La Tabaski sous le signe de la détente

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Les fidèles musulmans guinéens, à l’instar de leurs coreligionnaires à travers le monde, ont célébré ce 12 septembre, l’Aïd el Kebir ou la fête de Tabaski, en référence au sacrifice d’Abraham. Comme les années passées, le contexte socioéconomique était tel que beaucoup ont peiné à trouver le mouton à immoler. De nombreux chefs de ménage ont également sué pour trouver les habits de fête pour les enfants notamment. Par contre, contrairement aux autres fois, la fête de la Tabaski de cette année coïncide avec un contexte de détente sans précédent.

Depuis la rencontre entre le président de la République, Alpha Condé, et le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, le 1er septembre 2016, la tension et la crispation politique habituelle ont cédé la place à une certaine décompression. L’atmosphère ambiante est empreinte de soulagement. Une vague sur laquelle les imams, dans leurs différents sermons, et le président de la République ont surfé, pour certainement renforcer la dynamique.

Réconciliation, unité nationale, cohésion, le président Alpha Condé, comme subitement sorti d’un long cauchemar, n’a plus que ces mots à la bouche. Jadis réputé pour sa propension à aller à l’affront et à rendre coup par coup, il devient tout d’un coup un agneau soucieux de la préservation de la quiétude sociale et pour lequel l’unité nationale est le préalable au développement du pays. C’est du moins ce qu’il a confié à l’issue de la prière d’hier que le grand imam de la mosquée Fayçal a dirigée dans l’enceinte même du palais Sekhoutouréya. Formulant ses vœux à l’endroit de ses compatriotes, le chef de l’Etat a déclaré, en substance :

« Je souhaite à tout le peuple de Guinée bonne fête. (…) Que les Guinéens se donnent la main pour que notre pays avance. Notre pays ne peut avancer que si nous sommes unis. (…) La Guinée a un bel avenir, il suffit seulement que les Guinéens se donnent la main. Car j’ai toujours dit que Dieu aime la Guinée. Je suis convaincu et tous les Guinéens sont aussi convaincus que si nous sommes unis, notre pays peut aller de l’avant. Nous souhaitons donc que notre unité soit renforcée. Que nous discutions de nos problèmes comme des frères qui vivent dans la même maison et si cette case brûle, c’est nous tous qui perdons. »

L’unité et la solidarité par-delà les ethnies et les convictions politiques, c’est donc ce qu’Alpha Condé demande à ses compatriotes. Bien avant lui, l’imam, Elhadj Mamadou Saliou Camara, puisant les références dans le saint Coran, avait à peu près exhorté les fidèles musulmans guinéens à la même attitude. Sur ce point précis de son sermon, il avait lancé en direction des fidèles parmi lesquels des membres du gouvernement, des députés et des cadres haut-placés dans l’administration :

« Quand un d’entre vous a un malheur, que tout le monde se sente concerné. Quand un d’entre vous à un bonheur, tout le monde doit également être concerné. Quand l’un de vous est triste, tout le monde ressent la tristesse et que quand l’un est heureux, tout le monde est heureux. Ne cédez pas à la division. De votre entente, dépend votre grandeur. De vos divergences, viendra votre décadence. Si vous vous entendez, vous tenez à vos promesses et vous vous soumettez à la loi, vous progresserez. Si vous vous entendez et vous vous aimez, vous récolterez un bonheur collectif. »

Et on peut imaginer que chaque fidèle, dans son for intérieur, a prié pour que le contexte d’entente que connait actuellement le pays, perdure. Car de nombreux Guinéens, lassés par les répits éphémères, en sont à se demander si tout cela ne relève pas de manœuvres de circonstance. Pourvu que ce ne soit pas le cas, espèrent-ils.

Boubacar Sanso Barry    

Source: Le Djely

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