Un vaste réseau d'immigration clandestine démantelé entre Limoges et la Guinée

Des membres d'une filière clandestine guinéenne ont été interpellés, le 17 juin, par l'Office de lutte contre le trafic illicite de migrants de Limoges (OLTIM) et celui de Bordeaux. Ils utilisaient une méthode éprouvée moyennant des sommes de 5 000 à 8 000 euros.

Un nouveau réseau de clandestins démantelé à Limoges. Selon un communiqué de presse publié ce lundi 23 juin par la police de la Haute-Vienne, dix personnes ont été mises en garde à vue à Limoges, Bordeaux et Périgueux par l'OLTIM (l'Office de lutte contre le trafic illicite de migrants de Limoges). Quatre autres individus sont entendus sous le régime de l'audition de mis en cause libre. 

L'enquête débute en janvier 2025, à l'aéroport de Bordeaux Mérignac. Des gardes-frontières contrôlent les passeports de deux ressortissants guinéens et remarquent des incohérences : les photographies apposées sur les titres de séjours français et les passeports guinéens présentés en contrôle ne correspondent pas parfaitement aux deux individus face à eux. Or les documents n’étaient ni signalés perdus, ni signalés volés.

Méthode du "look alike"

Dans le même temps, des agents remarquent que les numéros des billets d’avion des deux individus se suivent et qu’ils avaient été achetés en même temps qu’un troisième billet par un même individu, le probable passeur, présent sur le vol.

Une enquête préliminaire est alors ouverte par l'OLTIM de la Gironde sous l'égide du tribunal judiciaire de Bordeaux. Les investigations révèlent que l'homme identifié comme le passeur effectuait de nombreux allers-retours entre Conakry et Mérignac via Casablanca. Dans cet aéroport, plusieurs Guinéens tentant d’embarquer vers la France avec la méthode du "look alike" [NDLR : ressembler à] ont été interpellés. Le passeur est également formellement identifié par les autorités et les recherches établissent un lieu de résidence à Limoges.

" Ce sont des migrants qui profitent de ressembler à des personnes en séjour régulier sur le sol français pour essayer de duper les gardes-frontières. Ils leur ressemblent vaguement. C'est un délit" - Commandant Marcillaud OLTIM de Limoges

Vaste réseau au départ de l'aéroport de Bordeaux

Au fil de leurs recherches, les enquêteurs découvrent un vaste réseau entre Limoges, Bordeaux et Périgueux, dans lequel s'organise l’arrivée de clandestins sur le sol national par l’aéroport de la capitale girondine. Plusieurs opérations se mettent en place dans la région : interceptions judiciaires, filatures et surveillances. "Ce n'est pas un réseau de trafic d'êtres humains, rassure le commandant Marcillaud. C'est une filière classique pour rentrer sur le sol national. Mais il y a un marché important."

Cette filière, implantée dans la communauté guinéenne "louait des documents authentiques à des compatriotes en séjour régulier, afin de faire entrer des sans-papiers sur le territoire national selon le mode opératoire du "look alike", moyennant des sommes allant de 5 000 à 8 000 euros", précise le communiqué de presse.

Parmi les personnes interpellées, l'organisateur du réseau reconnaît l'intégralité des faits, ainsi que certains de ses complices. À l'issue de la garde à vue, les membres de cette filière ont été convoqués devant le tribunal judiciaire de Bordeaux à l'automne pour répondre de leurs actes commis en bande organisée. Les faits sont passibles de dix ans d'emprisonnement.

Écrit par Sarah Boana et François Clapeau

Source: franceinfo