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Transition en Guinée: Konaté peut t-il briser les velléités de résistance de ses collègues?

Les revendications des FVG, initialement récusées par l’impopulaire Junte au pouvoir en Guinée, ont été finalement admises par celle-ci, dans un accord de sortie de crise, signé à Ouaga le vendredi 15 Janvier 2010, sous les auspices du président Blaise Compaoré.

Cet accord qui fait suite à la profession de foi du Général Sékouba Konate, ouvre la perspective d’une nouvelle trajectoire pour la démocratie en Guinée et traduit le triomphe de la volonté des FVG. Cet accord permet aussi de fonder l’espoir sur la nouvelle figure de proue du CNDD, d’autant plus que pour arriver vers le dénouement mené d’une main de maitre, il a fallu attendre un changement de tête à la direction de cette institution.

Et, l’homme qui assure l’intérim à la tête de la Junte, est selon toute vraisemblance, décidé à ne point marcher dans le sillage de son prédécesseur, le capitaine Moussa Dadis Camara, en convalescence au Burkina. Lui, il était en train de plonger le pays dans une autre dictature, quand le sort a joué en sa défaveur. Ses Heures au sommet de la junte, ont été caractérisées par la succession de 2 périodes très contrastées. L’une, faite d’un long et risible épisode de théâtralisme politique et d’élucubrations télévisuels. Et l’autre, quant à elle courte et tragique, constitué par une répression sanglante au cours de laquelle, des dizaines de femmes ont été violées et des centaines de citoyens (hommes femmes et enfants) truffés de balles et dont les corps affreusement mutilés, doivent encore gésir dans des fosses communes, quelque part sur le territoire Guinéen.

Et comme pour confirmer ce qui se dit dans l’idiome de Shakespeare, « what goes around comes around » (en entendre à peu près que –l’on récolte ce que l’on sème ou encore, le mal infligé sera subi en retour), les lendemains de la tragédie criminelle du 28 Septembre, se révèleront assez vite fatals pour Dadis Camara. En effet, à la suite de ce crime d’envergure, il s’installe chez lui et ses camarades victimaires, une crise d'anxiété, mêlée d’un sentiment de panique et certes de culpabilité mais aussi et surtout de peur du sort ou des poursuites encourus. Cette situation finit, fondamentalement, par créer une atmosphère de suspicion mutuelle, entre lui (Dadis) et son Aide de camps (Toumba Diakite). La crise de confiance s’avérera être le signe avant-coureur de l’attentat auquel Dadis doit l’Etat d’impotence dans lequel il se trouve aujourd’hui et dont il ne se remettra, probablement, jamais complètement.

En prenant la relève avec la bénédiction de la CI, Sékouba sait que l’heure n’est ni à la clownerie politique, ni à la terreur d’état, mais au contraire, bien au deuil, à l’apaisement, à la transition et à la réparation des crimes, tords et autres préjudice subis par le peuple. Car ce sont là les préalables nécessaires à la réconciliation et à la reconstruction de cette nation éprouvée par tant de répressions politiques. Certes, l’homme qui se trouve aujourd’hui à la tête du NDD, n’est pas le plus intelligent de la planète. Mais il est très serein, peu volubile et certainement moins manipulable que son prédécesseur, qui selon certains, est « honnête », mais, naïf et impulsif, malléable et taillable à souhait.

A Ouaga, Sékouba a montré qu’il veut remettre le pays dans le droit chemin en s’opposant aux sombres velléités de ses collègues « manipulés » comme il le dira lui même. Cette noble initiative qui ne l’absoudra pas de sa responsabilité morale dans la tragédie criminelle du 28 septembre, participera surement à redorer son blason, terni par son silence complice et coupable, devant l’hécatombe provoquée par l’institution criminogène dont il ne s’est point désolidarisé. Pourvu seulement qu’il ne soit, lui aussi, en train de jouer à la comédie politique. Mais pour le moment, Sékouba montre sa bonne volonté. Il reste à savoir si cette volonté résistera à l’épreuve de la dure réalité. Lorsque l’homme investi de la confiance de la CI, devra véritablement faire face au noyau radical du CNDD constitué des paumés de la trempe de :

-Moussa Keita : l’un des victimaires du 28 septembre, qui aime arrogamment se complaire dans des discours accusatoires en érigeant en coupables, les vraies victimes de la tragédie du 28 septembre.

-Idrissa Cherif, sympathisant des rebelles, véritable fossoyeur de la démocratie en Guinée, l’inspiré mythomane et spécialiste des affabulations d’Etat. L’homme qui nous abreuve de dégouts par l’étalement de son mépris pour les suppliciés du 28 septembre, et qui ose pousser son cynisme jusqu'à crier à la conspiration internationale.

-Pivi Coplan le redoutable chasseur de primes, tueur à gage, le terroristes et bourreau en amulettes, qui voue une allégeance presqu’aveugle à son frère d’armes et « proche cousin » Dadis Camara.

-Alexandre Cécé Loua, Siba Lolamou, Papa Koly et consorts… les pyromanes aux cerveaux tordus, qui sont décidés à assouvir des désirs sectaires même au prix du brasier de la guerre civile.

Cette minorité de soldaillons qui représentent une constellation d’intérêts égoïstes, plus ou mois disparates et arrimée aux endoctrinements ethniques et régionalistes voudra surement faucher le nouvel élan de la démocratie en Guinée. Visiblement, elle tient encore à s’accrocher à ses privilèges confisqués contre la volonté de la majorité et elle n’hésiterait à hypothéquer l’avenir du pays pour cela. Tout ceci est pour dire que la démocratie est toujours hors de portée et le chemin qui y qui mène, est encore long, sinueux et surtout jonché d’obstacles de diverses sortes.

Toutefois, il est bien possible d’y effectuer un périple rapide et prudent, sans aucun incident ou accident de parcours. Il faut pour cela :

-des intellectuels honnêtes, sérieux, conscients et circonspects pour déblayer la trajectoire de cette démocratie et

-la neutralisation politique de l’axe de la terreur constitué des crânes brulés ci-haut cités. Quoi qu’il en soit, pour la bonne réussite de la prochaine transition, il faut impérativement que le CNDD s’éclipse de la scène politique. A cause de certains de ses membres qui ne sont plus en odeur de sainteté au pays. Ce, pour avoir en majorité, soit commandité ou trempé dans la tragédie criminelle du 28 Septembre.

Sekouba peut bien œuvrer dans ce sens. Mais tout porte à croire que sa tache ne sera pas facile. Il n’est pas bien portant. A en juger par ce visage œdémateux qui est le reflet d’une santé précaire. Mais en tout état de cause, il devra réussir ce pari ou alors démissionner. La communauté internationale veillant au grain, il ne devrait sous aucun prétexte, dévier du chemin tracé à Ouaga, au risque de se voir désavoué. La balle est désormais dans son camp.

Bien à tous et à toutes.

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