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Législatives en Guinée: l'opposition veut l'annulation du scrutin, menace de manifester

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L'opposition guinéenne a exigé vendredi l'annulation des législatives du 28 septembre, accusant le pouvoir du président Alpha Condé d'une fraude "massive" et "généralisée" et menaçant d'appeler ses partisans à manifester dans tout le pays, au risque d'entraîner des violences.

"L'opposition exige l'annulation pure et simple du scrutin en raison de l'importance des fraudes constatées et du caractère partial du scrutin", indique une déclaration commune des principaux partis d'opposition lue à la presse à Conakry. "En dépit de ses mises en garde répétées, l'opposition constate que le pouvoir et la Céni (Commission électorale nationale indépendante) persistent à publier des résultats électoraux qui ne reflètent nullement la réalité des urnes", ajoute le texte qui parle de "hold up électoral".

L'opposition affirme que par cette "fraude généralisée" et "massive", l'objectif du pouvoir du président Alpha Condé "est d'attribuer à la majorité présidentielle une victoire indue".

L'opposition "n'exclut pas de recourir à toute forme légale de protestation, y compris des manifestations sur toute l'étendue du territoire" et "invite ses sympathisants à rester mobilisés et à se tenir prêts" dans l'attente d'un "mot d'ordre de manifestation dans les prochains jours".

Les manifestations de l'opposition en Guinée tournent régulièrement au bain de sang: depuis le début de l'année, une cinquantaine de personnes ont été tuées et des centaines blessées pendant des marches à Conakry pour exiger des législatives "libres et transparentes". Et, quelques jours avant les législatives, au moins une personne avait été tuée et 70 blessées au cours de heurts entre militants de l'opposition et du pouvoir.

Pendant une conférence de presse commune ayant suivi la lecture de leur déclaration, les principaux leaders de l'opposition, Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Lansana Kouyaté ont détaillé les fraudes dont ils accusent le pouvoir.

"C'est un vol général", a affirmé M. Kouyaté, parlant de "bureaux de vote fictifs, de bourrage d'urnes", du manque "d'encre, d'enveloppes, de procès-verbaux (PV)". "Il y a eu ingérence de membres de l'administration, des menaces et intimidations sur les fonctionnaires, des falsifications de PV et on a vu ça presque partout, a-t-il ajouté.

Il a également dénoncé des "votes multiples", des "votes de mineurs", et affirmé que "les observateurs internationaux ont des preuves, des photos".

Sidya Touré a cité l'exemple "de listes d'émargement utilisées par une vendeuse de marché pour emballer ses produits" et affirmé qu'en Basse-Guinée (ouest) qui inclut Conakry, "les listes d'émargement n'avaient rien a voir avec les vraies listes".

Une priorité, maintenir le calme

Cellou Dalein Diallo a cependant affirmé que "la porte" du dialogue avec le médiateur international pour le dialogue inter-guinéen, Saïd Djinnit, "n'est pas fermée".

Interrogé par l'AFP, Alexander Laskaris, ambassadeur des Etats-Unis à Conakry, a assuré que ces "allégations seront vérifiées pour voir si ces irrégularités et fraudes peuvent affecter le résultat" des législatives.

"Mais la priorité est de maintenir le calme et le dialogue", a-t-il ajouté.

Les Guinéens "ont exprimé dans le calme leur volonté de mettre fin à la transition" malgré d'"importantes carences organisationnelles", avait déclaré lundi à la presse la Mission des observateurs de l'Union européenne (UE).

Les résultats complets n'ont toujours pas été annoncé six jours après le scrutin, mais ceux donnés au compte-gouttes par la Céni apparaissent favorables dans leur majorité au parti présidentiel, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG).

Les législatives en Guinée, les premières depuis 2002, auraient dû se tenir dans les six mois suivant l'investiture en décembre 2010 du président Condé, premier président démocratiquement élu de Guinée, mais dont l'opposition a, à plusieurs reprises, dénoncé une dérive autoritaire.

Elles ont été repoussées à maintes reprises, tant la méfiance est grande entre le chef de l'Etat et ses opposants. Ce n'est qu'à la suite d'une laborieuse médiation du chef de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, qu'elles ont pu finalement se tenir.

La Guinée, ex-colonie française, a depuis son indépendance en 1958 une histoire marquée par les violences politiques et militaires, les coups d'Etat et la brutalité des forces de l'ordre dans la répression des opposants.

Source: AFP

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