le CNDD s'inspire de Gbagbo

Le Général de Dadis, Sékouba Konaté, dans un discours ce mercredi 6 janvier 2010, vient de proposer les formations, comme Idrissa Cherif l’avait déjà suggéré, d’un gouvernement d’union nationale avec un PM issu de l’opposition et d’une « force mixte ».

Rien de nouveau donc, sauf que c’est devenu officiel par la voix du nouvel homme ‘’fort’’ du CNDD : la cause serait donc aussi entendue pour Dadis ?  Malheureusement n’ayant pas encore les détails des propositions du CNDD, nous pouvons néanmoins poser certaines questions bien que déjà évoquées dans des articles antérieurs :

·         Quelle opposition ?  La vraie, celle des Forces vives ou celle alliée au CNDD ou celle qui appartient aux deux camps à la fois (sic)?

·         Est-ce que les piliers du CNDD qui sont accusés de crimes contre l’humanité souscrivent tous à ces propositions ?

·         Que devient le CNDD ?  Nommera-t-il aussi ses représentants ?

 Voila juste quelques incertitudes que sûrement la suite des négociations lèvera.  Néanmoins, nous pouvons  déjà déceler dans son discours des attrape-nigauds lorsqu’il propose une force mixte qui est en fait composée des tueurs du CNDD repartis dans la police, la gendarmerie et l’armée (source : Toumba).  Avec Pivi en charge de protéger les ‘’leaders’’ politiques qu’il a voulu éliminer il y a quelques mois ?  La parole de Sékouba Konaté qui n’est pas à l’abri d’un coup lui-même ne peut servir de garantie surtout si nous nous referons aux promesses -et paroles d’Officier- du CNDD depuis le 23 décembre 2008.  Entre autres, le problème ici est que le Général de Dadis semble être plus un porte parole que le vrai patron, l’exécutif !  Que se cache t-il derrière ce revirement de posture ?  Bon ! Pour éviter de faire des procès (justifiés) d’intention en attendant que les contours se précisent un peu plus, testons leur bonne foi (peut-être que le Bon Dieu a décidé de prendre les choses en mains).  Si le CNDD propose de négocier  acculé par les pressions de toutes parts, vu la chienlit et que le ‘’médiateur’’ ressemble plus à un agent du CNDD  que quelqu’un de neutre motivé par le bien-être de la Guinée, répondons au défi  avec des contre-propositions.  En effet, comme dans tout conflit, nous sommes obligés de faire des compromis maintenant que l’obstacle principal qu’était l’arrogance et l’impétuosité de Dadis est levé ainsi que sa probable inculpation par le TPI (s’il vit encore et ‘’sanitairement’’ apte).  Mais surtout, la vérité est que nous ne pouvons pas compter a posteriori sur nos hommes politiques pour nous sortir de ce blocage : l’accoutumance à la politique politicienne semble avoir repris le dessus sur l’essentiel au point de les tétaniser de peur de prêter le flanc aux critiques et servir de bouc émissaire aux autres rivaux politiques.  En plus, il y a l’actualité qui presse avec le Nigeria qui est sur le point de connaitre aussi une crise de succession avec leur président empêché par la maladie et la Côte d’Ivoire qui n’a toujours pas connu d’élection.  Donc finalement, la realpolitik nous rattrape et l’évaluation de nos ressources politiques nous commande de faire évoluer le statu quo.  Ainsi, les Forces vives pourraient faire les propositions suivantes pour tester la bonne foi du CNDD :

·         Accepter la venue d’une force de gardes du corps avec leurs moyens de déplacements routier et aérien pour les leaders des Forces vives avec cantonnement des militaires dans leurs casernes afin que les négociations se déroulent dans la sérénité, sans peur au ventre des acteurs politiques;

·         Dans ces conditions, ramener le lieu des pourparlers à Conakry sous la supervision d’envoyés spéciaux de la CEDEAO, de l’UA et de Ban Ki-Moon (ONU).

C’est le minimum à exiger et obtenir du CNDD pour commencer à discuter quoi que ce soit ; autrement ce serait faire hara Kiri, littéralement parlant.  Sans être cynique,  les propositions de Sékouba Konaté sont trop ‘’belles’’ pour être crues sans arrières pensées de leur part, surtout avec un Idrissa Cherif encore dans leur rang.  En effet, on sent la main de ce dernier derrière cette main tendue qui s’inspire fortement de l’expérience ivoirienne : reprendre l’initiative afin de contrôler le processus et le dénouement en leur faveur a fortiori si les adversaires sont attirés dans leur repaire contrôlant les forces armées.   Nous le répétons encore une fois, ils peuvent imposer leurs conditions et faire dérailler le processus à tout moment et gagner du temps : lorsqu’il y a la menace du TPI suspendue au dessus de leur tête, des mois ou une année de gagnée n’est pas négligeable.

Pour finir, il faut avouer que Toumba a involontairement complètement changé la donne ; les doutes confirmés sur Blaise Campaoré et l’efficacité limitée (euphémisme) de nos ‘’leaders’’ politiques nous laissent très peu de latitude de manœuvres pour sortir nos parents, coincés au Pays, de la souffrance et de la catastrophe inéluctable imminente.  Notre confort hors de Guinée ne doit pas nous faire oublier la précarité de ces populations  et en plus, nous savons à quoi nous en tenir en termes de moyens d’action.  Faisons donc  preuve de ‘’génie’’ politique en utilisant la philosophie du Jiu-jitsu/ Judo qui utilise la souplesse et la force (d’inertie) de l’adversaire pour le terrasser. 

Wait and see,  la réaction de nos leaders!   Pourvu qu’ils ne se précipitent pas tous ensemble et en même temps dans les brèche et piège du CNDD!

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