ignorance crasse.

 

Alpha rêve de rayer El Hadj Oumar Tall et Dinguiraye de l’Histoire,  et peut être de la carte de Guinée.

 

Vous me direz « tout ce blabla ne répond pas à la lancinante question, « Changement où es-tu ? » (Ansoumane Doré) !

 

Humblement, depuis ma petite Kaaba imaginaire, je donne les six jours de jeûne surérogatoire (hum !) après la fête à Alpha non pas pour répondre à la question de mon frère Ansoumane, mais pour rétablir ce qu’il a tenté de gommer en ce jour saint de l’Aïd El Fitr. A défaut, il y aura en son cœur scissiparité irréparable en son alpha et oméga.

 

Pour dire les choses fissa, il sera foutu et je m’en fous.

 

(A suivre)

 

A tous je dis salimafô et,

 

Wa Salam,

 

PS : - Alpha pourrait demander conseil à un de ses fidèles vigiles, un grigriman qui officie à Lansanaya, en haute banlieue de Conakry, un ami commun à JT (Mailck Condé) et moi. Un monsieur qui donnerait sa vie pour lui. J’espère seulement qu’il n’était pas là où il ne fallait pas la nuit du 19 juillet ; il pourrait lui dire qu’il y a des saints sur qui il ne faut pas faire sciemment l’impasse, tel El Hadj Oumar. Le grand saint fondateur du mouridisme, Cheick Ahmadou Bamba (j’ai eu l’occasion de le rappeler) qui avait prié sur son co-exilé Samory, sur la demande de ce dernier, s’était écrié et avait écrit plus tard à la vue du port de Conakry, « Conakry mounakiri », lire, Guinée, pays de souffrance. C’était en 1900. El Hadj Oumar avait annoncé au père du Sérigne de Touba (Sénégal) qui est de fait un Bah (déformé en Mbacké), Hal poular toucouleur, qu’une de ses épouses donnerait naissance à un très grand saint. Aux Diakankès de Touba (Guinée), il avait indiqué l’emplacement exact de la tombe du saint fondateur de leur ville sainte.

 

      - Enfin qu’il demande à Sankhon aujourd’hui directeur de la CNSS, alors chef du Protocole à la présidence,  pourquoi Lansana Conté fit 4 fois le même mois une visite très privée à Dinguiraye sur les conseils de sages du Fouta Djallon. C’était au temps du califat de feu Thierno Mahim dont Lansana Conté disait qu’il était son ami. Il y a des archives audiovisuelles qui témoignent de cette « amitié ».

 

Note (1) lire "Crépuscule des temps anciens", de Nazi Boni éd. Présence africaine

El Hajj Saïdou Nour Bokoum

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