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Pénurie de cash en Guinée : la Banque centrale veut lancer un système de paiement inspiré de M-Pesa

Capture d ecran 2025 11 07 164750La Guinée prépare le lancement d’un système de paiement, avec l'appui de la Banque mondiale pour réduire la dépendance au cash. Cette initiative intervient après une crise de liquidités qui a paralysé l'économie en 2024 et 2025, alors que 94% des billets émis ne reviennent jamais dans le système bancaire.

Pour éviter de futures tensions liées à la pénurie de cash comme celle observée ces derniers mois en Guinée, la Banque centrale (BCRG) a élaboré une stratégie visant à rendre l’économie moins dépendante du cash à court, moyen et long termes.

Cette stratégie a été présentée le mardi 4 novembre 2025 à la Commission du plan, des affaires financières et du contrôle budgétaire du Conseil national de la transition (CNT). Il s’agit d’un « système de paiement marchand inspiré des modèles comme M-Pesa » au Kenya, avec l’appui de la Banque mondiale, indique la BCRG dans un communiqué. Il vise à « ancrer la monnaie électronique dans les habitudes des Guinéens », lit-on.

La Guinée compte actuellement 11 établissements de monnaie électronique (EME) agréés contre 6 en 2024. La BCRG indique que 26% des adultes du pays disposent d'un compte de monnaie électronique. Ces chiffres montrent une progression du secteur, même si la pénétration reste limitée par rapport à d’autres pays du continent.

Des mesures à court et moyen termes

À court et moyen termes, la BCRG prévoit de limiter les paiements en espèces, tout en faisant la promotion des paiements digitaux auprès de la population. Dans ce sens, le gouvernement avait annoncé en août 2025 son intention de bannir le cash dans l'administration publique, demandant à toutes les administrations d'éviter son utilisation systématique dans les opérations courantes.

En juin 2025, le Premier ministre a annoncé l'arrêt des paiements en espèces à la Primature, une mesure que le gouvernement entend élargir progressivement à d'autres organismes publics. La BCRG entend également opérationnaliser le switch national pour l'interopérabilité entre opérateurs financiers. Celui-ci permettra de faciliter les transactions entre banques, établissements de monnaie électronique, institutions de microfinance, opérateurs de paiements et fintechs.

Amélioration temporaire de la crise de liquidité

Selon la Banque centrale, la crise de liquidité en espèces s'est nettement améliorée dans le pays, grâce à des livraisons accélérées de billets par fret aérien et des injections massives de liquidités. En août 2025, elle a réceptionné deux conteneurs de 20 pieds remplis de nouveaux billets, représentant plus de 1400 milliards de francs guinéens (161 millions $). Cependant, l'institution reconnaît que ces mesures sont temporaires et ne résolvent pas les causes structurelles du problème.

La crise de cash en Guinée résulte, selon la BCRG, d'une conjonction de plusieurs facteurs. Tout d'abord, une préférence marquée des populations pour le cash. L’institution a révélé que près de 94% des billets émis ne reviennent jamais dans le système bancaire, coincés entre les mains de particuliers ou dans l'économie informelle. Les retards dans la livraison des billets de banque ont aggravé la situation. La fabrication et l'acheminement de billets prenaient jusqu'à sept mois. Enfin, la réticence des gros clients à alimenter leur compte bancaire, à la suite des contrôles anti-blanchiment et du recours accru aux avis à tiers détenteurs (ATD).

La stratégie de la Banque centrale vise donc à transformer structurellement les habitudes de paiement en Guinée. Le succès de cette transition dépendra de la capacité de l'institution à restaurer la confiance dans le système bancaire, à développer une infrastructure de paiement mobile fiable et à convaincre la population d'adopter ces nouveaux outils financiers.

Chamberline Moko

Edité par M.F. Vahid

Source: Agence Ecofin

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