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Waymark, ingérence et malhonnêteté

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Dans un article sur Waymark publié sur Guinéenews en août 2012, et remis en ligne le 12 mars dernier, il est indiqué que cette société a été radiée des firmes « fiables » de l'ONU, accusée d'avoir favorisé la fraude électorale en Afrique (Tanzanie en 2005, Bénin en 2008, RDC en 2011 et Cameroun en 2012 notamment).

Il était également évoqué le fait que les entreprises d'aujourd'hui possèdent toutes un site web digne de ce nom, mais que l'entreprise Waymark ne possède pas une page très fonctionnelle, d'ailleurs parfois difficilement accessible (http://www.waymarkit.com/).

Enfin l'article précisait que l'entreprise avait été radiée de la liste du « Pacte Mondial» des Nations unies en septembre 2008 ‒ cadre institutionnel mis en place en association avec le secteur privé, pour lutter contre la mauvaise gouvernance ‒, pour avoir manqué de transparence dans la communication de ses activités.

Ingérence et confusion

Dans un autre article, intitulé maladroitement « droit de réponse de Jemap à l’article de Guinéenews », puisqu'un droit de réponse ne concerne que l'entreprise Waymark, un thuriféraire du régime d'Alpha Condé – en l'occurrence Moustapha Naïté, coordinateur de la Jeunesse pour la majorité présidentielle (Jemap) ‒ se croit obligé de justifier le choix de l'entreprise Waymark par le gouvernement.

Il rappelle que Waymark « est suffisamment grand pour se défendre tout seul ». On se demande donc pourquoi, il se substitue à elle, d'autant que ses explications sont on ne peut plus vaseuses, et même intellectuellement malhonnêtes.

En effet, Moustapha Naïté, PDG d'une entreprise privée, mais en même temps Directeur général du patrimoine bâti public (confusion des genres rigoureusement interdite et scandaleuse dans les pays occidentaux, car on ne peut défendre les intérêts de l'État, et en même temps ceux de son entreprise personnelle, pour conflit d'intérêts potentiel), mais aussi président du Fojeg et coordinateur du Jemap – a t-il d'autres casquettes ? ‒ confirme bien l'exclusion de Waymark, « pour n’avoir pas rempli son obligation de rendre compte de ses performances » à l'initiative éthique du Pnud.

On se demande donc à quel titre il intervient (commissionné de Waymark ?), et quel est le rapport entre ses compétences supposées, et le domaine électoral.

Il précise cependant qu'adhérer à cette liste du Pnud n'est pas obligatoire (évidemment lorsqu'on ne respecte pas les conditions !!!), et que cela n'empêche pas Waymark de postuler aux opérations électorales. On se demande quelle est l'utilité de cette liste, si en faire partie ou non, n'est pas important.

Moustapha Naïté s'étonne ensuite de la « rediffusion insolite d’une enquête périmée », ignorant que la péremption signifierait que Waymark a été rétablie sur cette liste, ce qui n'est nullement le cas.

Enfin, il déçoit définitivement en reprenant à son compte le délire propre aux RPGistes, à savoir justifier ses propres turpitudes, par les comportements de ses prédécesseurs. Les ex PM ont fait n'importe quoi, c'est à notre tour... (tiens, tiens !!!) de profiter. Il évoque en effet « la condamnation au Nigeria de Sagem [l'ancien opérateur électoral que Waymark a remplacé] en septembre 2012, pour corruption active d'agents nigérians entre 2000 et 2003 avec le versement de pots-de-vin ».

Il suggère à Guinéenews de faire une enquête sur cette dernière affaire, dont on ne voit pas l'intérêt, puisque l'affaire a été jugée, et n’est pas contestée.

Malhonnêteté intellectuelle

Vouloir faire la morale en dénigrant une entreprise – Sagem ‒ choisie en Guinée en avril 2008 mais condamnée au Nigeria en septembre 2012, bien après l'implication de Waymark en Guinée en 2011 est malhonnête.

D'autre part, la transparence de ce régime, aussi bien dans les affaires Palladino (25 millions de $), les montants contradictoires versés effectivement pour le contrat avec Waymark (entre 4 et 15 millions selon les sources et/ou déclarations), mais également les prêts parallèles de l'Angola (150 millions), du Congo (50 millions), de la CIF (150 millions), de Rio Tinto (700 millions) ... ne militent pas pour une transparence telle, qu'elle devrait nous faire oublier les périodes précédentes. Je rappelle que ces sommes n'ont pas été budgétées, et même le CNT en ignore la destination.

Un régime qui ne met pas ses citoyens au travail (les fonctionnaires par exemple, qu'il augmente d'ailleurs sans contrepartie), mais qui pleure pour des investissements étrangers (en vue de prendre des commissions ?), n'est pas fondé à exiger des autres, le contraire de ce qu'il fait lui-même.

Mais surtout, le problème de Waymark n'est pas tant la moralité de l'entreprise (si c'était un critère, ça se saurait), que la possibilité de pouvoir frauder aux élections. Quand bien même Sagem aurait une moralité douteuse, c'est la garantie technique d'inviolabilité qui est intéressante. Et si l'opposition s'accroche à cette société-là, plutôt qu'à une nouvelle, c'est pour deux raisons :

le montant des investissements est déjà payé ; il n'y aurait donc pas de coût supplémentaire, au contraire d'un nouvel appel d'offres.

une liste électorale existe déjà, il suffirait simplement de la compléter, ce qui serait plus aisé, que de récupérer les données de Sagem pour les implémenter sous Waymark ; cela impliquerait en outre une procédure accélérée.

Conclusion

On a du mal à comprendre la sortie publique de Moustapha Naïté, déjà coupable d'incompatibilité entre sa fonction privée et la haute fonction publique, et sur des viols potentiels à l'occasion de la répression de mars, et sur les opérations électorales. D'autant que ses conclusions sont tout aussi scandaleuses que son statut, dès lors qu'il n'évoque pas l'essentiel, à savoir les problèmes techniques de l'opérateur, à vrai dire les seules raisons essentielles, qui ne militent pas en faveur de l'entreprise Waymark.

Faire des affaires c'est bien, cela n'empêche pas de faire de la politique en tant que citoyen, mais le mélange des genres n'est pas admissible. Si en outre, comme l'accusation le laisse entendre, il est l'un des instigateurs des violences du début de ce mois, son avenir s'écrit désormais en pointillé...

Gandhi Citoyen guinéen

« Dans tout État libre, chaque citoyen est une sentinelle de la liberté qui doit crier, au moindre bruit, à la moindre apparence du danger qui la menace ». (Robespierre, Discours sur la liberté de la presse, mai 1791).

Haroun Gandhi Barry

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