Sidya Touré de l'UFR: un candidat au-dessus des clivages ethniques

L’ancien Premier ministre, Sidya Touré, est considéré comme l’un des favoris à l’élection présidentielle du 27 juin prochain. Le leader de l’Union des forces républicaines (UFR) a en effet des atouts indéniables à faire valoir par rapport à certains de ses concurrents. Son passage à la Primature, dans les années 90, a été jugé globalement positif par ses compatriotes dont certains espèrent le voir revenir aux affaires pour parachever sa mission.

L'ancien Premier ministre, Sidya Touré, se présente comme le candidat au-dessus des clivages ethniques et régionalistes. Issu d'une minorité ethnique, les Diakhanké, il se définit comme l'homme du changement capable de sortir la Guinée de l'ornière. ‘Je ne suis le candidat d'aucune ethnie, ni d'aucune religion. Je suis le candidat de toutes les Guinéennes et de tous les Guinéens qui aspirent au changement et qui croient que c'est avec nous que leur avenir est garanti’, a-t-il déclaré récemment lors d'un meeting tenu à l'intérieur du pays. A 65 ans, le leader de l'Union des forces républicaines (Ufr) se présente pour la première fois à une élection présidentielle.

Economiste de formation et ancien haut fonctionnaire, Sidya Touré, père de quatre enfants, est considéré, à juste titre, comme l'un des favoris au scrutin présidentiel du 27 juin 2010. Ce brillant technocrate, qui avait fait ses preuves en Côte d'Ivoire, a été nommé Premier ministre en juillet 1996 par l'ancien président guinéen, feu le général Lansana Conté. L'ex-directeur de cabinet d'Alassane Dramane Ouattara, ancien Premier ministre ivoirien, a été appelé à la rescousse pour sauver un régime aux abois et redresser la situation économique désastreuse du pays.

Sidya Touré a démontré durant les trois années qu'il a passées à la tête du gouvernement (1996-1999) ses excellentes capacités de gestionnaire des affaires publiques, doublé d'un sens inné de patriotisme. Il lance une vaste croisade contre la corruption, la gabegie, les détournements des deniers publics, l'impunité et le laxisme érigés en règle de gouvernance. Mais cette lutte intrépide contre la mal gouvernance suscite de vives inquiétudes du président Conté et de son entourage.

La décision de Sidya Touré de réduire et de contrôler les fonds de souveraineté de la présidence de la République et les sorties injustifiées d'argent à la Banque centrale de la République de Guinée (Bcrg) où le président Conté et ses proches se servaient à satiété, aura été la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Il est limogé par le chef de l'Etat qui lui avait déjà retiré certaines de ses prérogatives dont le portefeuille des Finances. ‘Moi je ne vole pas, mais je prends’, avait déclaré le général Conté peu après le départ de Sidya Touré.

Le leader de l'Ufr jouit d'une grande popularité dans son pays notamment en basse Guinée (région de Boké et Conakry), son fief. Il tente à présent de s'implanter dans les autres régions du pays notamment en haute Guinée, en Guinée forestière et en moyenne Guinée où son parti était, jusque-là, très faiblement représenté. Et le moins que l'on puisse dire est que Sidya Touré ne manque pas d'arguments pour séduire les électeurs. Il bat campagne sur des thèmes accrocheurs comme la relance de l'économie et la création d'emplois pour résorber le chômage qui touche plus de 80 % des jeunes. Il promet de créer 500 mille emplois dans les cinq années à venir s'il est élu le 27 juin prochain.

EN REPONSE AUX ATTAQUES DE SES ADVERSAIRES : Sidya Touré défend avec fierté son bilan à la tête de la Primature

Le candidat de l'Ufg s'insurge contre les attaques répétées de ses adversaires politiques qui cherchent à ternir son image pour avoir servi dans le gouvernement du général Conté. Il défend avec fierté son bilan lorsqu'il était à la tête de la Primature. ‘Que ceux qui ne font rien et qui n'ont jamais fait quelque chose pour ce pays arrêtent d'accuser ceux qui ont déjà fait preuve de compétence dans la gestion des affaires publiques. La Guinée a besoin d'un président rassembleur qui soit capable de conduire le pays vers des lendemains meilleurs où tous les Guinéens, sans distinction aucune, seront à la fois, partie prenante et bénéficiaire’, dit-il.

Sidya Touré invite ceux qui critiquent les anciens Premiers ministres à un débat d'idées pour que les différents candidats disent avec preuve à l'appui, ce qu'ils ont fait pour la Guinée et les Guinéens. ‘Ne peut avoir les mains propres ou sales que celui qui a lavé les ustensiles. Mais celui qui n’a jamais lavé les ustensiles, il les cassera’, avait-il déclaré dans l'émission Face au public, de la Radio télévision guinéenne (Rtg) dont il était invité.

Ses atouts : Sidya Touré a des atouts indéniables pour convaincre les électeurs. Il est réputé être un bon gestionnaire et une excellente carte de visite pour les investisseurs étrangers qui lorgnent les immenses richesses du sous-sol guinéen. Ses compatriotes se souviennent encore de son bilan qualifié de ‘positif’ lorsqu'il était Premier ministre. Il avait réussi à rétablir l'eau et l'électricité à Conakry six mois seulement après sa nomination. Il avait également assaini la fonction publique en débusquant des milliers de fonctionnaires fantômes qui percevaient indûment des salaires à la fin de chaque mois sur le dos du contribuable.

Les Guinéens admirent, par ailleurs, son courage pour avoir lancé un vaste plan d'assainissement des finances publiques, de lutte contre la corruption, les détournements des deniers publics et tenté de stabiliser le Franc guinéen (Fg) par rapport aux autres monnaies durant les trois ans qu'il avait passés à la tête du gouvernement. Sidya Touré peut aussi s'enorgueillir d'avoir permis à la Guinée de renouer le fil du dialogue avec les partenaires au développement et les investisseurs étrangers. Ses succès en matière de bonne gouvernance et de lutte contre la pauvreté avaient aussi été salués par ses compatriotes qui n'hésitent pas à parler de ‘miracle Sidya’. Ses sources de financement proviennent de sa fortune personnelle et des cotisations des militants.

Ses faiblesses : Son appartenance à une minorité ethnique, les Diakhanké, peut constituer un vrai handicap pour la course à la présidence. Son parti a enregistré une véritable hémorragie au cours de ces dernières années avec le départ de certains barons dont l'ancien ministre des Finances, Ousmane Kaba, également candidat à l'élection présidentielle du 27 juin prochain. L'UFR est, en outre, très faiblement implanté dans le pays.

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