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Assainissement financier, grands travaux, redécollage du pays : La Guinée, selon Alpha Condé

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“Je n’ai hérité que d’un pays, pas d’un Etat », aime à le répéter Alpha Condé, Président de la République de Guinée. Il n’a pas tout faux. Sous Sékou Touré, la Guinée a été un Etat-policier. Sous Lansana Conté, ce fut le non-Etat. Pour le citoyen guinéen donc, l’Etat ne représente pas grand-chose. « Ils n’ont jamais été là pour nous, soit ils nous opprimaient, soit ils se servaient eux-mêmes.

L’Etat c’était eux et pour eux », stigmatise les dirigeants Kameleba Sory, commerçant au quartier administratif de Kaloum. « Il fallait dans l’urgence changer les choses, restaurer l’autorité de l’Etat notamment », admet Ibrahim Kalil Kaba, rentré des Etats-Unis pour être Chef de Cabinet d’Alpha Condé. L’Etat s’est donc appauvri au détriment de certains citoyens, des pontes du régime Conté. Pour faire simple, l’Etat s’est affaibli.

Assainissement des finances de l’Etat

Il fallait donc une impérieuse reprise en main de l’Etat, restaurer son autorité, autant dans ses prérogatives que dans ses devoirs. C’est ce que le régime Condé s’est attelé à faire dès ses premiers mois. Il s’est agi d’assainir les finances de l’Etat en combattant la gabegie, la corruption, en revoyant le système de passation des marchés publics et en inscrivant le paiement des impôts et des taxes douanières dans les habitudes des citoyens. Du coup, les recettes des deux principales régies financières (Douanes et impôts) ont doublé, sinon plus. Il fallait en outre maitriser les dépenses de l’Etat et amorcer la réforme de l’administration. Plusieurs milliers de fonctionnaires et d’élèves ou étudiants boursiers fictifs ont été débusqués. Bien sûr, cela fait des mécontents. Dans l’élite et la classe moyenne. Comme en Côte d’Ivoire, on regrette que « l’argent ne circule pas ». Sans doute. L’Etat a repris la main.

La corruption recule, l’argent facile n’est plus disponible. Des habitudes de quelques décennies sont bousculées. Mais l’Etat croit que tout va finir par s’arranger. « Les gens vont finir par s’y faire et se faire de l’argent normalement », tempère un haut fonctionnaire du ministère délégué au Budget. Pour l’instant, ce ministère savoure son relatif succès. L’Etat rééquilibre ses comptes, il engrange plus d’argent, recouvre de nouveaux fonds, ses dépenses sont maitrisées. Son budget est à la hausse et équilibré. Le taux de croissance négatif à l’arrivée du Président Condé est aujourd’hui positif. Il flirte avec les 4%. Des efforts de gouvernance reconnus à leur juste valeur par les Institutions de Bretton Woods puisque la Guinée a obtenu le point d’achèvement de l’initiative PPTE. La dette extérieure réduite, la confiance des bailleurs de fonds revenant progressivement, l’Etat entre autre commence à investir dans des projets de travaux publics.

Une priorité d’autant que les infrastructures de transports déficientes et mal entretenues entravent énormément les activités de production, de commercialisation, de développement économique et social. Pour l’Etat, il s’agit de renforcer les capacités d’entretien du réseau routier afin de sauvegarder les investissements réalisés, réhabiliter les routes nationales revêtues dégradées, construire et bitumer les routes nationales, améliorer les conditions de circulation dans Conakry et les capitales régionales (le Président compte instituer les fêtes d’indépendance tournantes pour booster le développement des régions) etc. Et tout cela à très court (courant 2013), à court (2013-2015) et moyen terme (au-delà de 2015). Des chantiers trouvés en souffrance ont été achevés, des projets ont été entrepris et achevés, certains sont en voie de l’être et d’autres sont à l’étude (voir tableau).

Les grands travaux guinéens

Sur le terrain à Conakry notamment, les réalisations sont effectivement visibles : de nouvelles voies, de nouveaux échangeurs, des passerelles, etc. Tout comme l’extension du Port de Conakry sur lequel des ouvriers travaillent nuit et jour. Et aussi d’autres bâtiments administratifs que l’Etat a entrepris de réhabiliter (le Palais Présidentiel) ou de construire pour être plus opérationnel. A ce niveau d’ailleurs, l’Etat n’est pas le seul entrepreneur. Signe du retour de la confiance, de nombreux chantiers d’immeubles sont effectifs à Conakry, en l’occurrence au quartier Matoto où deux immeubles de 25 étages chacun sont en train de sortir de terre. Et également de deux hôtels cinq étoiles dans les quartiers de Camayenne et de Kaloum. C’est dire que la Guinée commence à faire rêver les investisseurs. On les voit d’ailleurs assez nombreux dans le hall des grands hôtels. Signe des temps, de nombreux Ivoiriens ont même entrepris de venir en Guinée faire des affaires. La Guinée devient donc une destination. Elle est même devenue très fréquentable et est présente sur la scène internationale. Le Président Condé est même sollicité comme médiateur dans certaine crise comme la Guinée-Bissau.

