Les Guinéennes manifestent contre les violences sexuelles

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C'est l'une des premières marches organisées en Guinée contre le viol. « Non c'est non », « Touche pas à ma soeur », « halte au viol » étaient les principaux slogans de la manifestation de ce mercredi. A l'origine de ce mouvement, une vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux et profondément choqué l'opinion publique.

Une jeune femme obligée de se dénuder par un homme qui la menace avec un couteau. Une vidéo qui a choqué l'opinion. Aujourd'hui, le collectif d'ONG réclame la justice pour toutes les victimes de viols.

« Justice pour les victimes », scandent des manifestantes. Les slogans sont nombreux, le cortège déterminé. Du port autonome de Conakry jusqu'au quartier Bolbinet, plusieurs associations ont marché contre les violences sexuelles. « Il y a eu un élément déclencheur qui est cette vidéo qui a fait le tour de Facebook, mais il ne faut pas oublier que derrière, il y a eu plusieurs cas de viol, rappelle Oumou Kalsoum qui fait partie de ce collectif d'ONG. Maintenant c'est vrai qu'elle a choqué et on s'est dit qu'il [était] peut-être temps de se lever. »

Parmi les manifestants, essentiellement des femmes mais quelques hommes sont également présents. « En tant qu'homme, je ne suis pas du tout d'accord avec cette logique quand on dit que les femmes généralement ont toujours mérité de se faire violer, explique un Guinéen. Non ! Je suis contre ces propos. »

Premier arrêt de la manifestation : le ministère de l'Action sociale. Puis direction, le ministère de la Justice où les revendications ont été lues devant le ministre Cheick Sako. « Il est désormais impossible de rester bouche cousue face aux attaques ignobles que subissent nos soeurs, nos mères et nos filles ! »

Crimes sexuels impunis

Aujourd'hui, la majorité des crimes sexuels restent impunis, estime Fatou Yansané, membre de la société civile. « Le plus grave est que lorsqu'il y a un phénomène qui se passe et que c'est la loi qui doit sévir, c'est l'imam qui se mettra devant, ou une notabilité qui va vous supplier d'accepter le pardon, dénonce-t-elle. L'impunité est devenue institutionnelle en Guinée. Même quand vous êtes en droit de demander justice et de porter plainte, c'est la société qui se lève pour vous mettre la pression pour que vous renonciez. »

Suite et fin. Le cortège s'est dirigé vers le ministère des droits de l'homme, le ministre qui s'est lui aussi engagé à lutter contre l'impunité des auteurs de viols.

« Aujourd'hui on en parle, salue Gassama Diaby au micro de RFI. Il y a quelque temps on n'en parlait pas. C'était tout à fait normal et naturel. Le fait que les langues se délient, que les indignations sont plus fortes et plus grandes est aussi un aspect positif puisque ce n'est plus quelque chose de tabou dans la société guinéenne, donc il faut continuer sur cet élan et pousser la société à l'autocritique sociale et culturelle. C'est absolument indispensable pour nous. »

Les manifestants ont déposé plusieurs revendications auprès de ministres, dont la priorité est l'ouverture de centres spécialisés pour accueillir les victimes. Par ailleurs, les 109 femmes victimes de viols lors des massacres du 28 septembre 2009  n'ont toujours pas obtenu réparation.

Source: RFI

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