La diplomatie guinéenne renaît de ces cendres. Samedi, plusieurs intellectuels africains se sont donné rendez-vous à Conakry pour fêter le cinquantenaire de l’Union Africaine (UA). Ahmed Sekou Touré, premier Président de Guinée, en est l’un de ses membres fondateurs. Diallo Telli, fils de Guinée, en est le premier Secrétaire général. Condé rêve aussi de ces moments de gloire pour son pays. Et cela est possible. Son pays est sur une bonne pente. Il est cependant certain qu’il ne le restera pas longtemps sans électricité et sans eau. Parce que c’est un vrai souci à Conakry. L’eau et l’électricité sont distribuées parcimonieusement et quartier par quartier. Une situation dont a heureusement conscience le régime Condé. Selon Mohamed Diaré, ministre délégué au Budget, 17% du budget de l’Etat sont consacrés à l’Energie. L’Etat a en effet entrepris d’investir dans le thermique et l’Hydraulique.

La problématique de l’Eau et de l’Electricité

Il a acheté récemment 100Mw qui devrait réduire fortement le délestage dans la capitale. Nous avons constaté la présence de ces groupes électrogènes géants dans les quartiers de Matoto et de Kaloum.

Leur mise en service ne serait que question de semaines. Mais cela ne saurait suffire. C’est pourquoi, avec les chinois, le Gouvernement est en train de construire un grand barrage dans la ville de Kaleta. Et entrevoit aussi 4 micro-barrages dans différentes régions du pays. Pour l’Eau, Mamadou Diallo, Coordinateur général de la Société des Eaux de Guinée (SEG) assure que cela ne saurait tarder. « Depuis l’arrivée du Président Condé, des projets ont été achevés, certains sont en cours, d’autres sont en attentes, nous sommes sur la bonne voie », est-il certain. Le réseau de distribution a été effectivement réhabilité et des stations de traitement d’eau modernisé. Mais le clou de tous ces travaux qui devraient faciliter la vie à Conakry est le 4ème projet Eau. Il devrait accroitre la capacité en Eau de Conakry de 340 000 m3. En province, l’Etat a misé sur un ambitieux programme d’hydraulique villageoise. Près de 2500 forages ont été soit réhabilités soit construits. L’Etat a vraiment sorti le grand jeu pour l’Energie avec un programme d’urgence de réhabilitation. Malheureusement, les citoyens tardent à en ressentir les effets. C’est dire que l’Etat doit faire diligence en la matière. Au risque d’anéantir tous ses efforts. Mais il n’y pas que l’Eau et l’Electricité qui pourraient être les mauvais génies de Alpha Condé. Il y a la Politique.

Depuis quelques mois, la situation est tendue dans la perspective des législatives. L’opposition conteste la date du 30 juin choisie « unilatéralement » par le Gouvernement, la liste électorale, l’opérateur de saisie, etc. Une marche de protestation a fait six morts. Le pouvoir crie à la mauvaise foi des opposants et à la manipulation de jeunes gens. A leur demande, la communauté internationale a choisi un facilitateur. Saïd Djinnit réside à Conakry depuis plusieurs semaines. Les compromis sont minces. Condé a cependant donné un signe d’apaisement à l’opposition samedi. « A l’ occasion du 50ème anniversaire de l’Union africaine (UA) et afin de célébrer les valeurs fondamentales de réconciliation et d’unité, le Président Alpha Condé a demandé à monsieur le Ministre d’Etat chargé de la Justice de libérer les personnes détenues lors de la marche de l’opposition. La grâce accordée s’inscrit dans la politique de pardon, d’apaisement et de rassemblement prônée par le Gouvernement et la Société civile. La journée du Lundi 20 mai 2013 sera consacrée à une concertation entre le facilitateur, la CENI, les partis politiques et les experts afin que tout le monde soit situé sur les dispositions prises pour la transparence et la sécurisation du processus électoral », peut-on lire dans le communiqué du Porte-parole du Gouvernement. Le Gouvernement maintient néanmoins la date du 30 juin. L’opposition entend boycotter le scrutin. Cela promet des lendemains difficiles. De quoi enrhumer toutes les reformes du Président Condé. Moins de raideur chez chacun des ces acteurs politiques serait salutaire cette Guinée en redécollage certain.

KIGBAFORY Inza, Envoyé spécial à Conakry

Source: Abidjan.net

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